Chapitre 68

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C'est le corps bouillant que j'attendais le premier affrontement. Ils voulaient que je me transforme pour m'attaquer, mais je ne commettrais pas l'erreur de me rendre vulnérable une seule seconde. Je fermais les yeux, me concentrant sur mon ouïe et mon instinct. Je sentis ma mère s'éloigner et ce fut interprété comme un signal de départ. Ils se ruèrent tous sur moi en même temps. J'attendis, attendis encore, me recroquevillais et juste au dernier moment je sautais aussi haut que je le pouvais. Le pouvoir que j'avais accumulé dans mes jambes m'envoya sur les branches du grand pin alors que les loups se fonçaient les uns sur les autres. Je souris malgré les épines qui éraflaient désagréablement ma peau. Mes crocs me piquèrent les lèvres et je fus surprise de constater que je ne me retenais pas avec mes ongles, mais avec des griffes aux mains et aux pieds. Je sentis sa présence comme le battement d'un deuxième cœur. Les loups étaient des proies et elle était bien heureuse de faire équipe avec moi pour les éliminer.

Étaient-ils coupables ou bien manipulés ? En d'autres circonstances, je m'y serais probablement arrêtée, mais l'heure n'était pas au doute. Ils étaient mes ennemis et à moins de se rendre, ils étaient morts.

Ils tournèrent en rond, me cherchant du regard. Un grand loup gris finit par utiliser sa tête, ou plutôt son flair et il leva les yeux. Le plus intelligent allait être le premier à mourir. Je me projetais sur lui à l'aide de la branche. Il m'évita, mais je l'avais vu venir. En atterrissant, je tendis le bras, les griffes sorties, et lui ouvris la gorge du torse à la gueule. Je n'eus pas le temps de vérifier sa mort qu'on me bondit sur le dos. Je sentis des crocs s'enfoncer dans mon épaule et criais, mais ma louve ne nous laissa pas tomber. Elle prit à pleine main la fourrure du collet de notre agresseur et le jeta au loin. Il atterrit contre un arbre, sonné. Je sautais, évitant une nouvelle attaque. Mais combien étaient-ils ? Une nouvelle esquive sur le côté et mon poing s'abattît sur son crâne, le fendant en deux aussi sec. Cette force surhumaine était bien utile surtout que je n'étais pas tellement plus habile qu'avant au corps à corps. Je me glissais sous la bête qui courrait vers moi, passant sous ses pattes que je fauchais directement non sans récolter un coup de croc qui glissa le long de mon dos. La vitesse de sa course combinée à la force avec laquelle j'avais tiré lui fit se rompre le cou au sol.

Le loup brun que j'avais envoyé contre l'arbre avait eu le temps de se relever. Il semblait ne rester que lui. Nous nous toisions sans qu'aucun de nous ne fasse le premier pas. Il regarda mon épaule qui était déjà redevenue lisse, puis le jaune croisa le rouge. Je grondais dans sa direction, le mettant au défi de m'attaquer. Un dernier échange de regard et il baissa les oreilles et sa queue en signe d'abandon. Je me détendis, les membres douloureux suite à tant d'effort. Combattre sous cette forme était grisant, mais difficile. Mes griffes redevinrent des ongles et mes crocs, de simples dents. Était-ce volontaire ? Pas du tout. Mon corps m'obéissait sans vraiment le faire alors qu'il criait de fatigue. Je n'avais pas l'impression de demander quoi que ce soit, mais ma louve suivait mon état d'esprit. Le garou n'étant plus une menace, elle ne ressentait plus la nécessité d'attaquer, confirmant ainsi ma théorie.

Il était jeune, probablement un adolescent si je me fiais à sa taille et au manque d'épaisseur de son pelage. Il regardait les corps autour de nous avec tristesse. Ça me fit mal de penser que je venais peut-être de tuer ses amis.

— Je suis désolée...

Nous échangeâmes un regard triste.

— Tu devrais partir... va vers le Nord, aussi vite que tu le peux pour lui échapper. Quand tout sera terminé, tu pourras revenir. Une famille t'attendra.

Ses oreilles firent un léger bond vers l'avant. Il hocha la tête et détala entre les arbres. J'espérais franchement que tout se passerait bien pour lui.

ÉlizabethOù les histoires vivent. Découvrez maintenant