-"Je pense qu'il est temps."
Ariana hocha la tête sans comprendre, face à Elisabeth qui déjeunait.
-"De quoi parlez-vous ?"
Elisabeth leva les yeux vers elle.
-"Je parle de ton entrée officielle. Tu seras présente au prochain événement royal en tant que princesse héritière."
Les yeux d'Ariana s'écarquillèrent, sous la surprise.
-"Est-ce vrai ?" Elle se leva de table et Elisabeth la toisa.
-"Moins fort, Victoria. Aie un peu de décence."
-"Navrée." Elle se racla la gorge et se rassit, détournant le regard.
Les poings serrés pour contenir sa joie, elle resta calme jusqu'à la fin du repas de la Reine.
-"Apporte-moi le carnet là-bas, je te prie." Elisabeth désigna le petit feuillet sur le bureau au loin.
Ariana leva le doigt et le fit voler jusqu'à elles, le sourire aux lèvres en sachant que William et Harry adoraient la voir user de sa magie.
Mais lorsque son regard se posa dans celui de sa grand-mère, elle arrêta soudain, le carnet retombant violemment sur la table. Elle déglutit, sentant ses yeux dégoûtés transpercer les siens.
-"Ne refais plus ça." L'avertit sa reine et Ariana hocha simplement la tête, se mordant la lèvre inférieure. "Bien. J'ai demandé à ce qu'on me prépare plusieurs tenues pour toi, nous les choisirons ensemble." Elle ouvrit le carnet. "Choisis-en trois et fait-moi parvenir le carnet lorsque tu auras choisi. J'en validerai une."
-"Bien, grand-mère." Murmura Ariana en attrapant le carnet. "Est-ce tout ce que vous souhaitiez me dire ?"
Elisabeth la fixa, longtemps, sans rien dire d'abord, comme si elle sondait son âme à la recherche de la moindre ressemblance avec celle qu'elle aurait dû être - une princesse digne de ce nom.
-"C'est tout." Elisabeth se leva, signe que leur discussion était close, et Ariana se leva avant de s'incliner.
-"Moins bas."
Elisabeth la toisa avant de relever son menton.
-"Tu es l'héritière, tu dois moins t'incliner que tes frères."
Ariana hocha la tête.
-"Je ne suis que l'héritière de père. Il sera votre héritier direct."
-"Cela va de soi." Son ton se fit plus dur et Ariana se pinça les lèvres pour s'empêcher de parler.
Lorsque la porte se referma, Ariana se releva, droite.
Elle haïssait devoir ainsi s'abaisser.
Elle ne s'était jamais abaissée, inclinée devant quiconque, pourquoi devait-elle le faire devant sa propre grand-mère ?Tout était tellement différent.
De ce qu'elle avait l'habitude de faire, d'entendre.Une domestique vint la prévenir que son professeur de piano était arrivé et elle hocha la tête avant de la suivre docilement.
C'était ça, désormais, sa vie. N'était-ce donc plus que ça ?
Suivre docilement, apprendre docilement pour au final ne rien faire.
Quelque chose, dans sa transition, n'allait pas. Tout avait été trop soudain.
Elle s'assit devant son piano, comme une poupée désarticulée. Était-elle déçue, de la tournure des évènements ?
Elle posa son index sur le do, lentement, et le reste suivit la tendance tandis que ses yeux voguaient sur le papier face à elle.
Et elle jouait, encore et encore, une mélodie au refrain cassé, son professeur ne pipant mot car son talent dépassait ses connaissances.
La princesse Victoria jouait à la perfection dans une pièce adjacente à sa grande chambre, le dos droit, les épaules en arrière, le menton relevé. Tel était son devoir.
Mais Ariana s'ennuyait, devant le piano à caresser les touches comme pour les rassurer, coincée dans une étiquette qu'elle aurait souhaité noyer.
La mélodie emplissait la grande salle aux moulures d'or, mais elle n'en ressentait aucun frisson, comme des notes vides de sens.
-"Ce sera tout." Le professeur se leva, s'inclina, se fit raccompagné comme à chaque fois.
Et Ariana resta devant le piano, le regard terne.
*****
-"Attention."
Ariana eut une grimace lorsqu'elle sentit une aiguille s'enfoncer dans sa peau mais il sembla que la couturière ne s'en préoccupait guère car elle ne l'a retira pas, occupée à réajuster la robe.
Devant le miroir, Ariana d'empêchait se respirer de peur de se faire encore piquer, et fixait sa robe vert émeraude d'un bon oeil, tant le tissu lui siait.
Elisabeth, assise face à elle, donnait les directives.
-"Raccourcie quelque peu la robe." Elle désigna cette dernière qui tombait sur le sol. "Victoria est petite."
Ariana fit la moue, prête à se défendre, mais le regard de sa grand-mère l'en dissuada.
Alors elle se tut bien gentiment, enlevant discrètement les aiguilles qui la plantaient au fur et à mesure.
-"Vous avez pris du poids." Nota la couturière en regardant la taille de la robe trop serrée.
-"Je grandis." Objecta Ariana en la toisant.
-"Laissez la taille telle qu'elle, elle ne portera cette robe que pour quelques heures." Las de tout ça, Elisabeth renvoya la dame qui s'inclina devant elles deux.
Ariana se rhabilla, donnant la robe à une domestique qui l'apporta immédiatement à ceux payés pour la réajuster.
-"Le protocole à suivre sera simple." Elisabeth se racla la gorge. "Votre gouvernante vous l'expliquera."
Elle se leva et Ariana s'inclina.
-"Elle m'a d'ailleurs dit que tu avais gardé ta baguette dans ton tiroir de bureau." Elle ne se tourna pas vers elle mais s'arrêta néanmoins près de la porte, ayant vérifié que la domestique s'occupant d'ouvrir la porte était une sorcière également. "Je t'ai pourtant sommé de la ranger dans l'armoire."
-"Je n'ai pas la clef de l'armoire." Objecta Ariana. "Comment faire si j'en ai besoin après ?"
Elisabeth se tourna vers elle.
-"Tu n'en auras pas besoin." Son ton se fit dur. "Pas ici."
Ariana hocha simplement la tête.
-"Bien, grand-mère. Je la mettrai dans l'armoire."
Et lorsque la Reine fut partit, Ariana s'affala sur le canapé de fils jaunes, le coeur serré.
Elle ne se sentait pas chez elle dans son propre chez elle.
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|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]
Fanfiction"Les Hommes ne naissent pas mauvais, Draco. Ils le deviennent." ***** ❝Lorsque le lac noir se teintera de sang, Alors les cloches sonneront l'allégresse, Mais tout ne sera que tristesse Car une reine ne peut vivre le...