-"Tu voulais discuter de quelque chose ?"
Ariana leva les yeux de son bureau vers Draco qui entrait sans y avoir été invité.
Il se racla la gorge, claqua des doigts mais se rendit compte qu'il n'était pas au manoir des Malfoy.
-"Dit-leur de partir." Dit-il à Ariana, quelque peu honteux.
D'un coup de tête elle renvoya les domestiques et Draco vint s'asseoir sur le canapé, attendant qu'elle le rejoigne d'elle-même.
Elle se leva, s'approcha sans réellement comprendre, s'assit près de lui.
-"Tu te fiches de moi ?" Demanda soudainement le garçon avec franchise.
Elle ne dit rien, étonnée de sa remarque.
-"De quoi tu parles ?" S'énerva-t-elle en montant d'un ton.
-"Tu me prends pour ton chien ou quoi, à me faire venir quand ça te chante ?" S'écria-t-il plus fort qu'elle.
-"C'est toi qui est venu ici." Cria à son tour Ariana.
Se rendant compte qu'ils faisaient une esclandre pour rien, ils se raclèrent la gorge et parlèrent plus doucement.
-"Nous n'avons toujours pas parlé de ce qui s'était passé." En vint alors Draco.
Comprenant ce qu'il disait, elle s'enfonça dans le canapé, lâchant un soupir.
-"Je sais. Nous n'avions pas le temps."
-"Pas le temps ?" Il eut presque envie de rire. "Tu t'amuses avec ton stupide Serdaigle à manger et te promener dans tes stupides jardins et à me demander d'aller te chercher des bonbons comme un stupide valais mais tu me dis que tu n'as pas le temps de m'expliquer depuis quand tu as décidé que j'étais plus que le stupide Serpentard à tes yeux ?"
Il déglutit, n'eut même pas la force d'attendre ce qu'elle allait dire.
-"Parce que tu sais, pour moi, tu as toujours été plus qu'un sac poubelle qui trainait avec d'autres sacs poubelles tu sais. Pour moi, tu as toujours été plus que l'amie de Pansy ou la fille de Dumbledore. Depuis notre toute première année tu as été bien plus que tout ce que j'aurais préféré que tu sois. Je te haïssais tant je t'aimais."
Il sentit ses yeux honteux le piquer, nerveux d'être aussi pathétique pendant que les grands yeux bleus de la jeune femme se posait dans les siens en attendant la suite.
-"Dès qu'il pleuvait, j'ouvrais les volets des couloirs de l'étage des Serdaigle pour que ce crétin s'en rende compte et vienne voir si tu allais bien. C'est moi qui, en troisième année, ait hurlé pour que ce stupide Remus-loup-garou se retourne et te laisse ainsi t'enfuir. C'est moi qui ait glissé ta baguette sous ton oreiller lorsque tu l'avais perdu pendant que tu t'amusais dans le lac avec Pansy et les autres."
Il déglutit de nouveau.
-"Tu sais, les tomates, je les adore. D'ailleurs, j'aurai pu tout aussi bien manger ce gâteau au chocolat tant j'avais encore faim, ce jour-là. Et puis tu sais, la quiche que j'ai dit détesté, j'en mange tous les jours chez moi tant je l'aime. C'est celle que ma mère fait le mieux."
Il semblait obliger de se justifier des actes dont elle n'avait même pas idée. Lui qui l'avait tant détesté, ou pensait le faire, se laissait aller.
-"Quoi ?" Demanda-t-il sur la défensive en levant le menton. "Tu te moques, c'est ça ? Tu veux que je te jette par la fenêtre ?"
Elle ne dit rien, de marbre sous le silence. Puis, soudain, éclata d'un rire cristallin.
Ça faisait longtemps, qu'il ne l'avait pas entendu rire. D'habitude ça ne venait pas de lui, il l'entendait depuis la salle commune, se bouchait les oreilles - ou faisait semblant de le faire.
-"Tu trouves ça drôle ?" S'offusqua le garçon.
Elle attrapa sa main et l'attira à lui avant de l'embrasser tendrement sur les lèvres.
-"Je ne t'aimais pas." Répondit-elle alors franchement en se reprenant. "Depuis la première année, je ne t'aimais pas."
Entendant sans doute ça pour la première fois de sa vie, Draco resta sur le carreau, les yeux grands ouverts.
-"Néanmoins, je pense que j'ai fini petit à petit par développer un intérêt pour ce garçon que je rejetais autant. Peut-être que c'était parce que tu étais le seul qui continuait d'apparaître sans que je ne le souhaite, mais il vint un jour où j'ai fini par, peut-être, souhaiter que tu apparaisses. C'était sans doute lorsque j'ai entendu ta mission secrète, l'année dernière."
Ramener des souvenirs douloureux de son père à la surface semblait la faire souffrir, malgré tout elle continua de sourire pour lui.
-"Lorsque j'ai su la vérité, j'étais certaine d'être capable de te hair plus encore, de te vendre à Albus, au ministère. Je pensais être prête à révéler ta marque au monde entier. Pourtant, j'ai soudain eu ce sentiment étouffant. Je voulais arracher ta peau si ça voulait dire te débarrasser de cette immondice dont ils t'avaient doté."
Lentement, elle laissa ses doigts glisser jusque sous sa manche de chemise, remonter le long du bras du garçon, sentant ses poils se hérisser à son contact. Elle était la seule qui pouvait toucher sa marque sans que ça ne le dégoûte plus encore.
-"Je voulais te protéger de tout ce que tu ne contrôlais pas. Pas parce que tu me faisais pitié, mais simplement parce que j'en avais envie. J'avais envie de te sauver de toi-même."
Elle esquissa un léger sourire, rapprocha son corps du sien.
-"Était-ce mal ? Je pense que c'était ce que je pouvais faire de mieux pour te prouver à quel point je tenais à toi. Te sauver de toi était ma façon de t'aimer."
Elle pencha légèrement la tête sur le côté.
Leurs discussions guérissaient quelque chose, en elle.Draco guérissait quelque chose, en elle, qu'il n'avait pas brisé.
Il passa ses yeux sur ses lèvres, avec envie.
-"Te détester était ma façon de t'aimer." Murmura alors le garçon en attrapant son menton pour rapprocher son visage du sien et, finalement, l'embrasser pleinement.
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|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]
Fanfiction"Les Hommes ne naissent pas mauvais, Draco. Ils le deviennent." ***** ❝Lorsque le lac noir se teintera de sang, Alors les cloches sonneront l'allégresse, Mais tout ne sera que tristesse Car une reine ne peut vivre le...