62 : Chaleureuse éteinte

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¤ Lewis Capaldi - Someone You Loved ¤

Les souvenirs me rongeaient les chairs, rongeaient ma conscience. Je me perdais dans les limbes d'un labyrinthe bien trop complexe pour ma petite personne incapable d'assumer cet amas de remords. Je me pensais intouchable, inatteignable. Je me pensais invincible, merde ! C'est maintenant que je me rendais compte d'à quel point j'ai pu avoir tord. Les remords tourbillonnaient dans ma tête et me rendaient si faible.

J'avais la gueule de bois après les bouteilles que je m'étais enfilé la veille et courbaturé de ma nuit sur le carrelage.

Parlons-en de cette nuit !

Je ne me souvenais pas de grand-chose si ce n'est que mon compte en banque était maintenant à sec.

Je coupai l'eau et me séchai rapidement.

J'étais perdu, paumé au fin fond de ma conscience minable, j'avais mon compte qui pointait vers le zéro et j'avais droit à la honte de m'être fait chaperonner après une nuit en boîte. Encore une fois. J'avais eu droit à des regards torves, celui moqueur et condescendant de Trevor et interrogateur de Zea. Tous savaient la raison de ma descente aux enfers sauf le principal concerné.

J'empoignai le rasoir et commençai à me raser.

Comment est-ce que je pouvais me regarder dans le miroir ? Je l'avais trompé. Et si ce n'était pas assez, je le savais au fond de moi que malgré que je ne me souvenais de rien, j'avais recommencé. Je me jetais sur l'alcool, oubliais assez mes remords pour complètement les oublier entre les bras d'une inconnue. Je rejetais la faute sur l'alcool mais au fond, elle ne me donnait qu'une raison derrière laquelle me cacher : je rejetais complètement ce que je pouvais ressentir pour mon meilleur ami.

Mon meilleur ami, bordel !

Le miroir me rendait l'image d'un mec tellement minable. J'étais minable et je faisais pitié. Pourquoi je continuais à me battre de toute façon ? J'étais un connard et j'allais rendre mon meilleur ami tellement mal. Je le savais et rien que d'imaginer le sentiment de trahison qui le prendrait...

Mon souffle se coupa et je gémis de la douleur si froide qui me comprima la poitrine. Je ne m'en remettrai pas. Je ne pouvais pas perdre mon copain. Et si je ne lui disais rien ? Il ne le saurait pas et tout pourrait rentrer dans l'ordre. J'oublierais toutes ces conneries et il ne l'apprendrait jamais.

- Comment as-tu osé ?

Trop perdu dans mes pensées, je n'avais pas entendu mon meilleur ami entrer. Debout dans l'encadrement de la porte, il s'y cramponnait comme s'il en avait besoin pour tenir debout. Dans son regard si sombre que j'avais appris à aimer, j'entrapercevais ce que je redoutais : cette lueur de trahison si douloureuse qui me comprima la cage thoracique.

- Hulk...

- NON ! Ne... Y a rien à dire.

Son vif mouvement de recul quand je tentai de l'approcher me déchira. Mon cœur se serra et je me retins de lui hurler de ne pas m'abandonner. Je pouvais le faire changer d'avis.

- S'il te plaît. Je t'en prie. Je peux t'expliquer.

- Y a rien à expliquer, Lucas.

Son regard d'abord vissé au mien glissa le long de mon torse et s'échoua sur la serviette nouée autour de ma taille. Je souris. Après tout, je lui plaisais toujours. Il ne pouvait pas m'abandonner.

Doucement, je m'approchai. Arrivé face à lui, à seulement un souffle de l'embrasser, je levai la main et effleurai sa joue.

- Je t'en prie..., soufflai-je.

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