33 : Plus zombifié qu'un zombie

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¤ Bad Wolves – Zombie, Remix ¤

Je ne savais toujours pas où j'en étais. J'étais complètement à la ramasse. Et encore...

Oui, Ophélie m'avait grandement aidé. Grâce à elle, bien que difficilement, je m'étais avoué avoir aimé ce baiser. Ces baisers en fait. Ce n'était pas le premier que l'on échangeait. Pourtant, ceux qu'on avait échangé durant la soirée avait été... bandants, littéralement.

Rien que d'y penser, j'en avais encore des sueurs froides.

Mon foutu meilleur ami, bon sang ! Celui que je côtoyais depuis la naissance. Je le connaissais par cœur et je pouvais être sûr qu'à cet instant, alors que je vagabondais dans les rues de notre ville jusqu'à notre appart', il écoutait mes musiques pour essayer d'échapper à ses pensées. Les mêmes que les miennes.

Moi aussi, j'aimerais pouvoir m'en débarrasser aussi facilement. Lui, il lui suffisait seulement qu'il écoute mes musiques et s'allonge en fermant les yeux pour qu'il ne pense plus à rien. Je le savais, je l'avais déjà vu à l'œuvre. Si je m'osais à faire ça, j'étais sûr de finir plus en colère qu'au départ et si j'écoutais ma musique, avec le tempo rapide et puissant, ça risquait de ne faire qu'alimenter ma rage.

J'arrivai finalement au bas de notre immeuble. Soupirant lourdement, comme si toute la peine du monde s'abattait sur mes épaules, j'entrai finalement dans le bâtiment, le cœur battant à tout rompre. J'avais l'impression que mon cœur pouvait s'enfuir dans la seconde et courir sur ses petites pattes jusqu'à je ne sais où. En tout cas, très loin de cet endroit où j'étais sûr de croiser mon meilleur ami.

Je ne pris même pas l'ascenseur. Il m'amènerait bien trop rapidement devant la porte de mon appartement.

Oui, j'étais une poule mouillée. J'avais peur jusqu'à me ronger les ongles – à vrai dire, je les avais tellement rongés que je ne pouvais plus en ronger un seul – et j'étais à peu près sûr qu'il ne voulait absolument pas me voir.

Je vais faire comment moi, pour dormir ?

En entrant dans l'appart', je fus surpris du remue-ménage. Il y avait de la farine partout et des fou-furieux courant de partout. Abaissant mon casque de musique laissant échapper ma musique à un trop fort volume, les cris se firent de suite entendre. Entre les rires, les cris et les injures, il y avait de quoi rameuter la police.

- Lucas !, m'interpella Demon.

Ne portant qu'un short, son torse était tâché de farine et de ce que je devinais comme étant... un œuf ?

Oh bon sang...

- Fallait te baptiser, m'en veux pas.

Et sans que je ne comprenne grand-chose, il fracassa un œuf sur mon crâne, bousillant mes cheveux.

- Demon ! Mes cheveux !

- Oups ?

Détalant comme un lapin – je crus discerner un tâche blanche sur ses fesses – il fut vite rattraper par Terminator qui lui abattit son stock de farine sur la figure. Ne s'y attendant, Demon glissa sur ce qui semblait être là aussi de l'œuf et s'effondra aux pieds de Hulk qui rit à gorge déployée. Il semblait en grande forme, lui.

Bon, pas tant que ça. Son teint était un peu pâle, il avait des cernes aussi longues que la route 66 et la fatigue tirait ses traits. Un peu comme moi, en fait. Mais malgré cela, il était comme un enfant. Il avait un mélange blanc et visqueux sur les cheveux – sûrement un mélange d'œufs et de farine – de la farine plein le corps, plus amusé qu'il ne l'a jamais été depuis un long moment maintenant. Ses tatouages étaient devenus gris à cause de la farine et un immense sourire déformait ses traits. Il semblait... fatigué mais apaisé. J'en fus jaloux.

Il dût se sentir observer. A vrai dire, je ne savais pas depuis combien de temps je le fixai, figé sur le pas de la porte, de l'œuf dégoulinant de mes cheveux. Tournant la tête dans ma direction, son sourire disparut aussi vite qu'il était apparu. Et j'en eus un mal de chien. C'était à cause de moi qu'il perdait le sourire. A cause de moi qu'il avait une tête de cadavre. A cause de moi qu'on s'était éloignés au point de ne même plus se regarder dans les yeux.

Mes épaules s'affaissèrent en même temps que je baissai les yeux sur mes chaussures. Sans même accorder la moindre importance à quiconque dans cet appartement bruyant, je m'avançai vers Zea et le dépassai pour rejoindre ma chambre. Notre chambre en fait.

- Attends.

Attrapant mon bras, il me coupa le passage et sans que je n'ai le temps de me demander ce qu'il voulait, il continua :

- Je sais que c'est tendu en ce moment entre nous et je te jure que ça me tue. Mais juste pour aujourd'hui, oublions ce qui s'est passé et amusons-nous comme on le faisait avant... tout ce merdier.

Savoir que cette distance entre nous le rongeait tout autant que moi me réconforta dans ma douleur. C'était égoïste mais je ne voulais pas être le seul à ressentir ce nœud qui me déchirait les tripes.

- Ça me va, souris-je à nouveau.

Sans attendre, j'attrapai une poignée de farine dans le sac que tenait Zea et l'écrasai contre ses cheveux. Comme si j'écrasais tous mes doutes, toutes mes pensées et tous mes frissons.

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant