~Fourteen

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-"Tu joues à quoi, exactement ?"

Draco leva un sourcil, se tournant vers Ariana qui semblait en avoir après lui.

-"Qui me parle donc ?" Draco fronça le sourcils et regarda autour de lui. "Je ne vois personne."

Elle lui donna un coup de pied et il baissa le regard vers le sien.

-"Je vois, j'avais oublié que les nains savaient parler." Il eut un sourire faussement tendre et elle ne releva pas.

-"C'est toi qui a gravé une croix gammée sur le bureau d'Anthony ? Quelqu'un l'a fait durant la nuit."

-"Je n'ai pas accès au dortoir des Serdaigle, idiote." Il roula des yeux. "Et puis, quel intérêt ? Il n'est pas assez important pour que je prenne la peine de le faire."

-"Peut-être pour m'embêter ?" Elle leva un sourcil mais il eut un rire.

-"Tu n'es pas non plus assez importante."

Elle voulu dire autre chose, mais alors Albus se mit à parler et elle se tut, serrant le manche de son balai dans sa main.

Elle se fit tirer en arrière par Anthony qui l'avait attrapé par le col.

-"T'essaies de faire quoi, au juste, idiote ?" lui souffla-t-il au visage en la tenant. "Ce n'est pas Draco, laisse tomber. Surement un première année qui a perdu un pari."

-"C'est un pari maintenant, d'harceler un cinquième année ?"

Il eut un soupir et la lâcha.

-"Pourquoi j'ai l'impression d'être la plus énervée de nous deux alors que ce devrait être l'inverse, Tony ?" Elle grinça des dents. "Arrête de te faire marcher dessus."

Il posa son regard dans le sien sans un mot.

Oui, c'était elle, la seule fille qui comptait, la seule personne qu'il appréciait plus que lui-même. Ils pouvaient bien dire ou faire ce qu'ils voulaient, ça ne lui faisait plus rien désormais.

Tant qu'elle restait en dehors de tout, tant qu'elle restait aussi brillante que les étoiles, tant qu'il arrivait à la garder pleine de vie, alors lui pouvait bien dépérir.

Comme une âme qui, sur un brancard, fixait la lune inatteignable, espérant que rien n'ébranle la douce lumière berçante qui le guidait vers l'au-delà.

Il eut un tendre sourire et ébouriffa ses cheveux.

-"Occupe-toi plutôt de remporter le tournoi." Dit finalement le garçon et, comme si tout ce qu'il s'était passé avant avait disparu, le visage d'Ariana se fendit d'un sourire satisfait.

-"Tu doutes encore de ma victoire ?"

Albus termina son discours, attendant que les applaudissements se terminent sur le stade de quidditch.

-"Que les participants se mettent en place sur la ligne de départ." Cria-t-il bien fort et les appelés sortirent des coulisses pour s'avancer vers la ligne dessinée sur le sable, levant les yeux timidement vers les gradins où se trouvaient les spectateurs.

Le regard d'Ariana croisa celui de William, un court instant qu'elle pensa des décennies, et elle se prit le pied dans la robe de Draco qui eut un ricanement en la voyant tomber piteusement.

Elle se releva, le fusillant du regard, et poussa Anthony pour se placer - ce dernier s'étant mit à rire sans même l'aider à se relever.

-"A vos balais." Marqua Albus en levant le bras. "Prêts." Il fixa la jeune femme qui se préparait, les jambes autour de son balai. "Partez !"

Il faisait beau, dans le ciel. Les balais fusèrent, faisant voler les cheveux longs de ceux envoutés par le spectacle magnifique des humains destinés à marcher et qui pourtant avaient réussis à s'envoler, hauts dans le ciel bleuté, coursant non plus les chevaux mais les oiseaux, saluant vaguement les rares nuages et les pales étoiles.

Ariana se tourna vers le balai d'Anthony qui entamait déjà son piquet vers les tours de Poudlard, préférant le chemin sinueux près du sol qui lui faisait gagner quelques minutes, si tant est qu'il ne s'accrochait pas aux statues des gargouilles en chemin.

Elle repos ses yeux face à elle, penchant son corps vers la droite pour dériver son balai, l'iode de la mer imprégnant ses narines de douceurs amères.

Certains des participants se retrouvèrent dans le lac noir, poussés par d'autres avides de gagner, et elle toisa Draco qui ricanait sur son balai, ayant poussé un pauvre troisième année qui se démenait pour rattraper son balai qui commençait à partir sans lui.

-"Draco." hurla-t-elle et il leva la tête vers elle, s'étant arrêtée dans le vide, les deux jambes du même coté du balai, les balançant au-dessus de lui. "Toi, moi." Elle les désigna tous deux. "Une course sans triche. Je gagne, tu t'excuses devant Anthony. Tu gagnes, je m'excuse devant toi."

Il ne dit rien, semblant peser le pour et le contre de la chose, avant d'esquisser un sourire malin.

-"Tu as intérêt à t'agenouiller, Dumbledore."

Il s'inclina sur son balai qui reprit de la vitesse, remontant à sa hauteur, la dépassant.

-"Je ne t'ai pas dit qu'elle commençait maintenant." Hurla Ariana mais il ne l'entendait pas, déjà loin.

Elle serra le manche et se mit à voler de plus en plus vite et de plus en plus haut, le balai désormais en pic vers les étoiles, le corps collé au manche pour ne pas chuter, les cheveux devant ses yeux émeraudes. Elle pouvait l'apercevoir en contrebas, au travers des nuages, lever les yeux pour fixer les siens, ricanant en la voyant si haut sans savoir qu'elle gagnait en vitesse.

Puis une goutte, soudain, sur son nez, qui roula jusqu'à ses oreilles, emportée par la vitesse.

Les nuages, avides de spectacle, s'étaient rassemblés, cachaient le soleil qui n'osait les réprimander.

La pluie aussi arrivait, tempête éphémère.

Une deuxième goutte, puis une troisième.

Les mains d'Ariana cessèrent de serrer le manche du balai pour se poser sur les oreilles de cette dernière, tentant vainement de l'empêcher d'entendre le grondement du tonnerre.

En contrebas, Albus venait d'apercevoir les nuages noirs, les gouttes de pluie tombant sur le sable. Il se releva, comme figé soudain, se tournant vers la ligne d'arrivée où trônait Anthony et Harry, fiers dans leurs habits. Le regard du Serdaigle croisa celui du directeur, en un sentiment réciproque.

Il se rassit sur son balai, fixa le ciel et s'envola, tandis que plus loin Draco ricanait en voyant qu'Ariana avait cessé d'avancer, au-dessus de lui.

-"On abandonne déjà ?" Hurla-t-il mais elle ne sembla pas l'entendre, le tonnerre grondant.

Et alors quelque chose chuta, de son balai, et il se rendit compte que c'était elle.

Elle passa à quelques centimètres de lui, et il aurait pu tendre la main pour la récupérer, elle dont le corps se balançait au rythme du vent déchainé, les yeux clos et le visage déformé par une grimace effrayée. Mais il ne le fit pas, et le corps lentement disparut sous les nuages qu'il survolait.

|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant