Élizabeth

Chapitre 50

Je la tins contre moi un long moment, essayant de lui communiquer tout le calme dont je disposais. Ma propre adrénaline retombait doucement me laissant avec la terrible vérité que j'aurais pu la perdre. Ils auraient pu la tuer... vraiment. Ces salops m'auraient à jamais privé de mon âme soeur, mon Alpha... ma seule lumière dans ce monde de fou qu'était le miens. Comment avais-je pu espérer ne l'avoir jamais rencontré? N'avais-je pas déjà fait partie de ces enfants qui rêvent de trouver un jour le grand amour? Qu'elle soit différente ne faisait pas de moi une personne moins chanceuse. Notre vie était difficile mais je ne l'aurais pas échangé... jamais.

- Comment te sens-tu?

- Épuisée.

Sa voix était rauque et monotone. C'était bien la première fois qu'elle sonnait aussi désagréablement à mon oreille. Je ne pouvais pas lui en vouloir. À sa place, je serais sans doute morte ou en crise de larme mais je n'aimais pas la sentir aussi à bout de force. Elle m'inquiétait. Surtout que je savais qu'elle ne s'arrêterait pas là et qu'il n'y avait que devant moi qu'elle acceptait de montrer ses faiblesses. Aussitôt sortie de cette pièce, elle ne laisserait plus rien paraître. Étais-ce par orgueil ou par nécessité? Peut-être bien un peu des deux mais si elle tombait, je serai la pour la rattraper.

- Donnes-moi une minute.

Elle me laissa m'éloigner à contre-coeur mais un simple coup d'oeil me suffit pour remarquer qu'elle avait reprit des couleurs. C'était bon signe malgré les poches sous ses yeux et ses cheveux emmêlés plus que jamais. Sans mentionner qu'elle était complètement nue avec une plaie loin d'être jolie. Heureusement, j'avais le nécessaire pour ça.

L'infirmière gardait toujours des survêtements de sport en cas d'urgence. Il n'était pas rare qu'un élève arrive avec des vêtements tachés de sang, ils avaient donc toujours cette option. Je n'étais pas certaine que le orange et le violet soient les couleurs d'Élizabeth mais ça ferait l'affaire.

Je lui fis un bandage rapide après avoir mis une petite crème anti-bactérienne. Je sais, ce n'était pas nécessaire. Elle guérissait trop vite pour que ce soit utile mais je voulais prendre un peu soin d'elle.

Elle ne fit aucun commentaire sur les vêtements trop petits, se contentent de les enfiler doucement avec mon aide.

- Bon... tu te sens d'attaque?

- Il le faut.

J'hochais la tête. Il n'y avait rien à ajouter. Nous n'avions pas le choix.

- Je retournerais bien au chaud dans la tanière.

Elle croisa mon regard et caressa doucement ma joue. Je fermais les yeux de bien-être. Ce simple contact suffit à me redonner de l'énergie.

- Moi aussi ma belle. On va s'en sortir et rentrer chez nous, je te le promets.

- Tant que je suis avec toi, je suis chez moi.

Elle m'effleura de ses lèvres et leurs douceur me dit fondre une fois de plus. Sa chaleur, sa tendresse, son calme mais aussi sa force et sa passion en faisait une personne si complexe que je ne connaîtrai probablement jamais entièrement. Une seule chose était certaine; elle m'aimait. Je ne pouvais pas en douter. Encore moins alors qu'elle me tenait ainsi contre elle, son esprit si ouvert que je pouvais sentir toute son affection pour moi. Alors pourquoi avais-je constamment autant de doutes de mon côté? Pourquoi semblais-je incapable de faire comme elle?

Je rompis le baiser  non sans regret. Elle me fit un magnifique sourire, ce genre qui éclair ses beaux yeux verts d'une lueur magique. Puis, résolue elle se redressa fièrement et remis son masque d'Alpha.