Lorsque le lac noir se teintera de sang,
Alors les cloches sonneront l'allégresse,
Mais tout ne sera que tristesse
Car une reine ne peut vivre le coeur béant
Et celui qu'elle aime ne peut survivre si de son rang
Elle accepte son destin et se rend.
Lorsque sonnera l'horloge du printemps
Les souvenirs ne demeureront manquants
Et les cris fuseront
Et acclameront
Celle qui brandira au ciel ce qu'elle choisit d'être
Car si l'une des deux voies est prise
L'autre ne pourra être reprise.Était-ce dans la solitude que l'on pouvait prendre conscience de soi ?
Il lui semblait vaguement avoir entendu cette question, dans un lointain souvenir de ses cours avec Madame Pati.
Était-ce dans la solitude que l'on pouvait prendre conscience de soi.
Ce n'était plus une question, désormais.
C'était dans la solitude que l'on pouvait prendre conscience de soi.
-"Ariana."
Était-ce elle ?
Elle releva les yeux vaguement, quelque chose tambourinant dans son crâne.
Hermione la fixait, sans comprendre tandis que tout s'était arrêté, Harry étant parti attraper Bellatrix, la rage roulant sur ses joues froides.
-"Pas Ariana." Plus loin, Spartan claqua sa langue contre son palais.
Il s'avança d'un pas, puis d'un autre, et Hermione ne fit rien pour l'arrêter parce qu'Ariana ne faisait rien non plus, le fixant l'air hagard.
-"Victoria." Murmura-t-il alors et ce fut soudain comme si le ciel lui-même s'était tut, écoutant les moindres respirations des spectateurs de cette scène historique.
Spartan s'approcha d'un nouveau pas, baguette en main, et son torse frôla la poitrine de la jeune femme qui pu sentir son corps se soulever à rythme régulier contre le sien.
-"Recule." Ordonna Hermione en fronçant les sourcils mais il n'en fit rien.
Il leva sa baguette, haut dans le ciel et Remus prépara la sienne, essuyant d'une main rageuse ses joues trempées, le voile de la Mort se délectant encore de son dernier invité.
-"Laissez-moi me présenter."
Spartan soudain abaissa sa baguette et Ariana recula d'un pas, ne comprenant pas. Il s'agenouilla, à terre, baguette contre son coeur, tête basse.
-"Je suis Spartan Daggenhurst, neveu de Dodi Al-Fayed, amant de la princesse Diana et de surcroît votre cousin-" il releva la tête. "Votre Altesse Impériale."
Personne ne prononça mot. Ron voulut rire tant la situation paraissait insensée, mais le regard si sérieux qu'arborait Dumbledore le fit renoncer.
Neville jeta un coup d'oeil anxieux à Tonks près de lui qui soignait son bras.
-"Relève-toi." Chuchota Ariana et il obéit docilement. "Cesse de m'appeler comme ça."
-"Parlons-en à la maison." Tenta Albus mais elle ne répondit pas, dos à lui.
Elle ne savait que faire, que dire.
Elle souhaitait retrouver Anthony. Le revoir, juste revoir son sourire, entendre le son de sa voix.
Oui, elle était certaine que tout irait mieux si elle le retrouvait. Qu'elle finirait par se réveiller.
*****
Les journaux ne parlaient que du retour de Voldemort et de la démission soudaine de Cornélius Fudge au poste de ministre de la magie.
Ariana s'était vue forcée de rentrer chez elle, près d'Abelforth et Albus, où elle avait eut une longue discussion avec eux.
Mais elle ne s'en souvenait plus. À dire vrai, tout à partir du moment où elle s'était réveillée de ce long rêve sur cette roche froide de la salle de la Mort était flou.
Elle se sentait à peine secouée, après le transplanage d'Albus jusqu'à Poudlard.
-"Va te reposer."
Sa voix semblait déçue mais elle n'entendait pas ce qu'il disait.
Elle avança, sans sentir ni ses pas ni le vent dans ses cheveux, sa vision brouillée la guidant à peu près sur cette immense pont qu'elle ne se souvenait pas avoir déjà emprunté.
Elle ne se souvenait pas être venue ici du tout, en réalité. Quel était cet endroit étrange ?
Elle mélangeait rêve et réalité.
Il lui sembla qu'Albus disait encore autre chose mais elle n'entendait pas, ses sens abîmés.
Quelque chose, en elle, manquait pour fonctionner.
Elle trébucha et quelqu'un la rattrapa. Une femme au chapeau pointu et au nez retroussé, ressemblant étrangement à une sorcière.
Elle ne se souvenait pas d'elle. Quelqu'un d'autre arriva, avec de longs cheveux noirs et une cape traînant sur le sol, le regard froid. Ils parlèrent, avec Albus, mais elle n'entendait pas.
Elle sentait à peine la poigne de la femme sur son bras. Était-ce quelque chose de normal ? Il lui semblait que quelque chose n'allait pas. Elle avait besoin de quelque chose pour la réparer. Elle avait besoin de quelqu'un pour la guérir.
Sa vision se rétrécissait. Était-ce ainsi qu'elle allait finir ? Sourde, aveugle, muette, vide ?
-"Ariana."
Là, au loin dans la pénombre.
Elle releva la tête, soudain, sentant l'air frais frôler sa peau, la main de McGonagall se détachant de son bras.
Anthony s'arrêta, essoufflé d'avoir autant couru jusqu'au bord de Poudlard, son front luisant de sueur.
-"T'en a mis, du temps." Dit-il en respirant bruyamment.
Il attendait qu'elle lui dise qu'il ressemblait à un sanglier à respirer aussi fort, ou qu'elle était dégoutée par son haut trempé de sueur.
Mais il n'en fut rien. Il la vit lentement s'avancer, tremblante, les jambes flageollantes, d'un pas hagard sur l'herbe mouillée, le regard fixé sur lui comme l'ancre à laquelle elle se rattachait pour ne pas sombrer.
Il ouvrit les bras, avança d'un pas, et elle s'effondra dedans, sa tête enfoncée dans son épaule, ses bras collée entre leurs deux corps.
Il accusa le coup de son poids, serrant son corps contre le sien, sa main sur ses cheveux, l'autre dans son dos, fixant Albus au loin qui les regardait, en quête de réponses qu'il n'aurait pas.
-"Ombrage t'as renvoyé ?" Demanda-t-il avec une pointe d'humour. "Ou tu es triste parce qu'Albus revient à Poudlard ?"
Il baissa la tête vers la sienne mais ne vit que la racine de ses cheveux, son visage enfoui dans son haut sale.
Il eut un soupir, écoutant silencieusement ses respirations saccadées.
Là, il était là. Tant qu'il était là, tout allait bien. Tant qu'il était là, elle ne risquait rien. Ses battements de coeur se calmèrent tandis qu'Anthony continuait de siffloter une mélodie tendre, ses doigts passant dans les cheveux lisses de la jeune femme d'un geste mécanique.
Albus était parti, les avait laissé.
Il n'avait pas besoin de le voir pour savoir qu'elle irait mieux.
Tant qu'il était là, elle irait toujours mieux.
Qu'il comprenne ou non de quoi il en retournait, il restait là.
C'était dans la solitude qu'elle pouvait prendre conscience de soi.
Anthony faisait partie de sa solitude.
Et Draco, derrière le mur du couloir, près du jardin, laissa échapper un long soupir.
Elle allait bien.
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|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]
Fanfiction"Les Hommes ne naissent pas mauvais, Draco. Ils le deviennent." ***** ❝Lorsque le lac noir se teintera de sang, Alors les cloches sonneront l'allégresse, Mais tout ne sera que tristesse Car une reine ne peut vivre le...