Chapitre 3(corrigé)

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Je repassai les évènements toute la nuit. Ma couverture avait tôt fait de rejoindre mes peluches sur le sol tant je bougeais. Impossible de dormir quand j'avais la tête aussi remplie. Je n'osais tout de même pas abandonner la bataille, me répétant qu'il me faudrait de l'énergie pour la revoir le lendemain. Dès que je fermais les yeux, je l'imaginais me faire face, toujours avec un fond sombre duquel elle se démarquait pleinement. Je la revoyais sourire ou encore se mordiller la lèvre. À certains moments, elle ne faisait que m'observer avec son regard étrangement calculateur qui m'enlevait tous mes moyens.

Même dans ma chambre, alors que ce n'était qu'une simple image, elle arrivait à m'atteindre... pourquoi? Je ne la connaissais pas du tout! Je ne savais d'elle que son nom et ah oui... bien sûr que c'était un loup-garou. Je ne suis pas xénophobe ou raciste, comme vous avez pu vous en rendre compte, cependant une partie de moi ne pouvait pas expliquer que je ressente autant d'attirance envers quelqu'un d'une autre nature. Que ce soit une fille ne me perturbait pas du tout, mais qu'elle soit à moitié louve me plongeait dans une profonde incompréhension. Si l'on me disait qu'un lapin est séduit par une grenouille, je trouverais ça grotesque.

En même temps, j'ai bien mentionné qu'elle était semi-humaine, donc ce n'est pas aussi étonnant que s'il s'agissait de deux espèces totalement différentes. Et puis elle est si belle, qui pourrait résister à une telle femme? Certainement pas moi!

J'étais heureuse qu'elle demande à me revoir, pourtant cette partie de moi plus rationnelle avait surtout peur; peur qu'elle se joue de moi pour atteindre mon village ou simplement parce que je suis timide et plus facile à berner. Elle était peut-être de ce type de nymphes qui, dans les livres, séduisent des intellos pour le plaisir de les ajouter à leur tableau de chasse. Non pas que je sois vraiment une intellectuelle, j'aime lire, mais je suis aussi une sportive malgré ma maladresse légendaire. Demandez-moi de tenir debout sur une chaise et il y a de bonnes chances qu'un éternuement me fasse tomber!

Je roulais des yeux, seule dans ma chambre, et j'entretenais une conversation entre moi-même et mes pensées. Il était clair que je n'avais pas seulement perdu une bataille contre le sommeil, mais la guerre elle-même. Je me levai lentement et c'est sur la pointe des orteils que je traversai le couloir vers celle de John. Il est très rare que je n'arrive pas à dormir puisque je suis du genre à tomber comme une ancre mais lorsque l'insomnie me frappait, j'avais une solution.

Je le vis dormant profondément dans son lit, son doudou serré contre lui. Même quand il faisait dodo, il parvenait à me faire sourire. Je soupirai avant de me glisser à ses côtés, sous les draps. Tout comme moi, il avait un sommeil de plomb et ne se rendait jamais compte de ma présence. Je me détendis au son de sa respiration et je finis par sombrer avec l'esprit serein.

***

Je m'éveillai doucement le lendemain, les yeux collés par le manque de sommeil. La lumière abondante ne m'avait laissé aucun répit. Pourquoi n'avais-je pas fermé ces fichus rideaux? Je voulus tendre le bras pour les attraper, les yeux toujours clos et ma main ne rencontra que du vide. Je m'étirai davantage et dans un hurlement, m'écrasai sur le sol.

- Hahaha! Mimi est tombée!

- Hmpf...

Je levai paresseusement la tête pour croiser le regard pétillant de mon frère. Je fis mine de l'ignorer et agrippai un oreiller dans une fausse tentative pour me rendormir.

- Nooooon Mimi, c'est le matin!

- Je veux dormir... marmonnais-je entre deux ronflements.

John sortit du lit en catastrophe et se mit à me pousser dans tous les sens; sur le dos, sur le ventre... il me roula presque sous le meuble. Voyant que je n'avais pas l'intention de bouger, il passa à l'étape suivante. Je sentis un doigt mouillé chatouiller l'intérieur de mon oreille, je sursautai d'horreur et sans un regard derrière, je courus jusqu'à ma chambre me cacher sous ma couette. J'entendais mon frère rire en venant après moi, il sauta à son tour dans mon lit pour me rejoindre sous les couvertures.

ÉlizabethOù les histoires vivent. Découvrez maintenant