|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]

~Fifteen

Il pleuvait, ce jour-là.

C'était idiot, vraiment, de ne pas avoir demandé aux météorologues le temps de la journée.

Ça leur aurait évité bien des soucis.

Par exemple, ça leur aurait évité une jeune fille frêle évanouit dans les bras d'un garçon quelque peu paniqué de transporter un cadavre.

Ça leur aurait évité la panique générale et l'effroi du jeune prince William.

Ça leur aurait évité la panique du garçon qui s'étala sur le sol avant d'avoir stabilisé son balai, envoyant valser le corps inerte dans les airs, rattrapé in extremis par son tuteur.

Ça leur aurait évité les brancards qui vinrent chercher d'urgence les deux blessés.

Ça leur aurait évité l'échec total du tournoi dédié à la Reine.

Non, vraiment, consulter les météorologues aurait été la meilleure idée.

Mais ils n'y ont simplement pas pensé.

-"Tu te sens mieux ?"

William déposa le verre vide sur la table de chevet et regarda Ariana qui grimaçait, s'essuyant la langue pleine de médicaments avec une serviette.

-"Ça va." Elle reposa la serviette et fit la grimace. "Merci de t'occuper de moi."

-"Ton ami Anthony est dans l'incapacité de le faire pour le moment. Et même s'il avait pu, je serais venu."

Ariana eut un sourire reconnaissant, assise dans son lit à l'infirmerie.

-"Tu devrais y aller, terminer de préparer tes bagages." Conseilla la jeune femme et William eut un soupir, forcé de reconnaître qu'elle avait raison.

Il se leva, époussetant ses vêtements, et s'arrêta pour la fixer quelques instants.

-"Je suis désolé de savoir que l'on ne se reverra pas pendant un long moment, mais j'espère que toi et Albus viendrez nous rendre visite à Buckingham."

-"Je t'enverrai une lettre pour te prévenir." Elle plissa le nez en souriant et il hocha la tête, quittant finalement l'infirmerie.

Elle se fit silencieuse, soudain, et Ariana tourna la tête vers le garçon près d'elle, qui dormait, les blessures guéries.

Était-ce vraiment lui qui l'avait sauvé, alors qu'il aurait pu la laisser tomber ? S'était-il réellement blessé pour elle ?
Tout du moins, dans sa maladresse tandis qu'il la portait ?

Elle se leva de son lit, les pieds nues sur le carrelage froid, la robe d'hôpital flottant autour de son corps frêle, s'approchant doucement du lit où il reposait, les yeux clos, la respiration régulière.

Il était apaisé, lorsqu'il dormait. Il ne criait pas, ne ricanait pas, ne poussait pas, ne grimaçait pas.

Il semblait presque normal, allongé dans son lit d'hôpital, les cheveux platines éparpillés sur son oreiller.

Elle s'avança plus encore, ses genoux tapant contre les lattes du lit, la main levée vers son visage.

Puis, dans un geste anodin, elle déplaça ses mèches de cheveux de sur ses yeux pour les caler derrière ses oreilles.

Oui, elle n'arrivait pas à croire que c'était réellement lui qui l'avait rattraper.

Draco Malfoy.

C'était amusant, les gens, les sentiments.

La peur de tout perdre alors même que l'on n'aime pas forcément ce que l'on a.

La peur de mourir alors même que l'on apprécie pas forcément de vivre.

La peur de l'échec alors même que l'on aime pas forcément gagner.

La peur du vide alors même qu'on sait voler.

La peur de se noyer alors même qu'on sait nager.

-"Ne me touche pas, sac poubelle."

Elle retira sa main, soudain attirée hors de ses pensées par les yeux cendrés de celui qui venait de se réveiller.

Il la fixa sans bouger, sans ciller, sans parler, ses yeux à peine réveillés dans les siens au-dessus, le crâne enfoncé dans l'oreiller moelleux, les membres engourdis sous les draps.

-"Quelle chochotte." Ariana lui donna une pichenette sur le front en grimaçant et il leva finalement son bras pour masser sa tête endolorie. "Tu donnes l'impression d'avoir chuté de ton balai."

Il imita sa voix aiguë de façon exagéré et s'assit dans son lit, la poussant pour qu'elle s'écarte. Ariana retourna dans son lit, les pieds gelés.

-"Je demande à avoir mon BUSE mention excellente dès maintenant, pour t'avoir secouru."

-"Tu ne peux pas soudoyer Albus comme ça, ça ne fonctionnera pas." Elle haussa les épaules et s'affala contre son oreiller. "Mais bien essayé, blondinet."

-"Tu peux parler." Il regarda ses cheveux en ricanant, toujours autant étonné par sa stupidité, et détourna la tête pour fixer la pièce vide.

Ariana le laissa faire, admirant son profil pâle sous la lumière du soleil.

-"Au fait." Elle se racla la gorge et il se tourna vers elle. "Merci de m'av-"

-"Ariana !"

Elle se fit soudain interrompre par une voix qui résonna dans la salle, et des bruits de pas se firent entendre avant qu'une silhouette ne se forme près du lit de la blessée.

-"Tony." Immédiatement, elle sentit sa cage thoracique s'affaisser et un tendre sourire se dessina sur ses lèvres, comme soulagée.

Il s'assit sur le bord du lit et posa sa main sur son front avant de soupirer, et de la gifler.

Hébétée par le geste soudain, elle le fixa sans rien dire durant un instant tandis que Draco s'esclaffait à tout rompre dans son lit.

Elle fronça les sourcils, s'apprêtant à dire quelque chose qu'elle finirait par regretter, mais alors il la prit dans ses bras avec une tendresse jusque là peu connue, posant son menton dans le creux de son épaule, sa respiration se mêlant à la sienne.

-"Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai eu peur, idiote. Qui s'évanouit à des centaines de mètres d'altitude avec pour seul autre appui un Serpentard aussi stupide que lui ?"

Il ne prit même pas la peine de mentionner Draco et ce dernier fronça les sourcils, mécontent de la tournure de la situation.

Ariana, tout d'abord quelque peu éberluée, leva lentement les bras pour serrer Anthony.

-"J'espère que j'ai raté les partiels d'Ombrage." Murmura-t-elle et il eut un rire soudain mêlé à ses soubresauts incontrôlables.

-"Elle veut vous les faire repasser." Il leva son bras pour essuyer son nez coulant et Ariana le tira en arrière en grimaçant.

-"Tu rigoles, j'espère." L'air dégouté, elle tourna lentement la tête sur le côté. "Je vais passer mes partiels seule avec lui ?"

-"Tu rigoles, j'espère." Draco fixa Anthony avec une vaine lueur d'espoir. "C'est une blague, n'est-ce-pas, le Serdaigle ?"

Anthony le toisa de haut en bas sans daigner lui répondre et fixa de nouveau Ariana qui leva sa main pour essuyer le nez du garçon en soupirant.

-"J'aurai préféré que tu me rattrapes." Confia-t-elle et il leva un sourcil.

-"J'aurai préféré ne pas avoir à te rattraper."

-"Je l'ai fait pour toi." Draco haussa les épaules, voulant à tout prix s'incruster dans la discussion à quelques mètres de son lit. "Pour le remercier, tu devrais dire à Dumbledore de me donner mon BUSE."

Anthony ne daigna, cette fois, même pas le fixer, gardant ses yeux rivés dans ceux d'Ariana.

-"Hé." Draco claqua sa langue contre son palais. "Je vais finir par m'énerver, Goldstein."

Et aucun des deux ne feint de l'écouter.