~Thirty-three

286 31 4
                                    

-"N'oublie pas : si décision tu dois prendre, envoie-moi une lettre avant. Ne prends aucune décision seule." Elisabeth insista sur ce point tandis qu'elle tenait Ariana par les épaules.

-"Devrais-je rentrer pour les vacances ?" Demanda la jeune femme.

-"Seulement celles de Noël, je te laisse profiter de ton année." Elisabeth lui sourit. "Et encore une chose, Victoria. Ne t'approche pas de l'héritier Malfoy."

-"Je sais, grand-mère."

Depuis leur alliance avec le seigneur des ténèbres, les Malfoy avait cessé de jouir de l'amitié des Windsor. Et si pour Elisabeth cela restait encore incompréhensible, Ariana n'avait aucune affinité avec Draco, et avait alors juste à faire comme d'habitude : l'ignorer.

-"Bon voyage." Elle recula. 

Charles s'avança, s'étant tut tout du long, fixa sa fille avec de petits yeux humides, sans rien dire.

-"Bon voyage." Dit-il alors de sa voix morne. "Victoria."

Elle esquissa un sourire, ne sut que répondre.

-"Merci, papa." Souffla-t-elle.

William et Harry restèrent en arrière, ne pipèrent mot, s'inclinèrent légèrement lorsqu'elle les regarda.

Il n'y eut pas d'embrassades. N'y eut pas de sourires langoureux, de mots tendres.

Le chauffeur ouvrit la portière, attendit Ariana. Elle fit demi-tour, s'assit sur la banquette arrière, Anthony la suivit, remercia le chauffeur qui revint à sa place. Le moteur démarra. Et avant que la voiture ne parte, tous étaient déjà partis. Enfants, parents, domestiques. L'entrée était vide.

Et alors la voiture disparut à son tour.

                            *****

Elle s'était endormie.
Anthony la laissait poser sa tête sur son épaule, regardait au dehors, fixait les paysages qui défilaient.

La voiture s'arrêta, devant King's Cross.

Les journalistes affluaient, tentaient de savoir dans quel train la princesse allait monter sans savoir qu'ils ne pourraient jamais le découvrir.

Le chauffeur ouvrit la portière, Anthony reçut les flashs des caméras dans ses rétines, ferma les yeux, détourna la tête.

-"Debout." Il souleva son épaule pour la réveiller.

Elle ouvrit un oeil, grimaça, s'assit droite, passa ses mains sur le visage.

Elle fixa, au dehors, les caméras, les gens qui s'amassaient.

Anthony posa une main sur la sienne, sur le sièges.

-"Sortons, le train va bientôt partir."

Il sortit en premier, les flashs continuèrent, se demandant qui était le jeune homme dont personne ne connaissait le visage.

Puis elle sortit. Dans le même uniforme que lui, uniforme qui n'appartenait à aucune école prestigieuse d'Angleterre. Étaient-ils dans le même lycée ? Duquel s'agissait-il ?
Était-ce en dehors du pays ?

Elle se sentait oppressée. Voulait passer, partir, mais elle n'arrivait pas à distinguer d'issue, au milieu de toutes ses lumières qui lui brûlaient les yeux.

Elle sentit une main s'agripper à la sienne.

Anthony en poussa un, fit tomber son appareil photo, tira le bras d'Ariana, se mit à courir à vive allure, s'assurant qu'elle le suivait.

Poussa une femme, n'eut pas le temps de s'excuser, tira le bras de son amie plus encore pour l'obliger à le rattraper.

Il tourna légèrement la tête, la regarda, elle se tourna, le fixa, les yeux embués d'étoiles.

Elle eut un sourire, qu'elle avait peiné à retrouver, perdu dans ses souvenirs.

Il fonça dans le mur, se dépêcha avant que quelqu'un ne les reconnaisse.

Là, il la lâcha, enfin, la laissa reprendre son souffle. Ils étaient arrivés là où personne ne viendrait les chercher.

Elle ne dit rien, fixa le grand train qui soufflait du nez.

-"Ariana."

Elle se tourna, vers la seule personne qu'elle ne devait et ne voulait pas voir.

-"Draco." Souffla-t-elle.

Le garçon aux cheveux blond la fixa, durant ce qui sembla une éternité.

-"Allons nous installer." Anthony la tira mais elle ne bougea pas.

-"Tu sais que tu me dois le respect, maintenant ?" Elle leva un sourcil, le toisa.

Draco se recroquevilla, détourna le regard.

-"Je ne te dois rien."

Il repartit comme il était venu, sans un mot, sans un souffle.

Elle resta là, devant le train à le regarder trainer des pieds, le visage pâle, la mine grise.

Elle ne ressentait pas de joie particulière, de gloire légère à être désormais supérieure à ce fameux prince de Serpentard.

-"Ariana." Appela Anthony de loin.

Elle le regarda, le rejoignit, monta dans le wagon. C'était amusant, mais aucun élève ne vint dans leur wagon, contrairement à ce qu'elle aurait pensé. Rien n'avait changé. Elle restait Ariana pour les sorciers.

La petite, toute petite Ariana.

Et ça lui allait, étonnement, très bien comme cela.

|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant