Chapitre 48

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L'herbe était verte et tendre. Le soleil brillait haut dans le ciel et le vent nous soufflait de douces mélodies au travers des branches et des feuilles. L'été s'annonçait merveilleusement bien. Mon jardin était encore plus beau que l'année précédente et j'en étais très fière. Ma mère aurait pu cuisiner de super repas si elle ne nous avait pas quitté pour aller vivre en ville. C'était il y a plusieurs années mais non, je ne le lui avait pas pardonné.

Mon père s'accrochait à la vie, malgré sa maladie. Il était très fier de moi depuis que j'étais devenue commandant et s'amusait encore à me donner des conseils ou des tests que je réussissais haut la main. J'étais rapidement monté dans la hiérarchie après avoir réussi mon examen. Encore plus rapidement que lui au même âge et je n'allais pas m'arrêter là. Je comptais bien siéger un jour au conseil.

À 25 ans, ma vie allait comme sur des roulettes. J'en avais un contrôle total. Je faisais assez d'argent pour payer les médicaments de mon père, la maison, un aide cuisinier parce que j'étais toujours aussi catastrophique dans une cuisine et je pouvais aussi payer l'école à domicile pour John.

Mon petit frère avait une imagination débordante et rêvait de devenir auteur. Je sais, ça peut sembler surprenant mais je croyais vraiment en lui. Il avait beau être trisomique, pour moi il pouvait tout accomplir. Ses récits sur les loups-garous étaient passionnants. Certes, tous ceux que j'ai vu dans ma vie avaient eu une fin rapide mais c'était rafraîchissant de lire quelque chose de différent. Disons que mis à part des livres d'histoire de biologie et d'histoire, nous avions peu d'écrits sur eux. Puis, j'aimais bien son personnage principal; une femme loup aux longs cheveux blancs et aux yeux jaunes. Elle avait l'air plutôt sympa mais je ne l'avouerais jamais devant John. La dernière chose que je voulais était de l'encourager à rencontrer de vrais loups. S'il devait arriver quoi que ce soit à mon frère, je n'hésiterais pas à entrer dans cette forêt pour tous les exterminer. Je sais, c'est un peu drastique mais rien au monde ne m'était plus précieux que lui.

Bref, c'était un Mardi comme les autres... ou pas... En fait, j'ai une sorte de malédiction avec cette journée. Il m'arrive toujours les pires catastrophes. Comme quand j'ai voulu faire un gâteau et j'ai presque mis le feu à la maison... ouais. Mais cette fois, j'avais de l'espoir.

J'avais passé ma matinée au centre pour planifier une escorte pour des dirigeants de la capitale. Ils venaient visiter et si tout allait bien, nous pourrions avoir des fonds supplémentaires pour de nouveaux équipements. Les nôtres avaient grandement besoin d'être changé. De plus en plus de loups traînaient dans les environs. Nous en avions tué cinq le mois dernier. Ils osaient venir au village. J'ignore pourquoi ils venaient mais nous les abattions à vue. C'était ainsi depuis toujours et ça le resterait.

En sortant vers midi, j'étais passé à la boulangerie faire quelque courses et j'étais rentrée tranquillement à la maison. Mon père dormait alors j'avais grignoter en sandwich et j'étais sortie dehors avec Pinpin; le petit lapin que j'avais offert à John pour son anniversaire. Je le laissais souvent se promener dans la cours. J'aimais bien lui lancer des petits fruits pour le voir les chercher partout. Puis ça le gardait actif!

Cette fois, c'était des fleurs comestibles. Il bondissait derrière moi pour les manger pendant que je profitais de la belle température. J'étais bien ici et avait depuis longtemps oublié mes rêves de voyage.

Je fredonnais un air typique de chez moi quand un bruissement me fit sursauter. Je me tournais vers la forêt, couteaux déjà en main et tous mes sens en alerte. Du coin de l'oeil, je vis le lapin sentir les alentours, ses oreilles bien droites. J'étais prête à me battre et lui à s'enfuir.

Le vent fit danser les arbres mais les fougères au pieds de l'un d'entre eux ne suivit pas le rythme. Heureusement, je ne me séparais jamais de toutes mes armes. Une de mes lames se planta dans le tronc et j'attendais de voir ce qui sortirais de là.

- HA!

Un lièvre fila entre mes jambes, ses pattes allaient presque aussi rapidement que mon coeur. Je rangeais mon couteau en soufflant.

- Tu vois Pinpin, un simple lièvre.

J'allais reprendre mon arme dans le tronc et vit, en me retournant, le lapin gratter frénétiquement à la porte de la maison. Mon instinct hurla. Je projetais mon poing armé vers l'arrière. Une poigne dur comme le métal retint mon bras. Je lançais un autre couteau mais ratais le courant d'air qui revint me souffler dans le dos. J'envoyais une volée de lames mortelles en suivant le souffle qui me donnait la chair de poule et... fit mouche.

- Impossible.

Je n'avais jamais rater un lancé. Qu'était cette créature?

Plus de couteaux mais je gardais toujours une lame entre mes omoplates. On me poussa violemment contre l'arbre, le manche d'un de mes propres couteaux me frôla l'oreille et je brandit ma machette devant mon cou pour parer une attaque... qui ne vint pas.

- On se calme petit lapin ou je te mangerai pour remplacer le lièvre que tu as fait fuir.

Je croisais avec hargne le regard émeraude d'une femme qui me rappela aussitôt mon frère. Elle avait de longs cheveux blancs comme son personnage et une peau presque aussi pâle. Seul ses yeux différaient de sa description et sa nonchalance suite à mon attaque me confirmait une nature identique.

- Dégages de chez moi.

- Tsk, le manque de politesse des humain est presque triste.

- Je n'ai pas à être polie.

- Pourtant tu devrais... regarde bien autour de toi commandant. C'est toi qui est chez moi, je fais ce que je veux.

Merde, elle avait raison. Dans le feu de l'action, j'étais entrée sur son territoire. Ce n'était que de quelques mètres mais j'avais tué des loups pour moins que ça. Mais si elle croyais que j'allais me laisser avoir aussi facilement, elle se faisait des illusions.

- Essaies un peu pour voir.

Elle ne répondit rien. Au lieu de cela, elle m'arracha ma dernière arme et me fit prisonnière entre elle et le tronc d'arbre avant même que je n'ai le temps de respirer.

- Tu veux toujours jouer?

Ouais... peut-être pas finalement. Je ne l'avais même pas vu bouger. Elle était beaucoup, beaucoup plus forte que tous les loups que j'avais rencontrer jusqu'à présent. Je tentais de bouger mais elle m'immobilisait complètement tout en affichant un sourire suffisant. Je fis non de la tête. Ce n'était pas une bataille que je pouvais gagner seule.

- Parfait. Maintenant que tu es devant moi, dis moi, aurais-tu vu un loup blanc traîner dans le coin?

- Oui, toi.

-... Sur quatre pattes.

Souffla-t-elle entre ses dents, pas le moins du monde impressionnée par ma tentative d'humour.

- Si tu le fais, je pourrais dire que oui.

- Tu vas arrêter et répondre à ma question?!

- Je suis stressée... alors non... peu de chances.

Son grondement résonna jusque dans ma propre poitrine et une petite voix me chuchota qu'il valait mieux pour moi d'arrêter de dire des conneries. Même si sa proximité était franchement malaisante.

- Je n'en ai pas vu. Pourquoi?

- Ça ne te regarde pas, belle Yumi.

- Quoi? Tu connais mon nom... mais comment?

Un sourire familier étira ses lèvres, me donnant la chair de poule.

- Appel ça le destin.

- Je ne crois pas au destin.

- Tu devrais... Yumi.

Yumi... YUMI... YUMI... YUMI ALLER BOUGE!

***
Prochain chapitre la semaine prochaine!! Quels sont vos impressions sur celui-ci et quelle est sa morale?

xxx
Anna

ÉlizabethOù les histoires vivent. Découvrez maintenant