78 : "Je ne pars pas, pas sans toi"

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¤ 5SOS - Young Blood ¤

- J'ai besoin de toi, soufflai-je lamentablement.

Prostré sur mon lit, le poids du monde s'accrochant à mes épaules, j'arrivais de moins en moins à garder la face. Il était face à moi, à seulement quelques pas mais pourtant j'avais l'impression qu'il était à des milliers de kilomètres. Il m'était inaccessible et bordel, je le voulais si fort que j'en avais la respiration coupée.

Je voulais l'avoir dans mes bras, être dans ses bras, aimer l'embrasser, me remémorer la sensation de ses lèvres sur les miennes. Je voulais être son copain à nouveau et j'étais maintenant sûr de moi, sûr de ce que je voulais, sûr de le vouloir lui.

Soupirant à son tour, la tension qui l'habitait sembla s'échapper d'un claquement de doigt : ses épaules semblèrent tomber de soulagement, ses traits se décrispèrent et la douleur qu'il cachait sous le mépris avec lequel il était arrivé sembla brûler sa colère.

- Moi aussi, murmura-t-il si bas que je crus à un mirage.

Mais non. S'affaissant complètement démuni, il s'assit lourdement sur ma chaise de bureau. Abasourdi par ce qu'il venait d'avouer, je me précipitais d'un bond vers lui et pris son visage entre mes mains, le levant vers le mien. Tendu, il semblait sur le point de se rompre au moindre mouvement ; je passais outre. J'avais besoin de son contact, je ressentais le besoin de le toucher et j'eus la soudaine impression de respirer un peu mieux sous cette chape de honte au contact de sa peau contre la mienne.

- Alors laisse-moi te prouver que je peux me racheter. Laisse-moi te montrer que je sais ce que je veux cette fois.

Inspirant un grand coup, ses traits se crispèrent à nouveau. Je ne comprenais pas sa soudaine amertume surtout quand il prit mes mains dans les siennes sans tenter de les enlever.

- Je voudrais Lucas, me confia-t-il avec peine, mais tu m'as fait tellement de mal.

Les yeux jusque-là baisser vers ses cuisses, il confronta son regard d'or noir au mien et je faillis m'effondrer quand j'aperçus les larmes qui s'y accumulaient. Je lui faisais tellement de mal que mon ventre se tordit de savoir que c'était de ma faute. J'étais à deux doigts de vomir mes tripes sur le tapis tellement je me sentais au plus mal. Sans que je n'arrive vraiment à les refouler, mes propres larmes noya mes yeux et son image devint bientôt floue.

- Si tu savais comme je m'en voulais... lâchai-je sur un ton de confidence.

A nouveau, ses traits se tordirent sous la douleur vive qu'il ressentit mais il la cacha comme il put tout de suite après.

- Laisse-moi te le prouver. Bordel, Zea, j'ai besoin de toi, repris-je.

- Moi aussi...

Cet aveu sembla lui coûter encore plus que ce que je voudrais.

- Je t'en prie, le suppliai-je.

A bout de force, mon front se baissa petit à petit jusqu'à ce qu'il se retrouve collé au sien. Soudés ainsi, j'avais l'impression que nous étions à nouveau les même meilleurs amis que nous avions été avant que toute cette histoire ne prenne une autre proportion à laquelle nous n'avions pas été préparée.

- Je ne peux pas, Lucas. J'ai encore trop mal.

- On tourne un peu en boucle, là, non ?

Le petit rictus qui lui échappa sembla être ma lumière au milieu de ce labyrinthe plus sombre que les abysses. Elle semblait me guider vers la sortie, là où nous pouvions encore être ensemble, là où nous étions nous-mêmes.

- A chaque fois que je te regarde, je te vois étendu sur le carrelage de la salle, te vidant de ton sang sans que je puisse rien y faire.

- Je suis tellement désolé, répondis-je en vitesse, empressé de lui faire comprendre que je m'en voulais.

- Et si ce n'est pas ça que je vois, continua-t-il sans prêter la moindre attention à mes excuses, c'est Sacha et toi, enlacés, en train de...

- Arrête de te torturer comme ça, le coupai-je tout de suite.

- Je n'y arrive pas. Je ne vois que ça.

Inspirant un grand coup, son odeur si alléchante et rassurante me prit de plein fouet. Je me pinçai les lèvres, à deux doigts de gémir.

- Alors abdique. Je veux te montrer que j'ai changé, que tu m'as fait changer. Je veux construire de nouveaux souvenirs, oublier ceux qui nous rongent.

Ses mains, toujours sur les miennes, se serrèrent spasmodiquement comme s'il cherchaient à se rappeler où il était, avec qui il était. Les yeux fermés, je continuais à graver ses traits dans ma mémoire alors même que je les connaissais assez pour en dessiner cent portraits. Je devais m'accrocher à cette vision de lui si désarmante, m'y agripper pour ne jamais refaire les même conneries.

D'un bond, il se décolla de moi, cherchant à s'échapper, ses yeux fuyant les miens.

- Non ! Je ne peux ! Je ne peux pas, je ne peux pas, se répéta-t-il à l'infini comme pour se prouver à lui-même qu'il pouvait y arriver.

S'effondrant à genoux, je m'approchai à pas légers, doucement, alors même que mes tripes m'ordonnaient de courir pour l'enlacer.

A quelques centimètres de sa silhouette secouée de sanglots, je tentai de retenir les miens du mieux que je pus. M'affaissant à mon tour sur mes genoux, je l'attrapai par les épaules et le plaquai contre moi. Il n'essaya pas de se défaire de ma prise bien que je lui en laissais la totale possibilité et ce fait sembla enlever un poids énorme de mes épaules. Raffermissant ma prise autour de son buste, je le plaquai plus étroitement contre moi, reniflant discrètement, les larmes coulant en abondance. Passant mes mains dans ses cheveux, je lui chuchotai tout ce que je pouvais pour lui montrer la véracité de mes promesses.

- Je suis là, chut... Je ne pars pas, pas sans toi. Je ne t'abandonnerais plus, je t'en fais la promesse.

Inspirant à intervalles irrégulières, il sanglota pendant un long moment contre moi sans que je ne m'arrête une seconde de passer ma main dans ses cheveux, dans son cou, sur ses épaules. Partout où je pouvais toucher sa peau.

On resta ainsi un long moment, assis à même le sol, prostrés sous les larmes qui nous submergeaient. Finalement, quand ses pleurs se firent plus rares jusqu'à disparaître, il essaya de s'échapper de mon étreinte.

- Non, s'il te plaît, le suppliai-je.

Il ne dit rien mais resta contre moi. J'avais le nez dans ses cheveux et inspirai à grandes goulées son odeur qui me calmait si facilement.

- Laisse-moi te montrer à quel point je tiens à toi, le priai-je.

Pendant un long moment, le silence devint le maître de la pièce. Seul le bruit de nos respirations brisaient sa loi et si j'avais été un peu plus calme, peut-être n'y aurait-il pas eu les battements sourds de mon cœur battant la chamade qui la brisait aussi. Il frappait si fort ma cage thoracique que ça en devenait assourdissant, moi qui en avais les échos dans les tempes. Zea, lui, imperturbable, l'oreille collée à mon torse, semblait savourer le bruit presque irrégulier qu'il faisait.

Finalement, quand il me donna sa réponse, je crus m'effondrer sur le sol de ma chambre :

- D'accord.

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De deux choses, l'une : n'hésitez pas à continuer de m'envoyer des questions, la FAQ est toujours ouverte.

Deux : j'ai choisi ma bêta-lectrice. Ou plutôt mes ;) Relween et tombeedesetoiles, nous avons du pain sur la planche ^^'

Partagez toutes vos pensées, je suis pleine de curiosité ;)

Je vous laisse à votre prochaine lecture et vous souhaite un bon voyage au pays de l'imaginaire,

Dreamy Clo

PowerlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant