38 : Pourquoi moi... ?

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¤ Say Goodbye – Green Day ¤

Zea

J'avais l'impression d'avoir un putain de marteau qui me martyrisait mon pauvre petit cœur innocent.

Je lui avais avoué avoir kiffé le... truc et j'ai été apparemment le seul à avoir eu ces putains de frissons tellement plaisants. Ces fourmillements qui me parcourait la peau, telle une vague hors de contrôle qui enflammait mes sens. Je m'étais senti intouchable, vivant et incroyablement... excité. OK, j'avais même carrément envie de recommencer. Encore et encore. Jusqu'à en avoir le souffle coupé. Jusqu'à devoir me séparer de lui pour avoir un semblant de souffle instable. Jusqu'à me demander si j'avais la chair de poule ou si c'était mon état normal.

Putain, j'étais tellement atteint que je voulais encore le tenir contre moi. Même pas pour l'embrasser.

Parce que ouais, on s'était embrassés. Soyons clair, on avait échangé un baiser plus que torride.

Je le voulais contre moi, son bras entourant mes hanches ou tenant ma main entre la sienne ou même sentir sa tête se frotter contre mon épaule comme un chaton en manque de caresses. C'était devenu une de ses habitudes et rien que ça, ça me manquait.

Je voulais tout simplement le sentir encore une fois contre moi.

C'était le comportement d'un meilleur ami ça ?

Merde, bien sûr que non !

Est-ce que j'en avais toujours quelque chose à faire ? Pas vraiment en fin de compte.

J'en avais marre. Marre de me comporter comme un aveugle. Non, nous n'étions plus meilleurs amis. C'était sûr et certain, nous avions perdu ce titre très vite. Notre comportement le prouvait assez bien. Le mien du moins parce qu'apparemment, Lucas, lui, n'en avait clairement rien à foutre. Lui, il n'avait qu'une seule idée en tête : redevenir les meilleurs amis du monde.

Moi aussi je voulais avoir de nouveau ce titre. Avoir de nouveau cette complicité si simple entre nous. Mais maintenant je me rendais compte que cette complicité que j'avais avec lui avait autre chose en-dessous. Je ne savais pas quoi. Et je ne m'en préoccupais pas tant que ça. Je savais juste que j'avais maintenant des envies qui différaient et de loin de celles d'un meilleur ami.

Et qu'il m'ait repoussé ainsi m'avait fait un effet que je détestais plus que tout.

Après m'avoir foutu le plus gros râteau de ma vie – parce que c'était clairement un râteau, je m'étais lâchement enfui dans la chambre de Blake dans laquelle je m'étais effondré comme une fillette. Sans que je ne m'en rende compte, des larmes avaient coulé le long de mes joues et je ne m'en étais aperçu qu'une fois que Blake s'était ramené dans sa chambre et s'était agenouillé à mes côtés. Il était réellement inquiet et m'avait demandé ce qu'il s'était passé pour que je me mette dans ces états là. D'un battement de cils, j'avais chassé mes larmes, m'étais redressé et m'étais assis sur le lit de Blake en racontant en long en large et en travers toute l'histoire. Il m'avait écouté sans m'interrompre une seule fois et était resté neutre tout du long. J'adorais ce mec pour l'oreille attentive qu'il nous offrait sans rien demander en retour.

A la fin de mon récit, je ne lui avais pas laissé le choix. Je m'étais allongé, avais agrippé un coussin de toutes mes forces et avais vainement tenté de faire abstraction des hurlements hystériques et presque douloureux que poussaient Lucas dans notre chambre.

J'avais eu l'impression de m'arracher le cœur moi-même en l'entendant détruire toute notre chambre alors que je m'obstinais à fixer un point dans la chambre de Blake. De son côté, il tentait comme il pouvait de me faire oublier ses cris pleins d'une peine larmoyante en jouant dans mes cheveux. Il savait à quel point ça m'apaisait. Mais à cet instant, ça m'était apparu comme un détail insignifiant. Tout ce à quoi je pensais était ses cris si étouffants qui me donnaient envie de fuir très loin comme de courir jusqu'à lui pour l'emprisonner entre mes bras.

Mais je n'avais strictement rien fait. Je m'étais contenté de fixer un point, le regard dans le vide, ses cris résonnant inlassablement dans mon crâne même après qu'ils aient arrêtés.

Et je m'étais finalement endormi ainsi, dans le lit de Blake, le cœur serré et réveillé par les suppliques de Lucas résonant dans le couloir menant à sa chambre, sûrement trop bourré pour se rendre compte qu'ils me suppliait de l'embrasser de nouveau.

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant