~Eleven

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-"Joyeux Noël."

Abelforth eut un sourire en voyant Ariana sortir de la chambre où elle était allée s'apprêter, toute pimpante dans sa robe de velours pourpre, sa taille soulignée par les plis qui séparait son bustier du reste de son vêtement.

Elle accourut, pieds nus sur le plancher grinçant, et l'enlaça avec force ce qui le surprit.

Il posa ses mains maladroites sur son dos et le tapota, attendant qu'elle s'écarte.

-"Albus n'est pas là ?" Demanda-t-elle sans trop espérer en s'écartant finalement.

Abelforth eut un soupir.

-"Tu sais qu'il est resté à Poudlard avec les autres."

Ariana eut un soupir et lui donna un léger coup de coude.

-"Ne parle pas comme ça de la famille royale, même si tu ne les aimes pas."

-"Ils vivent encore au moyen-âge, pour garder une famille royale ?"

-"Ils sont aussi notre famille royale." Rétorqua la jeune femme. "Celle des sorciers."

-"Pas dans ma maison."

Elle eut un roulement d'yeux désespérée et partit vérifier que tous les plats se déposaient sur la table apprêtée avant de reculer la chaise sur laquelle Abelforth s'assit, avant de finalement s'asseoir à sa place.

Elle attrapa les entrées et commença à se servir.

-"J'ai rencontré William, le prince." Dit-elle de façon nonchalante en attrapant la carafe d'eau. "C'est un garçon charmant."

Abelforth la fixa en biais, arrêtant soudain de prendre la salade, la main tendue dans le vide.

-"Vraiment ?" Il se racla la gorge et attrapa le saladier. "Je ne savais pas. Tu l'apprécies ?"

-"Beaucoup." Elle eut un nouveau sourire. "Ce serait super, que je l'épouse pour devenir princesse." Elle eut un rire, attendant une réaction exagérée de celui qui détestait la royauté. "J'aurai pleins de parures, de belles vagues en diamants, des bals organisés en mon honneur."

Mais il resta calme, se taisant.

Elle reposa son verre et le fixa, attendant, curieuse.

-"Tu n'as pas besoin de l'épouser pour être une princesse capricieuse, tu l'es déjà."

Elle lui donna un coup de pied sous la table et il eut un léger sourire en lui servant des tomates cerises.

Elle gonfla sa joue, faussement vexée, et ils continuèrent à discuter du travail d'Abelforth et des devoirs que devait rendre Ariana avant la rentrée. Il lui promit de l'aider avec certaines matières dans lesquelles elle avait du mal, et elle promit de l'aider à trouver un serveur à mi-temps pour l'aider dans sa taverne.

-"Ina."

Sa voix parut soudain sérieuse et elle leva les yeux de son morceau de chapon à la sauce aux morilles qui n'attendait qu'elle, les couverts déjà en main.

Abelforth reposa son verre de vin, se pinçant les lèvres comme hésitant à dire quelque chose, évitant son regard.

-"Albus souhaitait t'envoyer à Beauxbatons, l'année prochaine."

Il y eut un silence, dans la salle à manger.

-"Pardon ?"

Il entendit ses couverts retomber violemment sur la table de bois.

-"Et tu as accepté ?" Elle fronça les sourcils.

-"Je n'ai rien dit, c'est à toi de décider." Il leva les yeux vers elle, finalement. "Je suis d'accord avec Albus, pour une fois, mais si tu ne l'es pas je sais pertinemment qu'on ne pourra te forcer."

Elle eut un soupir, désespérée qu'ils aient même pensé à cette éventualité.

-"C'est hors de question. C'est chez moi, Poudlard."

Il hocha la tête, savant à l'avance ce qu'elle allait dire.

-"Tu veux encore un peu de chapon ?" Il tendit l'assiette de poulet mais elle refusa, regardant son assiette encore pleine.

-"Pourquoi veut-il me faire transférer, de toute façon ?" Elle fronça les sourcils, sirotant bruyamment son eau.

Abelforth la toisa, exaspéré.

-"Tu n'as pas besoin de le savoir. Albus à ses propres raisons." Il lui servit de la soupe et elle grimaça lorsqu'il remplit son bol à ras bord.

Il lui tendit la cuillère qu'elle saisit et commença à souper, reculant l'assiette vide qu'elle venait d'engloutir pour faire de la place à son grand bol.

Ce fut un doux repas. Ils parlèrent de tout et de rien, elle raconta son bal et il raconta ses pires clients et les potins qu'il avait entendu en passant entre les tables, elle narra les aventures d'Anthony et il se moqua du jeune garçon à gorge déployée, mauvais.

Ce fut une soirée joyeuse entre Ariana et Abelforth comme il y en avait eu tant d'autres auparavant. Elle ouvrit ses nombreux cadeaux, la moitié d'Albus, certains de la famille d'Anthony, d'autres de la famille de Pansy, et le reste d'Abelforth.

Ceux d'Anthony étaient des tableaux avec elle et le garçon en peinture durant un tendre moment de rire, leurs traits peints se mouvant au rythme de leurs éclats de voix, sa mère étant peintre à ses heures perdues. D'autres étaient des colliers fait main avec l'amour de sa grande soeur, tisseuse chez les moldus, d'autres des livres d'études sur la sociologie et la place de la religion dans le monde moderne, son père étant professeur supérieur, et enfin ceux d'Anthony restaient habituels : des hauts cousus main, lui qui aimait tant les travaux manuels et connaissait si bien ses goûts, ou des bouts de tissu puisqu'elle les collectionnait.

C'étaient, à chaque Noël, ses cadeaux préférés.

Ceux de la famille de Pansy étaient le plus souvent des bijoux ornés de pierres précieuses ou de nouveaux vêtements de la haute couture qu'elle n'osait même pas toucher de peur de les abîmer, les laissant dans ses tiroirs pour de grandes occasions qui ne se présentaient jamais.

Albus lui offrait souvent des livres de ses auteurs préférés ou des paquets de bonbons et de madeleines aux goûts audacieux.

Abelforth était le plus curieux. Il n'offrait jamais la même chose, dérivant sur des choix de cadeaux étranges, passant de tasse à thé aux formes grotesques à des doudous de la taille de son lit, qu'elle rétrécissait pour les poser sur sa table de chevet et les agrandissaient lors de leurs longs voyages.

Abelforth ne montrait jamais qu'il aimait les cadeaux qu'elle lui offrait.

Elle mettait du temps à les chercher, pourtant, parce que les goûts de l'homme étaient assez flous.

Il déchirait le papier cadeau, le jetait, prenait les cadeaux, les rangeait dans sa chambre sans un mot.

Mais elle savait, alors qu'une fois elle avait réussi à entrer dans sa chambre, qu'il les gardait tous soigneusement comme ses biens les plus précieux. Les dépoussiéraient chaque jour, les replaçaient lorsqu'ils étaient de travers, ne touchait jamais aux vêtements qu'elle lui achetait de peur de les salir.

C'était dommage, qu'il n'en fasse rien. Mais le voir en prendre autant soin lui faisait plaisir.

-"Va te coucher."

Abelforth souhaita bonne nuit à Ariana qui obéit et termina de nettoyer la table sale, vérifiant que rien sous le sapin ne restait.

Il voulu aller s'installer dans le canapé mais préféra vérifier qu'elle dormait, la lumière encore allumée dans sa chambre à la porte ouverte.

Il s'avança, s'apprêtant à la sermonner, mais s'arrêta alors sur le pas de la porte, son visage se détendant soudain.

Il eut un sourire, fixant la jeune femme tout habillée et maquillée, dormant à poing fermé affalée sur l'énorme ours en peluche qui prenait tout son lit, cachée dans son énorme ventre qui l'avalait presque.

Il éteignit alors la lumière d'un mouvement fluide du doigt, et referma la porte qui grincait.

Finalement, il alla s'installer sur le canapé pour lire un peu, le bouquin offert par la jeune femme en main.

|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant