55 : Mais merde, si c'est pas lui, c'est toi !

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¤ Ed Sheeran – SHAPE OF YOU ¤

Zea

Le lendemain ne fut pas un jour dès plus agréable à mener.

Je menais cette journée d'une main non pas de fer mais de papier. Je me laissais guider par Ophélie et n'écoutait qu'à moitié les conneries de Trevor.

J'étais dans un état second. Tout ce qui m'entourait semblait se passer dans un autre monde. Ou peut-être est-ce moi qui étais dans un autre monde ?

Je ne voyais que lui et ses sourires qu'il ne m'offrait plus.

Je ne voyais que lui et ses gestes tendres qu'il ne m'offrait plus.

Je ne voyais que lui et ses yeux dorés qui glissaient sur ma silhouette comme si je n'étais qu'un grain de poussière dans sa vision.

Je voulais qu'il me regarde à nouveau avec ses yeux rieurs. Je voulais qu'il me sourisse encore de ce sourire si flamboyant qu'il me faisait perdre la tête. Je voulais encore sentir ses doigts effleurer les miens comme s'ils étaient le cadeau le plus précieux. Je voulais qu'il soit mon copain.

- Zea !

Je grognai en me détournant du dos de mon meilleur ami. Je ne pouvais pas m'en empêcher, sa silhouette m'appelait comme une sirène appellerait un marin perdu.

Il était ma bouée au milieu d'un océan déchaîné.

Il était ma solitude.

Il était mes paroles.

Il n'était pas à moi.

- Blake a besoin de toi, là.

Je fronçai les sourcils. Quoi, maintenant ?

- Quoi ?

- Regarde-le.

Je me détournai de la silhouette élancée de ma meilleure amie et me concentrai sur celle tremblante de Blake. Mes sourcils se froncèrent à nouveau.

- Blake ?

Il se tendit sur sa chaise et ne fit que hausser les épaules.

- Dis-moi.

- Rien Zea, ça va.

- Dis-moi.

- Rien, je t'assure.

Je grognai. Il ne m'aurait pas comme ça, j'avais déjà dépassé mon quota de mots.

Il soupira et je gardai mes sourcils froncés. Pourquoi gardait-il sa capuche ?

- Enlève-la.

- Zea, je suis pas sûr...

- Maintenant.

Il prit une profonde inspiration et finit par la relever. Les bleus qui fleurissait sur sa peau m'étaient familiers. C'était le genre de bleus que tu récoltais après une bonne bagarre.

Blake ne se bagarrait pas.

- Qui ?

J'entendis Ophélie retenir un hoquet de stupeur.

- Blake... souffla-t-elle.

- Ça va, je m'en suis chargé.

Le ricanement de Trevor devant fit écho à ma propre pensée : il ne s'était chargé de rien du tout.

- Ça, mon pote, j'en doute beaucoup, rétorqua celui-ci.

La sonnerie se fit entendre et toute la classe se leva dans le même temps. Trevor, lui, se tourna sur sa chaise et dévisagea Blake.

- Ils t'ont pas loupé ses connards.

Il se leva et afficha fièrement son tee-shirt assorti à ses yeux bleus qui clamait : « Attention bande de cons, je suis là pour baiser vos nanas ». Aucune gêne.

- Zea, on est partis !

Hissant son sac sur son épaule, je le suivis.

- Non, attendez !

Je levai les yeux au ciel. Beaucoup trop gentil pour son propre bien.

- Tu bouges ne serait-ce qu'un doigt de pied, je te scotche sur cette chaise, cracha fermement ma meilleure amie.

Les bras croisés sur sa poitrine, la mine fermée et campée sur ses deux pieds, elle avait l'air sauvage. Dans ces moments-là, on savait tous à quoi s'en tenir. Plus téméraire qu'une tigresse, se frotter à elle dans ce genre de moment revenait au suicide et Blake le savait très bien.

- Qui ?

- Non ! Vous n'allez pas...

- J'ai demandé qui !

Il se figea, souffla et finit par murmurer :

- Carter.

Et si cela était possible, Ophélie devint plus sombre que je ne pouvais l'être. Sacré exploit que j'applaudirai si je n'étais pas en train de me ruer hors de la salle. On avait des gueules à casser, Trevor et moi.

Enfin... jusqu'à ce que je vois ma meilleure amie me dépasser à toute vitesse. Que la fête commence.

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant