J'ignorais depuis combien de temps j'étais enfermée. De ma cellule, je ne voyais pas la lumière extérieure. Il n'y avait qu'un plafonnier électrique que je pouvais allumer et éteindre. L'éclairage filtrait par les barreaux du plafond et n'illuminait que ma silhouette attachée au mur par des chaînes. Heureusement, j'avais une certaine liberté de mouvement, mais pas assez pour arriver à les briser. C'était seulement suffisant pour m'allonger sur le sol froid quand je voulais dormir. Bastien était venu me voir quelques fois afin de me donner des nouvelles sur le village. Les loups ne l'avaient pas quitté comme je m'en doutais. Élizabeth tiendrait sa parole malgré que j'aie rompu avec elle. Ce souvenir me hantait, mais je ne pleurais plus. J'avais fait ce qui devait être fait pour sa sécurité, mais dès que je m'allongeais, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer ses bras m'enlaçant pour me garder bien au chaud. C'était une belle illusion, bien que je ne ressente plus vraiment le froid. Mon corps se réchauffait de lui-même quand la température baissait, sans doute la nuit. D'ici, je ne sentais rien et n'entendais rien. La pièce était faite pour contenir un loup-garou et elle servait enfin !
Je savais aussi qu'Ethan allait de mieux en mieux et voulait bientôt me rendre visite. J'avais accepté puisque je n'étais pas un danger pour les humains et je n'avais pas oublié que je devais voir son souvenir de l'attaque. Je savais que ma louve ne s'en prendrait pas à lui, simplement car elle n'en avait rien à foutre. J'avais passé suffisamment de temps enfermée ici avec elle pour réussir un peu à comprendre son comportement, mais sans plus. Je ne parvenais pas à communiquer avec elle ni elle avec moi. C'était comme si quelque chose nous en empêchait, surement la malédiction. J'avais parfois l'impression qu'elle voulait me dire quelque chose, mais il n'y avait rien à faire. Quant à moi, j'en avais enfin eu marre de l'insulter. J'acceptais ma situation en fait... pour la première fois depuis longtemps, je comprenais ce qu'il m'arrivait et avoir pris la décision de me faire enfermer me redonnait le contrôle de ma vie. En un certain sens... je ne me sentais plus perdue, mais sans elle j'étais vide. Je plaçais, néanmoins, tous mes espoirs en elle. Elle réussira à sauver ma famille.
Le bruit des loquets me fit lever les yeux. J'allais donc avoir de la visite aujourd'hui, ça ne ferait pas de torts. Je n'aimais pas l'idée de parler autant dans le vague. Je souris en voyant Bastien et encore plus quand Ethan entra à sa suite. Il était en chaise roulante et couvert de bandages, mais c'était bien lui. Je me levais et voulus instinctivement aller le serrer dans mes bras, mais les chaînes me retinrent bien en place à seulement deux mètres du mur.
— Bah dit donc Poucette. Tes talents en décoration ne se sont pas améliorés, hein !
Il me fit un sourire forcé alors que sa compassion flottait jusqu'à mes narines et effleurait mon esprit.
— On dirait pas non, mais je trouve que ça manque encore de peluches !
— Dans ce cas, j'ai bien fait de t'amener un cadeau.
Je penchais la tête sur le côté alors qu'il se tortillait pour attraper quelque chose dans son dos. Je hoquetais de surprise en le voyant sortir ma peluche en forme de loup blanc. Celle-là même avec laquelle j'avais fait un bisou sur le nez d'Élizabeth la première fois qu'elle était montée dans ma chambre. Mon cœur se serra douloureusement.
— Je croyais l'avoir jeté... il y a des années...
Il haussa les épaules.
— Je l'ai récupéré et caché. Juste au cas...
Mes yeux se voilèrent de larmes quand Bastien vint me la donner. J'enfouis instinctivement mon nez dedans et pris une bonne inspiration. Elle avait son odeur... sucrée, boisée et... salée ? Mais elle n'aurait pas dû. Je levais un regard mauvais vers mon meilleur ami et je sentis ma louve pointer le bout de son museau. Le commandant saisit son arme et je compris que mes iris avaient changé, mais Ethan ne bougea pas d'un millimètre.
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Élizabeth
Hombres LoboJe crus sombrer quand une idée me traversa l'esprit. Et si nous éliminions un risque dès maintenant? Et si nous prenions les devants pour une fois? Et si je décidais d'être courageuse et d'affronter ma peur? Peut-être cela ferait-il changer le cours...