Chapitre 66

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Cette partie de la forêt était si dense que je parvenais à peine à distinguer le sol de terre. Le soleil peinait à traverser la voute feuillue, obligeant la vie à s'élever dans sa direction. Racines et buissons tendaient leurs griffes afin de me piéger, mais grâce à Océane qui dirigeait notre groupe, nous arrivions à avancer malgré tout.

Je gardais un œil sur elle, calquant ses mouvements tout en observant les alentours à la recherche de pièges que l'autre meute aurait posés. J'étais convaincue qu'il y en avait, sinon leur fuite n'avait aucun sens logique et la seule chose que je savais dur comme fer sur cet Alpha était qu'il était loin d'être idiot.

Je sautais par-dessus un rocher, ma queue frôlant une branche qui n'aurait pas dû se trouver là. Mon instinct s'éveilla, mon poil se dressa et je glissais sur le côté, évitant une corde avec un nœud coulant qui tomba juste devant mes yeux. Les loups qui couraient derrière moi glapirent de surprise, mais aucun ne se fit prendre, heureusement.

La louve au pelage bleu ralentit afin que je la rattrape. Je lui envoyai une image de ce qui venait de se produire et sentis son malaise. Aucun d'entre nous n'avait l'habitude de ce genre de chose. Les humains n'avaient pas le droit d'installer de pièges dans la forêt alors ils n'avaient jamais été confrontés à cela. J'étais donc celle qui avait le plus de chance de les voir, mais comment faire ? Je n'étais pas pour courir dans tous les sens en espérant les enclencher sans me faire prendre ! Il fallait agir en utilisant notre tête. Si seulement Élizabeth était là, elle aurait déjà trouvé une solution.

Je fis arrêter le groupe. Il ne servait à rien de courir dans tous les sens en espérant les trouver. Océane arrivait sans doute à les traquer, mais en courant nous ne pouvons pas y parvenir. Nous avions trouvé un piège, nous étions donc sur la bonne route, mais je doutais que nous allions découvrir la meute au bout du chemin. Ils devaient être éparpillés, prêts à nous attaquer dès que l'un de nous serait dans une mauvaise posture. Notre seule chance était d'être plus malins. Après tout, ils ne faisaient que suivre les ordres de leur Alpha et n'en dérogeraient pas. Nous avions donc l'avantage que nous n'avions pas de ligne de conduite obligatoire et je venais justement d'avoir une idée.

S'ils attendaient que nous soyons pris dans des pièges afin d'attaquer, nous allions jouer à leur jeu ! L'un de nous allait devoir se laisser avoir. Océane passa le message aux autres. Le choix se porta sur un jeune bêta agile, mais sans véritable expérience de combat. Il fallait faire bien attention à ce que le piège ne le tue pas, mais il avait quand même de grandes chances d'être blessé. Il accepta néanmoins cette fatalité la tête haute. Bien, il nous fallait maintenant trouver la bonne attrape.

***

Il nous fallut plusieurs essais avant de trouver ce que je cherchais. Entre-temps, nous en avions déclenché une bonne quantité sans vraiment le vouloir, ce qui me causait une certaine frustration. Je savais que c'était normal et que nous ne pouvions pas avoir les yeux partout, mais cette dose supplémentaire de stress était loin d'être nécessaire. Je les sentais, ils étaient tout autour de nous et attendaient le bon moment. Pourquoi ne les attaquions-nous pas ? Parce qu'ils étaient plus nombreux et que j'étais à peu près certaine qu'ils pouvaient nous écraser. Notre seule chance était d'utiliser leurs ordres contre eux. La bataille était inévitable, mais avec l'effet de surprise, j'étais sûr de notre victoire... à moins que ma louve ne pose problème. Pour le moment, elle était tranquille et je trouvais ça louche. Après tout, même si la lune n'était pas encore visible, elle arriverait à prendre le contrôle si elle le voulait.

Nous avions trouvé un piège à lapins fabriqué avec une corde. Il n'était pas fait pour tuer, mais pour capturer afin d'abattre la prise. C'était l'idéal, mais il fallait bien jouer nos rôles. Le bêta se nommait Micka. Il était particulièrement nerveux, mais je lui fis comprendre que le piège n'était pas très dangereux et qu'il n'y resterait que peu de temps. Néanmoins, il allait être complètement seul pour la première partie de mon plan. C'était plutôt simpliste, mais parfois c'est la simplicité qui s'avère le plus efficace. Une fois coincés, les autres allaient inévitablement se rapprocher. Nous allions en profiter pour les contourner et les prendre à revers. J'avais aussi un plan B dans ma poche, mais j'espérais ne pas avoir à l'utiliser parce que je n'étais pas vraiment certaine de sa fiabilité. Bref, Micka devait tenir le temps que nous prenions nos positions et ça ce n'était pas forcément gagné. Heureusement pour nous, cette trappe était entourée par de nombreuses autres, ce qui ralentirait nos ennemis, mais je pouvais également me tromper et les sous-estimer. Les risques étaient bien présents, mais nous n'avions pas le choix, il fallait agir. Pendant ce temps, Élizabeth était seule pour affronter je ne sais quoi et cette idée ne me plaisait pas.

ÉlizabethOù les histoires vivent. Découvrez maintenant