|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]

~Three

Mon premier porte les voiles d'un bateau. Mon deuxième est compris entre un et trois. Mon troisième se boit au petit-déjeuner moldu. Mon quatrième se fait avec les lacets de chaussures ou lorsqu'on souhaite garder un bateau au port. Mon tout est ton faible cadeau.

-"Ariana."

Elle releva les yeux de la table des Serpentard lorsque Severus s'approcha avec une assiette en main. Elle ferma précipitamment les yeux et il soupira en déposant l'assiette, sachant qu'il risquait de l'écouter longtemps.

-"Mât." Dit-elle alors en souriant, ayant finalement compris la charade. "Deux. Lait. Noeud." Elle ouvrit grand les yeux et fixa Severus. "Madeleine."

Il soupira une nouvelle fois et hocha la tête, las.

-"Exactement, une madeleine."

Il se dépêcha de partir avant qu'elle ne lui parle plus encore, et elle regarda sa madeleine aux couleurs de sa maison, souriant.

-"T'aimes vraiment ça ?" Daphné la toisa du regard et la jeune femme rit.

Elle l'attrapa et l'engloutit d'un coup, souriant en même temps de mâcher.

-"Merci à tous d'être venu à ce repas de Noël juste avant que les vacances ne nous prennent certains d'entre vous."

Albus s'approcha de son pupitre dont les ailes de hiboux se déployèrent.

Ariana fit passer l'arrière goût amer de sa madeleine avec du jus de citrouille, fixant le sorcier qui reprenait la parole.

-"Cette année, ce repas de Noël sera en effet quelque peu spécial." Il eut un clin d'oeil. "Deux invités de marque nous ont fait l'honneur de leur visite."

Il se tut, laissant le suspens les tenir en haleine.

-"Inclinez-vous devant la Reine Elisabeth et son petit-fils, le prince William Windsor."

La grande porte s'ouvrit à la volée et immédiatement tout le monde se leva pour s'incliner face à la reine qui s'avançait dans l'allée, sa robe rose contrastant avec sa peau si pâle.

Ses talons claquèrent sur les dalles de la Grande Salle et Ariana se jeta un coup d'œil discret, fascinée par la famille royale.

Elle avait une prestance à toute épreuve malgré son âge avancé, et sa démarche ne la rendait que plus éclatante encore et ternissait le reste du tableau qui s'offrait à elle.

-"Mon cher Albus." Dit-elle de sa voix enrouée en montant sur l'estrade, aidée par son petit-fils d'à peine quatorze ans. "Cela me remplit de joie de venir ici vous saluer en cette période festive."

-"Votre majesté." Il baisa sa main et s'inclina promptement.

Elle se tourna alors vers le reste de la salle et d'un geste de la main les invita à se rasseoir, ce que tous firent en silence. Le repas chaleureux s'était soudain refroidi, silencieusement mort.

-"Elle veut rivaliser avec Ombrage." Ricana un élève mais Draco lui donna un coup de coude dans l'estomac.

La famille Malfoy avait toujours été très liée à la famille royale, et ce parce que certains, dans la famille royale d'Angleterre, étaient sorciers.

Leur sang mêlé ne faisait qu'une pâle ombre face à leur sang divin et les Malfoy leur vouait une admiration et un respect sans borne.

-"Mes chers enfants, avenir de mon peuple." La reine s'assit sur le trône que lui avait apporté les professeurs. "J'ai tant de choses à vous dire, mais si peu de temps pour vous les raconter."

Elle leva les yeux vers William, debout à sa gauche derrière le trône, et lui fit signe d'avancer.

-"William n'est pas comme nous." Dit-elle d'une voix fluette. "Pour autant, le sang de sorcier qui coule dans ses veines lui permettent de venir ici vous souhaiter un joyeux Noël."

Il sourit et commença à prendre la parole.

-"J'aurai souhaité que mon père ou mon frère nous accompagne aujourd'hui, mais ce voyage n'est réservé qu'à ceux qui peuvent l'accomplir." Il se tut alors un instant et dans ses yeux perla une lueur de nostalgie. "Feu ma soeur, la princesse Victoria, aurait sans doute été ravie de venir vous rendre visite."

Ils continuèrent de parler, souhaitant - Ariana avait du l'entendre des centaines de fois - de bonnes fêtes de fin d'année.

Finalement, ils purent venir à la rencontre des élèves pour leur parler et échanger, et Draco avait couru aux chevets de la reine qui le salua chaleureusement.

-"Tu ne viens pas nous saluer ?"

Ariana se figea et se tourna lentement vers le garçon tandis que tous s'étaient rués vers la reine.

-"Votre Altesse." Elle se leva, la bouche pleine de chocolat, et s'inclina.

Il eut un rire et s'approcha, relevant sa tête avec ses deux doigts.

-"Ne t'embêtes pas à t'incliner, c'est moi qui devrais le faire." Il eut un sourire. "Mademoiselle Dumbledore."

Elle eut un sourire gêné.

-"Le prestige de ta famille dépasse de loin le nôtre, dans le monde des sorciers." Continua le garçon.

Elle releva finalement les yeux vers les siens.

-"Vous êtes bien mature pour quelqu'un de votre âge, votre Altesse."

Il leva un sourcil.

-"Le penses-tu ? J'ai tendance à me trouver plus puéril."

Elle haussa les épaules.

-"Tout dépend de la personne en face de vous, je suppose. Je vous trouve mature, cela fait-il de moi quelqu'un de stupide ?"

Il ne dit rien, la fixant, puis éclata de rire. Il finit par s'approcher de la table et lui prit un mouchoir qu'il lui tendit.

-"Pour ta bouche." Dit-il avec un sourire. "Mademoiselle Dumbledore."

-"Appelez-moi Ariana, votre Altesse." Elle l'attrapa et s'essuya en vitesse, honteuse.

Il regarda sa grand-mère, assise.

-"Appelle-moi William, alors."

Elle lui rendit son sourire, sentant que quelque chose l'attirait inextricablement vers le garçon qu'elle avait face à elle.

Peut-être était-ce son aura, qu'il dégageait. Peut-être était-ce son sourire, ses dents qui s'y cachaient.

-"Ariana, viens par là."

Elle se fit soudain tirer en arrière par quelqu'un et William la regarda partir en la saluant, amusé.

-"Tony." Cracha-t-elle en le poussant pour qu'il la laisse. "Que fais-tu ?"

Il leva un sourcil et regarda le prince qui s'en était retourné parler avec d'autres élèves.

-"C'était quoi, ce cinéma ?" Murmura le garçon avant de prendre une mèche invisible autour de son doigt. "Appelez-moi Ariana Windsor, votre Altesse."

Elle lui donna une tape sur le crâne, soupirant.

Puis jeta un coup d'œil à son assiette près du prince, encore remplie, et grimaça en regardant son pauvre ventre vide.