Élizabeth

Chapitre 73

Je la fixais avec insistance, à mis chemin entre colère et hébétement total pendant qu'elle cherchait encore une fois ses mots?

- Il est vivant si on peut dire. Les blessures que tu lui as infligées vont finir par l'achever. Il est enfermé dans une cellule pour le moment et malgré mes tentatives, il n'acceptera de parler qu'à toi.

Mais alors qu'était-il arrivé quand elle était partie à sa poursuite? Ce souvenir était le seul qui était clair dans mon esprit; elle s'était élancée à sa suite dans la forêt sous sa forme hybride.

- Tu me racontes?

Elle s'exécuta et me raconta tout à partir du moment où j'étais tombée. Les loups de Roan s'étaient immédiatement soumis quand il s'était enfui. Son emprise sur eux s'était relâchée grâce à ma victoire et ma mère m'avait fait mener à Ethan pour que je suis soignée.

Éli, quant à elle, avait habilement poursuivit l'Alpha de sorte à le mener vers le champs fleuris. Là, Clara qui avait disparu depuis mon invasion avait monté un piège en s'inspirant de ceux de Roan lui-même. Elle avait bâti une sorte de collet mais d'une solidité digne d'un loup roi et il avait couru directement dedans. Élizabeth avait l'habitude de l'attaque sensoriel des fleurs mais pas lui et leur plan était basé justement sur ce point précis. Une fois capturé, Éli avait déterré une chaîne en argent et elle l'avait capturé. Je l'avais tellement amoché qu'il s'était à peine débattu même sous la brûlure du métal. Elle avait pris sa forme hybride pour une raison totalement pragmatique. Ses mains lui permettaient de tenir la chaîne mais ses poils protégeaient ses coussinets à peine développé de l'argent.

- Nous n'y serions pas arrivés sans ton plan. Encore moins avec si peu de perte.

Je hochais la tête, franchement impressionnée. Je n'aurais moi-même jamais songé à utiliser les fleurs pour camoufler les odeurs de Clara et du piège sans compter la chaîne. Élizabeth avait enfin eu de l'avance sur lui et à nous deux cette avance avait mené à la victoire. Je n'arrivais pas pour autant à en être heureuse. Le prix que ma famille et moi avions payé était énorme et ce n'était pas terminé. Mon père était mourant et John l'était probablement tout autant quoi que d'une autre manière. Je n'étais pas dupe. À moins d'un miracle et que la transformation ne le tue pas, il n'avait pas les capacités pour contrôler son loup et deviendrait une menace. Élizabeth tenta de me rassurer un moment mais rien n'y faisait et elle-même manquait de conviction. Pourquoi avait-il fallu que Roan vienne par ici? Pourquoi perdais-je tous ceux que j'aime? Je regardais ma compagne le cœur serré par le chagrin. Les Chasseurs étaient-ils destinés à la solitude?

***

Je dormis peu cette nuit-là. Entre mes questionnements et mes pensées orientés vers Roan, la douleur à ma hanche avait finit par se manifester. J'avais l'impression que des tisons ardents pénétraient ma chair. Chaque frisson, chaque mouvement me faisait serrer les dents. Ethan m'avait bien averti que malgré la dose massive qu'on m'injectait, les anti-douleurs ne feraient pas effet bien longtemps. J'avais beau me tourner dans un sens comme de l'autre, il n'y avait absolument rien à y faire. Lassée et surtout frustrée, je décidais de me lever pour me dénouer les pattes. Je retirais les tuyaux de mon bras en ignorant le sang qui ne perla que quelques secondes. De toute manière ces produits ne servaient clairement plus à rien. Sortir du lit fût particulièrement difficile. Je n'avais que peu de force dans les jambes et ma hanche ne me permettait aucun mouvement de pivot. Je pris dans l'armoire une béquille sur laquelle m'appuyer et sortit de l'infirmerie dans ma superbe robe d'hôpital rose. Au point où j'en suis.

Grâce à mes nouveaux sens de loup, je voyais clairement dans l'obscurité. Le monde était devenu noir et blanc mais je n'avais aucun risque de me cogner le petit orteil. Je me dirigeais d'abord vers la cafétéria qui n'était pas trop loin. J'espérais bien y trouver un encas. Élizabeth m'avait ramené de la viande de lapin plus tôt mais la perspective d'un macaroni au fromage me faisait saliver d'envie.