Élizabeth

Chapitre 65 (c)

Je déambulais dans ces rues que je connaissais si bien en prenant garde de rester à l'ombre des maisons. J'approchais en silence du centre où je sentais maintenant les deux Alphas. Quelques bruits de voix me vinrent aussi aux oreilles, mais ce n'était pas clair. J'arrivais néanmoins à reconnaître celle d'Élizabeth et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je voulais tant la rejoindre et me tenir à ses côtés, mais ils me croyaient tous enfermée et j'espérais pouvoir changer la donne.

Je les vis enfin près de la fontaine. Tous deux n'étaient qu'à quelques mètres l'un de l'autre, chacun gardant leur clan derrière eux. Les voir ainsi face à face avait quelque chose d'impressionnant. J'avais beau détester Roan, je ne pouvais nier sa prestance de roi tout comme Élizabeth avait tout d'une reine. La sorcière qui avait maudit le premier Alpha avait vraiment créé des êtres magnifiques.

— Annonce le combat que nos meutes n'aient pas à s'entre-tuer.

— Je ne suis pas idiot, je n'arriverais pas à te vaincre en un contre un. Crois-tu réellement que je suis venu ici sans un plan ? Voyons, tu dois pourtant commencer à me connaître.

— C'est pour ça que tu as enlevé des humains ? Parce que tu crois avoir un ascendant sur moi ?

Il éclata de rire en la pointant du doigt comme si elle n'était qu'une enfant qui avait fait un mauvais coup.

— Je ne le crois pas, je le sais. Je voulais tuer ton père depuis des années, mais ta présence à ses côtés rendait les choses plus compliquées. Je ne l'aurais jamais vaincu, car il t'aurait envoyé combattre à sa place ou bien vous m'auriez abattu à deux. J'ai commencé à échafauder un plan quand j'ai vu ton attachement pour la petite humaine. Quelle bénédiction ! Enfin un point faible ! Puis, tu as tué ton père pour la protéger. Je ne pouvais rêver mieux. Tu étais seule et tu m'as offert un jouet idéal quand tu l'as quitté.

Je l'entendis gronder d'ici, il commençait à effriter ses nerfs. Il cherchait sûrement à lui faire perdre patience pour qu'elle l'attaque, mais elle n'était pas du genre à agir sans réfléchir même si ses traits tirés et les cernes sous ses yeux me donnaient matière à réflexion. J'en étais néanmoins persuadée, jusqu'à ce qu'il tire ma mère devant lui en la tenant par les cheveux.

— Regarde ma chère, ta sublime belle-fille. Tu dois être si fière de ta petite chasseuse.

— Lâche-moi...

— La ferme, tu n'as pas le droit de parole.

— Relâche la mère de Yumi immédiatement !

Élizabeth avait fait un pas vers l'avant et tous les loups se tendirent, prêts à l'attaque. Roan émit un rire gras, bien satisfait de sa réaction.

— Oh là là, mais quel instinct de protection ! Elle m'appartient alors j'en fais ce que je veux, tout comme ta chère compagne. Il faut dire qu'elle est plutôt effrayante même si elle est dans une cellule.

Je vis Éli blêmir d'ici, ses membres se mirent à trembler.

— Si tu as osé...

— Lui faire du mal ? Aurais-tu oublié qui l'a transformé ? Elle n'a pas d'autre choix que de m'obéir.

— Mensonge ! Yumi n'obéit à personne... et si c'était réellement le cas, tu l'aurais amené juste pour en faire la démonstration.

Là, elle avait bien raison. Je soupçonnais qu'il s'agissait de la véritable motivation de sa visite. Il espérait arriver à me contrôler, mais ma meute et moi savions que personne n'en était capable et que si j'avais à répondre d'un pouvoir, ce serait celui de NOTRE Alpha. J'entendis des loups murmurer dans nos rangs, ils parlaient de moi, mais je ne parvenais pas à les comprendre.