Chapitre 57

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Rentrer à la maison me faisait tout drôle. Non seulement, j'étais persuadée de ne jamais pouvoir y retourner seulement quelques jours plus tôt mais en plus, je n'aurais jamais imaginé y remettre les pieds en compagnie d'Élizabeth. Ce n'était pas la même chose de me réveiller là que d'y entrer par la porte avant.

Je restais sur le porche pendant plusieurs minutes, la main chaude de la louve dans la mienne. J'aurais aimé entrer et voir mon frère juste à temps pour l'attraper alors qu'il me sautait dans les bras. Il me manquait tellement.

- Tu veux que j'ouvre?

Je secouais la tête et ouvrit lentement la porte qui grinçait sombrement. La maison était un véritable bordel. Plus tôt, nous avions redressé les meubles mais c'était encore évident qu'il y avait eu un sacré remue-ménage ici. J'allumais le plafonnier et inspirais un bon coup. Pourquoi avais-je cette drôle d'impression de malaise? Le souvenir de la tanière d'Élizabeth répondit rapidement à mon interrogation. Peut-être ne me sentais-je plus chez moi car j'avais trouvé un endroit meilleur. Trop de choses manquait ici et en même temps, il y avait encore trop de mauvais souvenirs. Des souvenirs de mes malheurs et de celle que j'étais. J'avais le sentiment d'avoir tant changé depuis que j'avais quitté le village. J'avais beau avoir cette malédiction qui coulait dans mes veines, je me sentais pleinement vivante.

- Ce ne sera pas assez grand.

Élizabeth me sortit de mes pensés, me ramenant à la réalité de la situation. C'est vrai, nous n'étions pas ici pour que je ressasse mes souvenirs. C'était l'heure de faire un nouveau pas vers l'avant et mon ancienne maison était clairement trop petite pour accueillir un loup d'une taille encore inconnue.

- Et si j'étais une louve minuscule?

- Hm, je crois avoir déjà entendu la phrase: ce n'est pas la taille qui compte.

- Bien vu! N'empêche, je suis petite alors ce ne serait pas surprenant.

- Ce n'est pas juste par rapport à la taille de la pièce tant que je préfère que tu ne te blesse pas pendant le processus.

- Me blesser? Zut, moi qui croyais seulement que j'allais briser chaque parcelle de mon corps.

- Ce n'est pas drôle. La douleur est déjà intense sans que tu ne trébuches sur un bidule quelconque.

Je m'imaginais aussitôt me cogner le petit orteil contre la table et grimaçait. C'était déjà rageant en temps normal alors je préférais ne pas en connaître les effets en pleine transformation.

- Nous avons un abris sous-terrain en cas de mauvais temps. Ça devrait faire l'affaire.

- Sous-terrain comme sous la terre?

Je hochais la tête la faisant froncer les sourcils.

- Ok je suppose que ça devrait être bien

Je rigolais en lui prenant la main, l'attirant à ma suite vers la sortie arrière. Il y avait, juste entre le balcon arrière et le coin de la maison, une vieille porte double en bois au niveau du sol. Je ne l'avais ouverte qu'une fois lorsque j'étais gamine. Mon père m'avait expliqué que c'était un abris en cas de vents trop forts mais nous n'avons jamais eu à l'utiliser. Élizabeth tira sur les poignés, dévoilant une volée de marches en béton. Je m'y engageais seule. Élizabeth semblait figée sur place.

- C'est lugubre comme endroit.

Ses yeux jaunes percèrent l'obscurité d'un air incertain.

- Il y a de la lumière en bas, il suffit d'allumer la lanterne. Ne fais pas ta trouillarde.

ÉlizabethOù les histoires vivent. Découvrez maintenant