¤ Molly Hammar – Alone ¤
Zea
Lucas ne faisait que m'observer. Son regard pesait sur mes épaules comme une enclume et je ne voulais que lui rendre son regard. Pourtant, je ne le pouvais pas : si je m'autorisais à seulement jeter un coup d'œil, je finirais par tomber dans le filet de ses yeux noisettes. Pourtant, la tentation se fit trop forte et quand finalement je me laissais prendre dans ses charmes, je le trouvais assis entouré par les amis de Sacha et elle-même, restant plongé dans la contemplation du sol comme s'il pouvait receler toutes les réponses de l'Univers.
Toutes en train de parler chiffon et mode, elles ne prêtaient aucune attention à mon Chaton, si ce n'est Sacha qui gardait sa main fixée sur une partie de son corps en toute circonstance.
Je m'étais laissé avoir, finalement. Complètement abattu, toute sa combativité s'était échappée et il restait prostré à contempler ce qui n'était pas à contempler. Il semblait complètement hors de portée.
– Il doit bien avoir un moyen pour faire en sorte qu'elle lui lâche les fesses !, s'énervait Ophélie face à nous.
Elle faisait les cents pas en se triturant la peau : elle tirait sur chaque parcelle de peau qu'elle pouvait attraper comme si elle voulait se réveiller d'un cauchemar. A vrai dire, j'aimerais pouvoir dire n'en vivre qu'un. Je revivais ma peur : je le voyais s'éloigner de moi, m'échapper sans être capable de faire quoique ce soit. Je restais sur le banc de touche parce que je n'avais pas le choix et ça me frustrait au-delà des mots.
– Mais comment est-ce qu'elle a réussi à faire ça ?, se questionnait Blake.
De son côté, là où Trevor ferait le pitre et s'amuserait de nos têtes d'enterrement. Pourtant, à cet instant, il était d'une rigidité inquiétante et le regard vague. Le pli entre ses sourcils était prononcé et il jouait avec un crayon entre ses doigts. Je pouvais voir d'où je me tenais toutes les questions et possibilités fuser à travers son regard. S'il semblait presque hors de la situation, je savais qu'au fond, il était au moins le plus impliqué d'entre nous. Si Blake et Ophélie se trituraient les méninges sur le pourquoi et préféraient spéculer, Trevor cherchait et mettait en place un plan pour le sortir de là avec rapidité. Même s'il était toujours à nous embêter et à nous mettre au pied du mur avec rudesse, il était aussi d'une incroyable loyauté et ferait tout pour nous. J'en avais actuellement la preuve.
Il se leva d'un bond et ne tarda pas à s'éloigner non sans nous expliquer rapidement :
– Je dois parler à mon parrain.
J'arquai un sourcil, étonné qu'il nous parle de sa famille. Généralement, il évitait de parler d'elle pour des raisons qui m'échappaient mais du peu qu'il a pu nous parler sur elle, c'était bien sur son parrain. Français et meilleur ami d'un de ses parents (lequel restait une énigme), il me semblait qu'il avait rencontré ses parents en faisant ses études à l'étranger et s'était lié d'amitié avec eux avant d'être nommé parrain. Et, par le regard déterminé qu'il arborait, j'étais à peu près sûr que je n'aimerais pas savoir pourquoi il voulait voir son parrain.
– Mais pourquoi ?!, s'insurgea Ophélie.
– Il est flic et j'ai des questions. Je vous en parlerais si ce que je pense se confirme.
Première nouvelle. À en juger par la mine perplexe qu'arborait tout le monde, je me doutais que nous avions tous les mêmes questions dont l'une étant : mais pourquoi diable allait-il voir son parrain policier ?
Néanmoins, mon regard retourna là où il se devait être : planté sur la silhouette abattu de mon copain.
Nous n'en avions pas parlé, il est vrai. Mais bordel, je l'aimais comme un fou et le voir si près de notre ennemi juré me rendait nerveux. Il m'avait déjà abandonné pour elle, pourquoi ne recommencerait-il pas ? Je ne voulais pas le perdre à nouveau, pas perdre ce que nous commencions tout juste à construire, pas perdre celui qui détenait mon cœur, pas perdre à nouveau mon meilleur ami.
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Powerless
RomanceL'amour, vous devez connaître. Vous savez, ce sentiment libérateur qui nous prend au ventre, ce sentiment qui nous fait ressentir ces papillons ? Ces frissons qui nous dévalent l'échine, parcourent notre peau, bouffent nos pensées jusqu'à ce qu'il n...