87 : Mot à maux, je ruine mes ruines

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¤ Whataya Want From Me - Adam Lambert ¤

De retour dans ma chambre et après avoir pris ma douche, je m'allongeai aux côté de Zea. On avait pris le repas tous seuls, ma mère nous laissant un peu d'intimité après m'avoir vu les yeux gonflés de larmes retenues. Maintenant revenus dans ma chambre, on s'était allongés dans mon lit et j'avais laissé Zea choisir un film pour notre soirée. Ça faisait longtemps que l'on avait pas eu une soirée juste tous les deux sans personne pour nous embêter, remarquais-je. Habillé d'un short, je le rejoignis et ne pus que remarquer que lui aussi ne portait qu'un short qu'il avait dû m'emprunter. Je me figeai au milieu de ma chambre, soudain alerte. Si jusqu'ici la beauté masculine m'était apparu comme quelque chose d'invisible si ce n'est relative, à cet instant, je sentis mes intestins remuer juste à la vision qu'il me donnait. Assis contre la tête de lit, penché vers l'ordinateur et concentré dessus, il ne me prêtait aucune attention. Éclairé par la lumière tamisée et bleutée de l'écran, il semblait irréel, comme sorti d'un jeu. Le noir de ses tatouages paraissait plus prononcé et affleuraient la réalité. Ils me donnaient l'impression d'avoir soudainement pris vie et accentuaient la dureté de ses muscles. Il ressemblait à une statue d'Apollon figé dans le temps, la beauté nous frappant en un simple coup d'œil et nous attrapant aux tripes par la finesse du travail fourni ; c'était ce que je ressentais. Il était époustouflant de beauté et ça me frappa violemment parce qu'il n'était pas seulement beau par son physique : il était la perfection enveloppée dans une pierre précieuse. Cette révélation me prit si brusquement par les tripes que je pris peur et fis un pas en arrière, effrayé par l'intensité des crispations qui me prirent. Pris au piège, je tentai à nouveau de fuir mais quand enfin j'arrivai à la porte, le clenche de la poignée grinça et l'attention de Zea jusque-là rivée sur l'ordinateur se détourna sur moi. Les traits sévères se figèrent et ses yeux d'onyx attrapèrent mon âme pour la garder dans ses puits d'obscurités pour me plonger dans une attention trop poussée. L'amour que je pouvais palper à travers son aura me troubla et je ne réussis pas à gérer son intensité. Il était trop, il y en avait trop de lui. La flamme qui brûlait dans le fond de ses prunelles me carbonisa les chairs, s'enroula autour de mon âme à nu et m'arrachèrent trop de vérités. Je devais fuir parce que c'était tout ce que je savais faire.

Me détournant, je me jetai sur la porte et hors de ma chambre. Dévalant les escaliers à toute vitesse, je fuis toujours plus loin, toujours plus vite là où je savais que sa fougue ne m'atteindrait pas. Pourtant, quand je crus réchapper à cette pression, des bras m'entourèrent fermement et me plaquèrent contre un torse. Sachant pertinemment de qui il s'agissait, je me débattis avec toujours plus de force mais comme un roc face à la mer déchaînée, il ne bougea pas d'un iota. Imperturbable, inflexible, il encaissa les coups comme le roseau accuserait la force du vent sans jamais rompre.

– Je m'étais promis d'arrêter de te courir après, grogna-t-il contre mon oreille.

Pas prêt à entendre le son de sa voix comme empêtré dans ma panique, je me figeai comme s'il avait fait éclater ma bulle. Je cessai d'un coup de me débattre et m'affaissai dans la poigne vigoureuse de Zea. Les contrecoups de mes émotions me frappèrent violemment et, à nouveau je m'effondrai dans ses bras, les larmes dévalant cette fois mes joues.

– Je suis désolé. Je suis désolé. Je suis tellement désolé, Zea, répétai-je inlassablement.

Je ne savais pas quoi faire, quoi dire d'autre pour lui faire comprendre ce que je ressentais.

– Je sais, mon chaton. Je le sais.

Ca ne m'aida en rien. Pris de soubresaut, j'eus du mal à reprendre mon souffle, mes hoquets me bloquant la respiration.

– Explique-moi, Lucas.

J'aurais voulu lui expliquer même si je me sentais affreusement coupable. Je voulais qu'il comprenne pourquoi je m'étais lâchement enfui mais je n'arrivais pas reprendre ma respiration et mes larmes qui dévalaient mes joues se transformaient en véritable torrents. Le comprenant rapidement, il nous déplaça en portant presque tout mon poids et nous fit tomber dans le canapé du salon.

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant