-"Il est temps, Victoria."
Elisabeth se tourna lentement vers la jeune femme qui sentait sa respiration se couper, coincée dans son corset émeraude.
Anthony massait ses épaules, évitant de défaire ses cheveux parfaitement coiffés en un chignon serré, ses cheveux légèrement bouclés retombant de part et d'autres de ses oreilles, mettant en valeurs ses boucles d'oreilles pendantes en diamants et son ras-de-cou en émeraude, faisant référence à sa robe longue qui enserrait sa taille et cachait sa poitrine.
Elle ne se sentait pas prête.
-"Une fois que sa Majesté la Reine et Son Altesse le prince Philip sortiront, vous devrez les rejoindre sitôt que sa Majesté la Reine fera le signe suivant." Le Majordome imita le geste, tapotant le sol deux fois avec son pied. "Vous vous avancez sur le balcon, fixerez la foule, vous inclinerez devant sa Majesté la Reine, et ferez un salut vague de la main à la foule présente."
Ariana hocha la tête, sentant les mains chaudes d'Anthony sur ses épaules nues.
Et si le peuple ne l'aimait pas ? Et s'il la haïssait? Après tout elle venait de Dieu seul savait où, et reparaissait comme par miracle pour voler la place tant désirée de William. N'avait-elle donc aucune honte, de se présenter ainsi tout parée devant un peuple qui peinait à tenir l'hiver autour de la cheminée ?
Elle allait être huée. Elle allait être détestée.
-"Tout le monde va t'adorer."
Elle leva les yeux vers Anthony, derrière elle, comme une bouffée d'air frais.
-"La princesse qui revient d'entre les morts, c'est le conte de fée qu'ils attendaient. Quelque chose qui renforce leur dévotion pour la famille royale. L'héritière de la tant aimée Diana." Il eut un sourire. "Moi, en tout cas, je t'adore."
Elle sentit son cœur s'alléger et son visage se détendit. Anthony avait raison. Et puis, même s'il avait tort, elle n'avait pas besoin d'être aimé de tous. Juste de ceux qu'elle aimait, elle.
-"Il est temps, Votre Majesté." L'homme s'inclina tandis qu'elle passait devant lui, passant du salon ouvert au balcon.
Immédiatement les gens rassemblés en contrebas se mirent à hurler, captivés par son arrivée, et les flashs des caméras commencèrent à s'allumer, comme des centaines de lampe aveuglante. Elle garda la tête haute - du moins c'est ce que pensait Ariana, ne voyant que son dos depuis le salon.
Elle commença son discours, digne dans sa robe rose et son petit chapeau.
-"C'est bientôt à vous." chuchota l'homme.
Ariana sentit son cœur se serrer de nouveau, comme si l'air lui manquait, sa langue s'assécha et son palais se fit fade.
Elle n'allait pas y arriver. Que faire, une fois face à tous ces gens ? Que dire, pour les satisfaire ? Elle voulait simplement retourner à sa petite vie tranquille.
Retourner chez Albus et Abelforth.
Retourner à Poudlard, retrouver ses amis.
Elle tapa du pied, sous sa robe, cachée des projecteurs, sur le balcon, près de son époux.
Il était temps. C'était son tour, elle était trop longtemps restée caché de tous. Elle ne devait plus penser, plus stresser. Devait sortir, se révéler.
Sa gouvernante la poussa, ses mains brulantes touchant son dos glacée, l'avança vers le balcon.
Elle tourna la tête, lentement pour ne pas défaire sa coiffure, les mains tremblants sur sa taille.
Anthony croisa son regard, ne dit rien, n'en pensa pas moins, dans l'ombre de la cheminée, le sourire aux lèvres, tendre réconfort.
Et alors elle sortit, au grand jour, inspirant, expirant, sentant ses épaules trembler alors qu'elle s'inclinait devant la Reine et relevait la tête devant le peuple, les saluait d'une main blanche.
Les flashs se firent plus violents, plus intrusifs, les murmures s'agrandirent, les applaudissements se turent.
Il y eut un lourd silence rompu par le bruit des appareils photos. Ariana cru, l'espace d'un instant, que le monde allait s'arrêter. Que le monde allait la rejeter définitivement, pauvre inconnue qu'elle était.
-"Son Altesse Royale, la princesse Victoria." cria l'annonceur en s'inclinant devant elle, debout sur le balcon, complétement à gauche.
Les gens présents ne dirent rien, la regardèrent sous toutes les coutures, comme pour juger la couleur de sa peau, le placement de sa parure, le rouge de ses lèvres, la longueur de ses cils.
Puis une femme, tout d'abord, s'inclina, dans la foule.
Puis un homme, qui appuya sur la tête de son fils pour faire de même. Et petit à petit, les personnes présentes courbèrent leurs échines dans un silence absolu, et même les caméras se turent.
Et Ariana crut, l'espace d'un instant, apercevoir un visage familier, le seule restant droit dans sa posture fier, une casquette cachant son visage, ses cheveux blonds dépassant ça et là de son couvre-chef.
Mais elle n'eut pas le temps de le reconnaitre, car alors il fit demi-tour, et partit. Et Ariana reprit son sourire, saluant la foule qui se fit plus nombreuse encore.
*****
-"Réapparition mystère de la princesse Victoria : la véritable envoyée de Dieu."
Elisabeth reposa le journal sur la table, enlevant ses lunettes avant de soupirer.
Elle leva les yeux vers son fils, qui ne dit rien, continuant de siroter son thé.
-"Vous n'avez toujours pas pris votre décision, mère ?" Il la regarda, reposa sa tasse chaude.
Sa mère ne répondit pas, huma l'air, le parfum du bouquet de fleurs.
-"Tant que tout se passe bien, je ne vois pas pourquoi je ne pourrai me réjouir." elle eut un sourire satisfait, désigna le gros titre des journaux qu'elle avait déposé sur la table, attrapa son café fumant, en but une gorgée.
-"La rescapée prodige, héritière du trône d'Angleterre."
Charles attrapa le journal, en lut quelques lignes, le reposa.
Il semblait que rien ne pouvait entacher la réputation que venait de recevoir la jeune princesse qui dormait encore paisiblement dans son lit, Anthony ayant interdit à tout le monde d'entrer et de la réveiller.
Et, bizarrement, les seuls qui n'étaient pas ravis étaient le prétendant au trône et la femme toujours assise dessus.
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|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]
Fanfic"Les Hommes ne naissent pas mauvais, Draco. Ils le deviennent." ***** ❝Lorsque le lac noir se teintera de sang, Alors les cloches sonneront l'allégresse, Mais tout ne sera que tristesse Car une reine ne peut vivre le...