60 : De la menthe à l'eau, j'te jure !

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Les basses m'animaient, m'entraînaient dans un autre monde. Je me déchaînais, m'abreuvais d'un poison sucré qui me donnait l'impression de planer. La sueur me collait à la peau, mes pensées battait le rythme au son de la batterie. Je me laissais entraîner dans un puis sans fond, me laissais tomber jusqu'à m'arrêter brutalement. Mais l'arrivée n'avait pas sonné et je profitai d'un temps de répit.

Je n'étais qu'une ombre parmi d'autre et je me mêlai à elles comme si je n'avais plus aucun boulet au pied qui m'enchaînait à la réalité trop dure à affronter. Alors je sautillai et profitai du leste que ma chaîne m'offrait parce que c'était tout ce que j'avais. C'était ma pause au milieu de ce labyrinthe, là où les épines se faisaient longues et pointues mais si fines que c'était comme si elles n'avaient jamais existé. Je ne les sentais plus et faisais comme si elles ne m'agrippaient pas la peau pour me la déchiqueter à la moindre secousse. J'étais envahi par le son puissant des basses qui me torturait assez pour me faire même oublier mes pensées. C'était ce que je voulais : oublier mes problèmes, noyer mes remords dans le poison de l'alcool et faire « comme si ».

Tout semblait anesthésier et plus rien ne semblait pouvoir m'atteindre. J'avais l'impression de flotter au-dessus de mes problèmes qui s'agitaient sous moi pour me reprendre entre leurs bras épineux. J'avais l'impression d'être hors du temps, hors des emmerdes jusqu'à ne plus être capable de m'en souvenir.

Bouteille de Get27 à la main, la menthe me rafraîchit la bouche et me réchauffe la gorge et sembla aussi ramener un peu de chaleur entre mes tripes. J'en avais désespérément besoin pour combler le vide que me causait une absence.

Quelle absence ? Je n'en savais plus rien, l'alcool me permettant d'oublier jusqu'à mon prénom. Les stroboscopes me piquaient les yeux, les remous de la foule me bousculaient en tout sens et je me sentirais presque malade mais j'en avais plus rien à foutre. Je riais. Je buvais. J'oubliais. Je m'oubliais. Je les oubliais. J'étais une épave, un putain de pantin entre les mains malveillantes de l'alcool mais j'en avais plus rien à foutre.

J'en ai plus rien à foutre.

Je voulais oublier, je voulais rire pas souffrir. Je voulais boire, m'abandonner. Je voulais une autre bouteille d'alcool.

D'un pas lourd, je me dirigeai jusqu'au comptoir, m'accrochant à chaque personne en travers de mon chemin. Mes sens étaient bloqués par la musique, ma langue ne goûtait plus que la menthe de l'alcool. Je tanguais, les murs tremblaient, bougeaient, vibraient au son de la musique et virevoltaient au rythme de mon alcool. Je trébuchai, me rattrapai sur un tee-shirt, me fit bousculer, tanguai à nouveau, me redressai tant bien que mal et fis un autre pas vers le bar.

Je voulais voir Ophélie. Elle m'aidait toujours dans ces moments-là à mieux gérer la situation. Elle m'aidait toujours quand j'avais trop bu. Parce qu'il était clair que j'avais abusé de la boisson. Mais la détresse qu'avait engendré ses mots... Oh ! C'était pour ça que j'étais dans cette boîte... Elle ne voudra pas me répondre. Sauf que j'en ai plus rien à foutre.


Lucas :

Die, est se q ue tu purrai Venire ,? J e me sen p treees bi1


Je rangeai mon téléphone dans ma poche, appelai tant bien que mal une jolie serveuse, tentai de la draguer. Je ne savais plus comment elle s'y était prise mais je crois qu'elle m'avait mis un râteau. Cependant elle me donna une autre bouteille de Get27 et je grillai ma carte bleue. Tant pis, l'argent devait bien être dépensé à un moment ou à un autre de toute façon.

J'en ai plus rien à foutre.

Mon téléphone vibra, je l'extirpai tant bien que mal. Avec une main, je tentai de l'ouvrir et ratai trois fois. Ou dix ? Je ne savais plus.

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant