Prologue

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Je me nomme Yumi, je suis une descendante de la première famille de chasseurs qui ont juré de protéger le village, il y a des centaines d'années. Mon père en est l'instructeur en chef donc oui je suis des entraînements de combat, mais je déteste ça. L'idée de tuer des êtres vivants me donne la nausée. Mes parents se disputent toujours à ce propos parce que ma mère veut m'accorder le choix, mon paternel dit que je dois devenir assez forte pour le remplacer un jour. Vous voyez le tableau...

Heureusement, il y a cinq ans mes parents m'ont fait la joie d'avoir un fils. Ce fut pour moi le plus beau des cadeaux. Je l'ai aimé dès que j'ai posé mes yeux sur lui et je me suis fixé comme but d'être toujours là pour lui. C'est aussi le rôle des parents, me direz-vous... Malheureusement, je savais qu'il n'en serait pas ainsi. Voyez-vous, il est trisomique, mon père n'a vu en lui qu'un échec tandis que ma mère n'avait pas la patience de jouer avec lui et bâtir une vraie relation maternelle.

Entre lui et moi, ce fut tout de suite facile, je me retrouvai rapidement à passer tout mon temps avec lui. Ses crises se calmaient dès qu'il était dans mes bras et il souriait toujours quand j'allais lui dire bonjour avant de partir à l'école.

Il a maintenant cinq ans et il me ressemble tellement. On dirait moi, en garçon, au même âge avec ses cheveux roux, ses yeux bleus et ses taches de rousseur. Il aime venir à mes entraînements dans la cour, pour m'encourager, et il dort presque toujours avec moi la nuit afin que je le protège des cauchemars. Il me suit partout, ce qui convient bien à mes parents, et je ne m'en plains pas.

Quant à eux, ils se disputent régulièrement et j'ai pris l'habitude de sortir à l'extérieur avec John pour lui changer les idées. Cependant, il y a des moments ou leurs cris nous parviennent comme ce fut le cas ce soir-là : nous dessinions paisiblement des lignes imaginaires pour relier les étoiles ensemble, faisant naitre des créatures toutes plus loufoques les unes que les autres. Je le défiais de trouver tel ou tel animal et, du haut de ses cinq ans, il était plus qu'heureux de réussir. J'adorais passer ce genre de moment avec lui. Il n'y avait que nous deux et le ciel qui nous murmurait ses secrets...

J'ignorais quelle était la raison de la dispute qui éclata entre mes parents, ils criaient si fort que je me tournai vers la maison pour jeter un œil. Le temps que je m'assure qu'il ne se passait rien de particulier avant de ramener mon regard vers mon frère, il n'était plus à mes côtés. Je me retournai paniquée et je le vis courir vers les arbres, pour échapper à leur nouvelle dispute. Je me suis lancée à sa poursuite sans avertir quiconque. Je n'avais aucune lumière, aucun feu, seule la lune éclairait mes pas, si j'avais pris le temps de prendre quelque chose avec moi, je l'aurais perdu pour de bon.

J'entendais John courir devant moi et il pleurait si fort que les battements effrénés de mon cœur n'arrivaient pas à le couvrir.

- John arrête, je t'en prie, c'est dangereux!

J'avais beau crier, il ne m'écoutait pas. Je n'arrivais pas plus à le rattraper. Sa petite taille le préservait des branches qui me fouettaient le visage.

Ses pleurs se turent subitement alors que je trébuchai sur un rocher. Je tombai durement sur le sol en criant de douleur quand ma cheville se tordit dans un angle impossible et que mon front heurta une racine. Je relevai ma tête douloureuse et aperçue vaguement mon frère; il était figé sur place et devant lui, je vis un énorme loup. Un loup qui, sur ses quatre pattes, était plus grand que moi. J'eus si peur que j'en oubliai ma douleur. Je parvins à peine à souffler le nom de John, je ne crois pas qu'il m'entendit, l'animal, oui. Il se retourna vers moi en grognant, les oreilles plaquées vers l'arrière. Ses énormes griffes pétrissaient le sol à quelques pas de moi, je fermai les yeux croyant que c'était la fin, mais un craquement de feuilles et de branches me les fit rouvrir.

ÉlizabethOù les histoires vivent. Découvrez maintenant