¤ Macklemore feat Skylar Grey - Glorious ¤
Les rues s'animaient, se bouchaient. Des klaxons retentissaient, des crissements de pneus résonnaient. Le soleil, bien que dégagé, ne nous permettait pas de nous réchauffer. Pour autant, cela ne me dérangeait pas. Les magasins fleurissaient à profusion des deux côtés de la route et les décorations de noël apparaissaient déjà, remplaçant prématurément celles de Halloween. Les petits marchands à attrapent touristes se faisaient réguliers et je souris en les voyant camper devant les devantures pleins de sweats ou autres à l'effigie de notre beau pays. Les tags se poussaient les uns les autres, chevauchants les précédents comme une guerre continuelle quant à savoir qui est le plus beau. Sans réfléchir, je sortis, inspirai à plein poumons l'air pollué, me rappelant avec délice mon enfance que j'avais passé dans les rues animés de Camden Town.
- Ça te plaît ?
Surpris, je me tournais vers mes amis qui me regardaient avec le sourire aux lèvres.
- Si ça me plaît ? Tu plaisantes ! J'adore, ma chérie !
Débordant de joie, je sautai dans ses bras. Bien sûr que revenir ici me plaisait. Là où tout le monde se fichait de qui t'étais, là où tu étais un inconnu tout autant qu'un personnage invisible ; là où tout le monde se fichaient de savoir si vous étiez gay ou pas.
La journée fut riche en émotion. Entre rires, grognements, glaces sous les lumières vives des guirlandes et frites bien grasses, je me sentais refait. Nous nous étions baladés durant toute la soirée, profitant de cet instant de liberté durement acquise. Et, étrangement, je l'appréciais encore plus en sachant la finalité de ce séjour. Nous retrouvant tous ensemble dans une chambre de quatre alors que nous étions cinq, moi et Ophélie finîmes par nous endormir tous les deux dans le lit double. Et étrangement, ne pas sentir les bras puissants de Zea m'entourer me donna comme... de la chair de poule. Pourtant, le corps fluet de mon amie se collait à moi, recherchant certainement plus de chaleur à cause de la fenêtre cassée. Pour autant, je ne m'étais jamais senti aussi abandonné que durant cette nuit-là, m'endormant avec l'image de mon meilleur ami, dormant à poings fermés.
Le lendemain, je me réveillai avec la tête d'Ophélie collée à mon torse, mes bras entourant son cou fermement. Grognant, je me détachai doucement d'elle, essayant de ne pas la réveiller. Je le savais, mon corps me refuserait plus d'heures de sommeil. Tout du moins, mon esprit me le refusait. Trop perturbé que j'étais par ce manque qui me comprimait la gorge, je n'avais que très peu dormi la nuit dernière. Jetant une coup d'œil à la montre de Trevor, je remarquai l'heure bien trop matinal pour moi : bientôt 9 heures. Me relevant, Zea se leva dans le même temps que moi. Avisant ses cernes tout aussi prononcés que les miennes, je lui souris doucement en l'interrogeant :
- Courte nuit ?
Je n'eus droit qu'à un grognement mécontent. On ne pouvait faire plus clair.
Et alors que les rires de la veille semblait résonner encore à mes oreilles, la morosité sembla ternir le reste de cette journée. Entre nous pesait tous les souvenirs que l'on se traînait, un mélange entre cette gêne qui ne présageait rien de bon et ces deux abrutis de Cavendish et Gregor. L'une avide de détruire notre faux-couple et surtout à l'affût du moindre ragot à se mettre sous la dent et l'autre qui cherchait tout autant à faire de nous la risée du lycée. De quoi mettre notre moral au plus bas.
Rangeant les dernières affaires qui nous restaient, nous finîmes par rapidement nous confronter à un silence bien trop embarrassant alors que les autres restaient endormis, sûrement trop fatigués de la soirée de la veille. Sans réfléchir, je sortis la première chose qui me vint en tête :
- Carotte ?
S'arrêtant soudainement, Zea se releva, arqua un sourcil dans ma direction, soupira devant ma mine déconfite et se remit à sa tâche.
- Bon, OK, c'était nul pour engager la conversation. Mais moi, au moins, j'essaye.
Arquant une seconde son sourcil, je compris tout de suite, preuve que notre amitié n'était pas totalement déchirée. Pas encore.
- OK, carrément nul. Mais tu peux essayer de me parler, non ?
- Et te parler de quoi ?
- Des carottes ?, tentai-je.
Grommelant, il réussit par ce simple son à me faire rire, faisant redescendre progressivement cette tentation incomprise qui me comprimait la gorge.
Pour autant en baissant le regard, je n'attendais qu'une seule chose : un miracle.
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Powerless
Roman d'amourL'amour, vous devez connaître. Vous savez, ce sentiment libérateur qui nous prend au ventre, ce sentiment qui nous fait ressentir ces papillons ? Ces frissons qui nous dévalent l'échine, parcourent notre peau, bouffent nos pensées jusqu'à ce qu'il n...