~Forty-eight

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-"Moi tu m'intéresses, Draco."

Il se figea, relâcha son corps qui se rassit immédiatement, leva les yeux vers elle sans comprendre ce qu'elle disait.

-"Je ne sais pas pourquoi je te dis ça, parce qu'une fois sortis de cette salle tu redeviendras Draco Malfoy et je redeviendrais Ariana Windsor, mais j'ai l'impression que quelque chose m'attire vers toi." Elle se reprit. "Rien de sentimental, je te rassure, ne va pas cracher de dégout. Mais je me rends compte à présent que je veux savoir."

Il y eut un instant où rien ne se passa.

-"Je veux savoir pourquoi tu dis ça, pourquoi tu penses ça, qu'est-ce qui te fait rire comme ça, qu'est-ce que tu as fait pour être comme ça." Elle haussa les épaules. "Je suis sans doute jalouse de savoir que tu me ressembles et que pourtant nous sommes si différents. Je veux savoir pourquoi toi tu as tout alors que tu n'es rien."

Il tiqua sur la dernière phrase, sentit quelque chose dans son cœur se serrer.

-"Laisse tomber." soupira-t-il. "Tu ne comprends vraiment rien, stupide que tu es."

Elle ouvrit la bouche et la referma comme un poisson hors de l'eau, se rendant compte de ce qu'elle venait de dire. Avait-elle été empoissonnée pour tout dévoiler ? Il semblait que l'air qu'ils respiraient avaient changé.

-"Alors explique-moi." se vexa Ariana.

Il la jaugea, détermina si elle valait vraiment la peine de tout ça.

-"Je te l'ai déjà dit, idiote." dit-il en soufflant, levant les yeux au ciel pour ne pas croiser son regard. "Ici, c'est moi qui fait la loi. Si je ne t'accepte pas, personne ne le fait."

Elle eut un sourire en y retrouvant un souvenir lointain.

-"Et crois-moi, je n'ai jamais accepté aucun sang-mêlé." Il baissa de nouveau la tête vers elle, la main sur le genou, le corps penché en avant, les mèches de cheveux pendantes. "Alors pourquoi est-ce que je l'ai fait pour toi ?"

Elle resta tut un instant.

-"Tu ne m'as jamais accepté."

Il ne répondit pas, eut un sourire presque ironique en regardant derrière elle, puis se leva.

Elle suivit sa démarche, se tourna lorsqu'il passa près d'elle, et posa son regard sur la porte qui était apparu dans une des armoires ouvertes. Sans chercher plus en amont la réponse, elle se leva à son tour et le poussa pour sortir la première, souriant en voyant enfin la lumière du soleil.

Draco la regarda chantonner dans le couloir longeant l'étage, descendre les escaliers pour sans doute aller tout raconter à Anthony qui devait prendre son déjeuner.

Oui, une idiote comme elle ce n'était pas censé exister.

Il eut un soupir, passa sa main dans ses cheveux, se tourna vers la salle sur demande qui disparaissait dans le mur.

Il allait revenir à cet exact endroit le soi-même, il le devait. Et, cette fois-ci, il n'y aurait pas la simplette pour lui tenir compagnie.

                                                                               *****

-"Simian m'a dit que tu n'étais pas revenue pour la fin du cours."

Ariana roula des yeux, dans le bureau d'Albus qui paraissait à bout.

-"Je lui ai déjà expliqué, à ce crétin, que j'avais été enfermée dans la salle sur demande."

-"Seule ?" demanda Albus et elle eut un instant d'hésitation.

-"Oui."

Il eut un soupir, s'affala dans son fauteuil.

-"Tu es pourtant bonne en transplanage, Ariana."

Elle le fixa du coin de l'œil, à demi amusée de la situation.

-"Tu revêtes quel robe au juste, aujourd'hui ?" Elle se redressa sur sa chaise, faussement intriguée. "Celle de mon directeur, celle de mon père ou celle de mon Némésis ?"

-"Némésis ?" Il eut un tendre sourire. "Je ne fais que t'aider à-"

-"Justement. Je ne vois pas en quoi empoisonner mes madeleines, ce serait m'aider. Ni en quoi me cacher de ma famille, ce serait m'aider."

Il ne dit rien, visiblement las.

-"Tu comprendras lorsque le temps viendra, Ariana."

-"Tu ne me vois guère mieux que comme Harry Potter, ton favori contre le Mal."

-"Je te vois comme bien plus que cela." objecta Albus sur son siège.

Elle eut un ricanement, hocha frénétiquement la tête comme pour appuyer cyniquement ses dires, croisa les jambes pour se donner du courage et releva finalement les yeux vers lui.

-"J'attendais que tu me demandes de rester." dit-elle d'une voix qui se vouait forte mais qui finît par se briser. "J'attendais juste que tu me demandes de rester. Que tu me demandes de passer des vacances avec vous, ou même simplement que tu me prennes dans tes bras à la  rentrée, que tu me dises que je t'avais manqué."

-"Abelforth voulait te voir, durant les prochaines vacances." 

-"Et toi ?" Elle sentit ses yeux s'humidifier et se les frotta rageusement. "Non, pardon, je t'en demande certainement trop."

Elle eut un sourire et regretta de se sentir si faible face à lui. Fumseck cessa de se lécher les plumes, releva son crane vers eux.

-"J'aurai juste aimer que tu te conduises comme-" elle sembla chercher ses mots dans ses larmes et finalement soupira, ferma les yeux qui laissèrent rouler sur ses joues les diamants qu'elle avait vainement tenté de cacher. "J'ai besoin de mon père, Albus. Pas celui qui vit dans un château, pas celui qui vit dans une bicoque à Pré-au-lard. J'ai besoin de toi."

Il ne dit rien, resta silencieux.

-"Je pensais que j'étais plus qu'un devoir, à tes yeux."

Elle se leva, sentant que sa voix risquait de la quitter, la gorge serrée, sortit précipitamment, honteuse de s'être autant dévoilée.

Oui, ça avait été puéril, d'espérer plus de lui.

Pourtant, n'était-ce pas naturel de vouloir son amour et ses tendresses ? Elle redevenait la petite fille qu'il avait soigné et gardé.

Malgré tout ce qu'elle souhaitait et tout ce qu'il avait fait, il restait à ses yeux sa figure paternelle.

Et tandis qu'elle retournait dans son dortoir pour sécher son visage, Albus regarda les tableaux autour de lui qui s'exaspéraient.

-"Je fais ça pour son bien." dit le vieil homme en les toisant, le cœur serré. "Je fais ça parce que je l'aime."

Oui, les sentiments, c'était quelque chose de fascinant.




 



|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant