¤ 5 Seconds of Summer - Teeth ¤
Zea
Durant toute la durée du repas, mon regard resta fixé sur la silhouette athlétique de Lucas, incapable de comprendre ce qui se passait.
Je n'arrivais pas à intégrer la promesse qu'il m'avait faite. Je n'arrivais pas à assimiler la véracité de ses paroles. Je n'arrivais pas absorber la nouvelle et à apercevoir la vérité en dessous.
- Tu vas bien ?
Désarmé par ce qu'il m'avait certifié, je n'étais plus capable de le quitter des yeux. Je mangeais machinalement, le quittant parfois pour vérifier que j'avais attraper quelque chose avec ma fourchette mais je ne pouvais pas m'en empêcher : mon attention était seulement focalisée sur lui et lui seul et le poids qui en résultait devait le déranger puisqu'il se frotta l'avant-bras.
J'acquiesçai en soupirant. Je ne dis rien pendant quelques minutes mais sentant les rôles s'échanger et donc subissant le poids de son regard à mon tour, je finis par lâcher ce qui me pesait.
- J'ai l'impression que tout va recommencer : je vais me permettre de rêver, croire que tu vas enfin pouvoir m'appartenir pour que tout retombe et que je m'effondre dans un précipice jusqu'à me broyer les os au sol.
Il tressaillit quand je lui parlais de m'appartenir et je crus mes doutes fondés. Pourtant, il jeta un rapide coup d'œil autour de lui avant d'attraper ma main et de mêler ses doigts aux siens. Comme une promesse.
- J'ai du mal avec l'idée d'appartenir à qui que ce soit, m'expliqua-t-il.
Mentalement, je relâchai mon souffle, la tension s'amoindrissant de moitié. Ce n'était pas contre notre situation qu'il en avait après : il avait seulement besoin de sa liberté et il avait l'impression que je la lui privais en le formulant ainsi. Mais il me connaissait : jamais je ne le priverais de ça. C'était un des nombreux moyens de le perdre et je me le refusais. Et puis, comment le pourrais-je ? J'avais du mal à le garder pour moi, comment pourrais-je réussir à le priver de son libre-arbitre sans le perdre dans la foulée ?
- Et j'ai merdé. Bien plus que ce qui est moralement acceptable. Mais... j'ai vécu la descente aux enfers, Zea. Vous n'étiez pas là, aucun de vous. Je me redécouvre, redécouvre la personne que je suis et je n'arrive pas à le gérer ; du moins n'y arrivais pas. Alors évidemment, je foire.
Il inspira un bon coup en fermant les yeux et quand il les rouvrit, il percuta ses yeux d'or dans les miens et je tombai un peu plus amoureux.
- Mais je sais que si je ne sais plus qui je suis, je peux trouver quelque chose ou quelqu'un pour me guider. J'ai besoin qu'on me guide, besoin qu'on me soutienne, besoin de toi.
A sa phrase, mon cœur bondit dans ma poitrine, frémit tel les ailes d'un papillon.
- Ça me tue de me retrouver dans cette situation, de devoir apprendre à me connaître. Apprendre... à aimer quelqu'un.
Je croyais que je ne pouvais pas être plus heureux. Je me trompais.
Pris d'une impulsion, sous les battements fous de mon palpitant, je me jetai sur ses lèvres comme un affamé sur un gâteau. J'empoignai avec hargne sa nuque, plaquai fermement mes lèvres sur les siennes et mordis sa lèvre avec toute la fièvre qui me montait à la tête. Je l'embrassai comme si je voulais me noyer en lui, comme si le naufragé que j'étais retrouvait enfin la côte après des mois à dériver.
Surpris, il se laissa faire sans réellement participer au baiser mais je n'en avais rien à faire : je voulais lui partager l'euphorie et la folie qui me prenait à de telles paroles, lui montrer à quel point j'étais fou de lui, cet homme qui avait partagé ma vie depuis si longtemps pendant que nous restions enfoncés dans notre ignorance abrutissante.
Finalement, je me détachai mais gardai sa main dans la mienne, la plaquant sur ma bouche. Je la laissais là, mes lèvres effleurant seulement la peau de ses phalanges alors que je restai les yeux plongés dans les siens.
Il semblait complètement perdu. J'avais l'impression de lui avoir montré un trésor empli de mil et un trésors par ce simple baiser et, encore une fois, à la pensée de le mettre dans un tel état, mon cœur bondit dans ma poitrine, mon sourire s'étira toujours plus contre ses doigts.
- Je... euh..., bredouilla-t-il.
Mon sourire s'agrandit encore un peu plus et je restai le regard fixé sur ses traits.
- Tu es beau, lâchai-je, emporté dans ma fougue.
Je ne pensais pas que je pouvais le rendre plus perdu. Pourtant, il écarquilla des yeux et j'eus la soudaine impression de faire face à un poisson. Je ne m'en empêchai pas : galvanisé par sa précédente réponse et électrisé par tant de bonheur en si peu de temps, le fou-rire qui me prit fut soudain, spontané, plein d'une vie que je pensais avoir perdu.
Je pensais avoir péri dans un labyrinthe plein d'une noirceur empoisonnée mais il semblait que j'avais fini par trouvé l'antidote au poison : le poison lui-même.
- Je... je... merci ?
Sa réponse sembla plus répondre à une question et je ris encore. Quand enfin, mon fou-rire se calma, ma main emprisonnant toujours celle de mon Chaton, je la plaquai à nouveau sur mes lèvres, l'effleurant par intermittence, me délectant des frissons qui le parcourait.
Je fus surpris de le voir me dévisager à son tour, son regard aussi chaud qu'un feu de braise. Il ne me dirait rien en retour, ne me promettrait pas monts et merveilles , ne m'accorderait pas les mêmes mots auxquels je me rattachais mais son regard suffit à tous les mots qu'il aurait pu dire. Par pudeur, il ne me dirait rien aujourd'hui. Mais son regard, ses yeux, ses iris si envoûtantes m'accordaient plus de chaleur que n'importe quelle particule de lettre qu'il pourrait m'offrir.
- Bordel, grondai-je.
Je fermai les yeux, submergé par tous les sentiments qui remontaient à la surface et je ne parvins pas à les retenir.
- Je t'aime.
Trois petits mots mais qui, je le savais, pourrait le faire fuir aussi sûrement que si je l'empêchais de jouir de sa liberté si chérie.
Affolé, je me raccrochais à sa main comme d'un noyé à sa bouée quand il tenta de s'écarter et me précipitai à préciser :
- Je ne te demande pas de me les dire en retour. Je ne te demande rien.
Figé et angoissé, il était tendu et prêt à se rompre. Terrifié à l'idée d'avoir été trop rapide, j'empoignai sa main des deux miennes et ne le lâchai à aucun moment du regard, épiant chaque sentiment qu'il laisserait transparaître.
Finalement, il souffla et ses épaules se détendirent alors qu'il se relâchait. Il poussa sa main des miennes et je le laissai faire, la sentant avancer vers mon visage. Attentif à la moindre émotion, je ne bougeai pas, attendant ma sentence comme un prisonnier se rendant à la potence.
Il m'offrit un petit sourire gêné et effleura ma joue de sa paume. Il ne me dit rien mais ça n'était pas nécessaire. Là encore, son regard me raconta tout ce qu'il ne dirait pas. La chaleur qu'il me transmit me réchauffa aussi sûrement qu'un feu de bois en plein blizzard. La douceur qu'il m'apporta me caressa plus légèrement que l'effleurement d'une plume. L'amour que j'y lus me réconforta plus certainement que n'importe quel roman que j'avais pu lire sur le sujet.
Et c'est toujours sans un mot qu'il se pencha par-dessus la table, effleura mes lèvres des siennes, me souffla plus de promesses que n'importe quel livre pourrait en contenir, m'arrima à lui pour me maintenir en partageant tous les non-dits.

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Powerless
RomanceL'amour, vous devez connaître. Vous savez, ce sentiment libérateur qui nous prend au ventre, ce sentiment qui nous fait ressentir ces papillons ? Ces frissons qui nous dévalent l'échine, parcourent notre peau, bouffent nos pensées jusqu'à ce qu'il n...