Powerless

29 : Perdition avec mes souvenirs

¤ The Greatest Showman – Never Enough ¤

Grinçant des dents, je m'engageais dans le couloir menant à notre chambre, pas sûr de pouvoir y entrer. Le suivant du mieux que je pus, mon cœur se serra en remarquant qu'il essayait seulement de me semer. Bon sang, j'avais l'impression qu'on me broyait le cœur à la perceuse. Mon meilleur ami, mon frère de cœur, mon plus vieil ami me fuyait sans même me jeter un regard. Et j'en perdis presque mon souffle.

Inspirant un bon coup, je ne perdis pas de vue mon objectif et avant qu'il ne puisse me fermer complètement la porte au nez, je la bloquai à la dernière seconde avec mon pied.

- Casse toi, grommela-t-il.

- Il faut qu'on parle.

- Y a rien à dire.

A sa simple réponse, un rire dénué de joie me prit et je baissai les yeux sur mes pieds. Ça me crevait le cœur de le voir me repousser mais je n'avais aucune envie de laisser des non-dits entre nous. Il fallait crevait l'abcès.

Entrouvrant la porte, je m'y faufilai pour la fermer derrière moi.

- Il y a tellement de choses à dire.

- Dégage.

- Hulk, s'il te plaît.

Me tournant le dos, il se retourna d'un bond vers moi, me foudroyant du regard comme si j'avais commis l'irréparable. Peut-être l'avais-je commis.

- Va-t-en !

Mon souffle se coupa à son hurlement. Impassible, je n'entrevoyais sous sa carapace qu'un amas de colère qui se dirigeait droit vers moi. Fermant les yeux sous son assaut brutal, j'acquiesçai doucement, comprenant que ce n'était pas le moment.

- Très bien. Mais il faudra quand même qu'on en parle.

Il se détourna, agrippa ses cheveux entre ses mains et ne me prêta plus aucune attention. Fermant les yeux, je me concentrai pour ne pas me jeter sur lui et le secouer comme un prunier, cherchant désespérément à lui retirer le peu d'information que j'aurais voulu savoir. Au lieu de cela, je me dirigeai vers l'ancienne chambre de Zea qui était désormais celle de Blake. L'esprit en vrac après le peu de paroles que m'avait adressé mon Terminator de meilleur ami, je ne remarquai pas tout de suite que je n'étais pas tout seul.

- Tu fais quoi ici ?, me questionna Blake.

Sursautant, je soupirai en remarquant que ce n'était que lui. Sans prêter la moindre attention à ce qu'il m'avait dit, je me dirigeai droit vers son lit et m'y allongeai de tout mon long. Soupirant, j'appelai Ophélie, sûr et certain qu'elle me serait d'une grande aide. Elle avait toujours eu une oreille attentive pour écouter nos problèmes, qu'ils soient futiles ou non.

- Ouais ?, décrocha Ophélie, sa douce voix me réconfortant un tant soit peu.

- Est-ce que je peux venir te voir ?

- Lucas ? Ça va ?, s'inquiéta-t-elle.

Putain, j'aurais beau vouloir faire semblant, elle lisait en moi comme dans un livre ouvert, même à distance.

- Ouais. Je veux juste te voir. Je peux venir ?

- Ouais, ouais, bien sûr.

- OK, je pars de la coloc.

Raccrochant directement, je me levai, ne jetant pas un seul regard à Blake. A vrai dire, je l'appréciais pour ça. Tu pouvais venir le voir et ne rien dire, tant que tu ne parlerais pas, il ne dirait rien et n'essaierait pas de te tirer les vers du nez tant que tu ne le voudrais pas. Discret, il était franchement une perle.

- Je te tiens au courant plus tard avec Trev'.

- Fais comme tu veux, me sourit-il gentiment, remontant son casque sur ses oreilles.

Me changeant pour une tenue plus décontractée et agrippant mes clés, je chassai les idées sombres qui me traversaient la tête pour me diriger vers ma voiture. Finalement, la douche froide n'avait pas été nécessaire.