Malgré mon entraînement, j'arrivais chez moi assez tôt. Je pris donc une bonne douche relaxante avant d'enfiler un simple t-shirt et un short. J'eu, néanmoins, une courte hésitation en sortant de la chaleur humide de la salle de bain et ajoutais une veste sur mes épaules. Nous avions beau n'être qu'en début d'automne, il commençait déjà à faire assez froid le soir. L'hiver allait sans doute être rude encore cette année.
Je me mis rapidement aux fourneaux pour cuisiner le repas favoris de mes deux hommes: des pâtes avec de la sauce rosée. Je sais, c'est simple mais John les a toujours adorer et Ethan ne fait pas confiance en mes talents culinaires donc il préfère de loin ce genre de repas. Je ne pourrais pas lui en vouloir de douter de moi sur le sujet, je suis une catastrophe ambulante dans une cuisine. Je passe mon temps à tout faire tomber, à me brûler ou encore à me couper. Au moins, cette recette ne demande que peu de manipulation.
Après avoir écraser les tomates et mis les épices, je laisse le couvercle de travers sur la casserole et profite des quelques minutes d'attente pour m'asseoir sous le porche arrière. Je m'enroule dans une couverture et m'installe en boule sur une chaise. Mon regard se porte immédiatement sur les grands arbres qui bordent la forêt. Si ce n'était pas de mes idées noires, je m'émerveillerais devant la splendeur des couleurs automnales comme j'avais pour habitude de le faire il y a longtemps.
Je regrettais d'habiter si près de la frontière. Chaque matin, je m'installais sur cette même chaise pour boire mon café et je réfléchissais. Je pensais à ce qu'aurait pu être ma vie si tout n'avait pas basculer ainsi. Qu'aurais-je fait au final? Surement pas grand chose... je n'avais aucun projet à l'époque et j'en avais encore moins aujourd'hui. J'avais finalement suivis le chemin qui m'était tracé et j'étais devenue chasseur. Je me souviens encore de l'époque ou je croyais pouvoir me défiler. Cette Yumi pleine d'optimisme était bien loin aujourd'hui. Avec tout ce que j'avais vécu ces dernières années, je ne pouvais imaginer un retour en arrière. Ma douce innocence était bien loin.
J'entendis quelqu'un s'approcher d'un pas lourd et incertain. Je l'accueillais sans même tourner la tête.
- Bonsoir père.
Il souffla bruyamment en passant devant moi, bien appuyé sur sa canne avant de se laisser choir à mes côtés. Je lui jetais un regard en coin, constatant une nouvelle fois à quel point sa maladie l'avait fait vieillir rapidement. Le roux de ses cheveux avait perdu tout son éclat et sa moustache avait pris une teinte brune et blanche. Les traits de son visage étaient fatigués et son regard avait perdu tout la force qu'il arborait à l'époque. Malgré notre relation houleuse, ça ne me laissait pas indifférente. Une part de moi avait toujours admirer cet homme qui me faisait tant de peine aujourd'hui.
- Tout s'est bien passer avec le chargement?
- Le calme plat.
Il hocha la tête, le regard perdu entre les arbres. Nous n'avions jamais de grandes conversations. La plus longue à ce jour était quand il m'avait annoncer qu'il était malade et qu'il avait du m'expliquer ce que ça impliquait. Même quand ma mère nous avait abandonner, nous n'avions pas vraiment discuter. Tout ce que je savais c'était qu'il l'aimait mais que ça n'avait pas été suffisant. C'était tout ce dont il avait bien voulu parler et je m'étais gardée de lui poser plus de questions. Après tout, il ne m'avait pas non plus harceler quand j'avais perdu Élizabeth et mon état était pitoyable.
- Comment tu te sens aujourd'hui?
- Fatigué.
- Tu as pris tes médicaments?
- Oui. Toi?
J'hochais la tête. Je prenais des anti-dépresseurs depuis quelques temps. Une collègue m'avait surprise en pleine crise de panique dans les toilettes du centre d'entraînement. Je pleurais allongée en position fœtale sur le sol de dalle en tremblant de tous mes membres. Depuis, je devais voir un psychologue une fois par semaine et un psychiatre m'avait prescrit ces médicaments pour m'aider à gérer mes crises. J'avais souvent des maux de tête à cause de ceux-ci mais je préférais cela à la possibilité de déraper devant mon frère ou en pleine mission.
VOUS LISEZ
Élizabeth
WerewolfJe crus sombrer quand une idée me traversa l'esprit. Et si nous éliminions un risque dès maintenant? Et si nous prenions les devants pour une fois? Et si je décidais d'être courageuse et d'affronter ma peur? Peut-être cela ferait-il changer le cours...