~Fifty-two

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-"Sérieusement, je ne pense pas que ce soit une bonne idée." 

Ariana fit la moue face aux remarques d'Anthony, qui lui avait laissé ses jambes comme oreiller, assis sur un banc du jardin face au soleil de printemps.

-"Je sais, mais que veux-tu ? C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour l'empêcher de tuer Albus."

Anthony lui fit les gros yeux, signe qu'elle parlait trop fort et elle mit sa main sur sa bouche en soupirant une énième fois.

-"Tu aurais du le dénoncer à Dumbledore, voilà tout. Pourquoi toujours tout compliquer ?"

Elle ne savait pas. A dire vrai, si elle y réfléchissait, il était vrai que c'était la meilleure chose à faire. Mais qu'allait-il donc dire ? Allait-il renvoyer Draco, le faire enfermer ? Non, elle ne voulait pas que ça se passe ainsi. Elle avait, malgré tout et sans savoir pourquoi, l'envie d'aider le garçon. L'envie de le sauver de lui-même.

-"Je devrais aller voir ma grand-mère." Souffla-t-elle alors en levant les yeux vers le visage d'Anthony au-dessus d'elle qui lisait un livre. "Pour lui demander de libérer Lucius."

-"Tu penses qu'elle peut faire quoi que ce soit ?"

Elle haussa les épaules, ce qui écrasa plus encore les cuisses du garçon et le fit grimacer.

-"C'est la reine, j'espère qu'elle n'est pas inutile."

Anthony eut un rire et roula des yeux avant de lui donner un coup au front avec son livre.

-"Et que vas-tu faire, si elle ne peut rien faire ? Draco attend son père, hors d'Askaban." Crut-il bon de préciser et elle soupira une énième fois.

-"Je verrais à ce moment là."

Ce qui l'inquiétait, c'était également la réaction d'Albus lorsqu'il saurait qu'elle avait fait libéré Lucius Malfoy.

Mais, après tout, elle le faisait pour lui.

-"Dit, Tony."

Il émit un gémissement, attendant qu'elle continue, lisant un passage important de son livre.

Elle leva le bras, attrapa le bout des pages, les poussa pour qu'il la regarde. Il lâcha son livre des yeux, les plongea dans ceux de la jeune femme, attendit.

-"Ça fait quoi, d'être amoureux ?"

Les yeux du garçon s'agrandit, il sembla surpris par la question car il toussa, ayant avalé sa salive de travers. Elle attendit, sérieuse, le soleil dans les yeux et il tapa son torse avec force pour ne pas s'étouffer.

Silencieuse, elle espérait toujours la réponse à sa question.

-"Qu'est-ce que tu me racontes, tout d'un coup ?"

Elle haussa un sourcil, haussa les épaules.

-"Je sais pas, une question comme ça."

-"Je sais pas, qu'est-ce que j'en sais ?"

Elle haussa les épaules.

-"C'est vrai, ça se saurait si tu éprouvais des sentiments." Elle le toisa et il souleva ses jambes d'un coup, la faisant sursauter.

Il y eut un silence, avant qu'il ne se racle la gorge.

-"D'après ce que j'ai lu-" il fit mine de réfléchir. "On dit que notre estomac se contracte, mais que ça ne fait pas mal. Que notre cœur se retourne mais qu'il continue de battre. Que nos yeux pétillent mais ne brûlent pas. Que chacun de nos touchers, chacun de nos mots, chacun de nos regards sont gravés dans notre chair mais qu'elle ne saigne pas."

Il se perdit, un instant, dans le vague.

-"Ça ne sonne pas joyeux." Souffla Ariana et il eut un sourire.

-"Et pourtant, ça égaie chaque journée, chaque instant, ça ravive les couleurs des feuilles les plus mortes et des moments les plus mornes." Il ne dit rien pendant quelques temps. "Enfin, c'est ce qu'on dit."

Elle plissa le nez, se tourna sur le côté, laissa ses cheveux longs glisser le long des jambes du garçon et il se servit de sa tête comme repose-livre.

-"Pourquoi tu me demandes ça, Ariana ?"

Elle ne dit rien, laissa les oiseaux lui répondre en une mélodie chantante.

-"Je vais commencer à croire des choses qui ne sont pas forcément vraies." Dit-il alors en sifflotant et elle soupira longuement.

-"Laisse tomber Tony, c'était juste par curiosité."

-"En tout cas, ça ne t'arrivera jamais."

-"Et pourquoi ?" S'offusqua la jeune femme sans pouvoir se retourner à cause du livre sur sa tête.

-"Parce que tu n'as pas de coeur." Il haussa les épaules et eut un ricanement lorsqu'elle sortit son bras de sous son corps pour venir lui taper les jambes.

-"Draco."

-"Hé, Draco, je te parle."

Draco ne dit rien, au loin, sous un arbre à l'ombre du jardin.

-"Qu'est-ce que tu regardes ?" Blaise s'approcha de lui pour suivre ses yeux mais Draco le repoussa, la main dans son visage sans ciller.

Il observait les oiseaux qui roucoulaient, au loin. Observait les bancs, les gens qui s'y trouvaient.

Sentait son coeur se serrer, fort, et ça faisait mal. Il fronça les sourcils, baissa la tête vers son corps comme pour lui demander des explications mais releva la tête bredouille.

Il soupira, se tourna dos au paysage, regarda Nicolas qui mangeait ses raisins un par un, Théo qui ricanait avec Blaise.

-"Hé." Appela-t-il et tous se tournèrent vers lui. "C'est quoi, déjà, ce truc avec les chauves-souris dans l'œsophage et tout ça ?"

Blaise leva un sourcil, passa sa main dans ses trois cheveux - il en avait perdu un la veille en se battant avec un rat.

-"Les papillons dans le ventre, mec. Les papillons. Dans le ventre."

Draco balaya l'air de sa main, attendit simplement une réponse.

-"Tu veux dire le sentiment ?" Théo pencha sa tête, étonné. "Pourquoi tu veux savoir ?"

-"Je te demande une réponse, tu me la donnes. C'est tout."

Blaise souffla, visiblement épuisé émotionnellement.

-"L'amour, mec. Ca s'appelle l'amour."

Oui, l'amour.

C'était l'amour.

Draco eut un frisson, ses poils se hérissant.

-"Ça me dégoûte." Souffla-t-il enfin et Blaise haussa les épaules, n'étant pas convaincu.

|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant