Chapitre 64 (c)

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Il ne s’écoula qu’environ quinze minutes avant qu’on ouvre à nouveau la porte. Décidément, j’étais populaire aujourd’hui. Bastien revenait, cette fois accompagné d’Ethan dont le sourire timide me fit du bien. Notre dernière rencontre ne s’était pas bien déroulée et en dépit que je ne comptais pas changer mes plans, je n’aimais pas l’idée d’être en froid avec lui. Il avait troqué sa chaise roulante pour des béquilles, mais il ne semblait pas encore tout à fait à son aise. Pas étonnant, je n’avais moi-même jamais compris comment on pouvait avancer avec ses trucs sans se déboîter les épaules.

— Hey, comme tu peux le constater, je n’ai pas vraiment eu le temps de travailler la décoration.

Il fronça les sourcils en observant les alentours d’un œil faussement critique.

— Tu es certaine ? Pourtant j’aurais juré que tu avais repeint les murs ! Blanc cassé, non ?

— Je dirais blanc sale, mais c’est une question de point de vue.

Nous éclatâmes de rire, chassant une bonne fois pour toutes la tension qu’il restait entre nous. J’aurais aimé pouvoir le serrer dans mes bras, mais je savais déjà que ce ne serait pas possible. Je n’avais pas le sentiment d’être dangereuse pour lui, mais il valait mieux ne pas prendre de risque. Pour une journée où elle aurait assurément le contrôle, je trouvais ma louve bien calme.

— Alors, quoi de neuf dehors ?

— Rien de particulier sinon que certains loups se rapprochent de nous. J’en ai vu s’entraîner avec des chasseurs.

— C’est super ! J’aurais bien aimé pouvoir voir ça de mes propres yeux.

— Tu ne pourras pas rester enfermée toute ta vie. On finira bien par trouver une solution.

Je secouais la tête. C’était vrai que je ne trouverais rien en restant ici, mais si je pouvais déjà passer la pleine lune sans causer d’ennui ce serait franchement bien. Je verrai pour la suite quand cette étape sera franchie.

— Avez-vous des nouvelles des autres ?

— Non… Élizabeth disparaît tous les jours, mais ne semble pas trouver quoi que ce soit.

L’étau de la panique resserra ma poitrine. Depuis combien de temps avaient-ils disparu maintenant ? Y avait-il seulement un espoir qu’ils soient vivants ? John était encore si jeune… comment était-il traité ? Et mon père ? Sans ses médicaments il y avait très peu de chance qu’il ait tenu le coup, alors mon frère était sans doute seul. Si seulement je pouvais mettre la main sur cet Alpha… j’ignorais ce que je lui ferais subir, mais il ne s’en tirerait certainement pas en un morceau. Il avait gâché ma vie, détruit ma famille et mon couple. Par sa faute, j’étais aux prises avec une créature en moi sur laquelle je n’avais aucun contrôle et qui pouvait anéantir tout ce que j’aimais. Pour toutes ces raisons et tant d’autres, il méritait bien pire que la mort.

Ma colère du monter à mes yeux parce que je sentis un changement dans l’atmosphère de la pièce. Bastien avait maintenant la main sur son arme et Ethan me fixait avec le même air surpris que la dernière fois. J’entendis ma louve gronder au fond de mon inconscient.

— Ne dégaine pas, Bastien…

J’expirais doucement alors que son esprit venait peser durement contre le mien.

— Surtout, restez calmes et ne bougez pas.

Ma voix était grondante. Je me mordis la lèvre inférieure jusqu’à sentir le goût ferreux de mon sang. La douleur m’aida à garder mes esprits et elle se retira lentement, à ma grande satisfaction. J’allais soupirer de soulagement quand la porte tourna à nouveau sur ses gonds.

ÉlizabethOù les histoires vivent. Découvrez maintenant