|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]

~Sixty-two

-"Il me manque." Avoua Ariana.

Le premier ministre Tony Blair hocha la tête, soupira.

-"Votre Majesté, je pense que vous pourriez aller le chercher pour votre couronnement."

Le regard d'Ariana se leva vers le sien.

-"Ce ne serait pas correct." Dit-elle alors.

-"Il a été votre substitut de père durant ces années. Je pense que ce serait un honneur pour lui."

Elle fronça les sourcils, comprit alors qu'il parlait d'Albus. Elle eut un sourire poli.

-"Je vois. Oui, je pensais justement me rendre chez nous pour le lui demander."

-"Je peux envoyer quelqu'un pour vous." Proposa Tony mais elle refusa.

-"Je dois y aller, vous ne trouverez pas notre maison."

Pas si vous n'êtes pas sorcier, car Poudlard n'est visible que pour leur espèce. Uniquement pour eux et rien que pour eux, comme un havre de paix.

Mais quelqu'un d'autre lui manquait. Quelqu'un qui était chez eux également. Quelqu'un qui, peut-être, contrairement à elle, ne l'attendait pas. Ne l'attendait plus.

-"Votre couronnement est la semaine prochaine, puisque d'importantes affaires vous obligent à être couronnée dans le courant du mois."

-"Je le sais. Je partirai demain midi avec Anthony."

-"Oui, justement Votre Majesté. Comptez-vous l'héberger éternellement à Buckingham ?"

Elle fronça les sourcils, n'ayant pas réfléchi à la question. Allait-elle elle-même restée éternellement à Buckingham ? La réalité semblait seulement la percuter maintenant. Elle était Reine, désormais.

C'était elle, la Reine.

-"S'il le souhaite." Répondit-elle alors. "Il n'a qu'à devenir mon secrétaire personnel ou que sais-je. Un métier qui le laisse près de moi."

Tony hocha la tête, leur entrevu touchant à sa fin.

Il se leva, s'inclina et partit.

Elle resta seule dans la pièce, sentant ses poils se hérisser alors qu'il ne faisait même pas froid.

C'était son âme qui la glaçait.

Quelqu'un toqua à la porte, William entra, quelque peu gêné. Elle l'incita à venir s'asseoir et il s'avança.

-"Tu vas bien ?" Elle sourit au garçon et se dernier hocha la tête vaguement.

-"Tu repars ?" Demanda William.

-"Juste demain."

Il ne dit rien, regarda la pièce dans laquelle il n'était jamais entré.

-"Maman me manque." Avoua-t-il à moitié et elle ne dit rien, ne sut que dire.

Il semblait si différent soudain, maintenant qu'elle le regarderait. Comme un fragile oisillon qui tentait de sortir de son nid.

Elle voulait dire des choses. Voulait avouer des secrets inavouables.

Elle ouvrit la bouche, s'apprêta à prononcer de tendres mots.

-"Votre Majesté." L'un des majordomes entra. "Quelqu'un demande à vous voir. Il dit que c'est urgent."

Elle se ravisa, referma la bouche. Comme entraîné, William n'en demanda pas plus. Il se leva, silencieux, s'inclina, sortit avant qu'elle n'ait eut le temps de dire quoi que ce soit.

Elle resta silencieuse un instant, avant que l'homme ne se racle la gorge.

Elle se leva, le coeur serré. Puis le suivit au dehors.

                            *****

-"Tu es prêt ?"

Ariana passa la tête dans l'embrasure de la porte, attendit qu'Anthony la pousse hors de la chambre. Lorsqu'il sortit, habillé, elle eut un sourire.

-"Allons-y." Souffla-t-elle et il fronça les sourcils.

-"Tu es excitée comme une puce à l'idée de revoir Albus ?" Demanda-t-il et elle hocha la tête.

-"Je veux qu'il soit mon père à mon couronnement. Tu te rends compte Tony ? Mon couronnement." Elle serra son bras, les yeux pétillants. "Il va être tellement fier."

Bien sûr il y avait une autre raison, mais elle préférait ne pas la mentionner et n'avait d'ailleurs pas de raison de le faire.

Il s'avança, s'apprêta à sortir par la petite porte mais elle le retint, lui sourit.

-"Tu as oublié ?" Demanda la jeune femme en désignant l'immense porte dorée. "C'est par ici, désormais."

Il ne dit rien, admira la jeune femme sans qu'elle ne sache qu'elle était ici la seule qui avait oublié, semblait-il, ce qu'il s'était passé.
Mais Anthony, peut-être, savait-il que cela valait mieux pour elle qu'elle se force à ignorer les méfaits qu'elle n'avait su contrôler.

-"J'ai fait préparé les chevaux." Précisa la jeune femme tandis que les domestiques ouvraient la grande porte de la cour.

Anthony aperçut, entre les deux battants qui se retiraient, la crinière flamboyante des chevaux qui hénissaient.

-"Nous allons faire ce voyage à cheval ?" Demanda le garçon et elle sourit avant de le pousser.

Il aperçut alors le carrosse, derrière ces dits chevaux. Et puis, en y regardant de plus près, le museau des chevaux rougoyeaient étrangement.

-"Ce sont des palominos ailés." Chuchota Anthony, fasciné et elle le regarda avec tendresse.

-"Ma grand-mère les élevait chez un palefrenier sorcier." Lui expliqua-t-elle.

Le majordome ouvrit la portière, les invita à entrer.

Anthony aida Ariana à monter, sa robe noire lui arrivant aux talons et risquant de la faire tomber, puis il entra à son tour.

Le cochet émit un léger son distinctif et les palominos se mirent à trotter puis galoper jusqu'à pouvoir s'engager dans les grands jardins. Les domestiques ne demandèrent pas pourquoi ils s'avançaient plus en profondeur dans les immenses plaines du domaine au lieu de sortir de cedit domaine, et lorsque finalement ils furent assez loin des moldus, les palominos déployèrent leurs ailes et s'envolèrent.

Ariana regarda ce sublime spectacle, collée à la vitre de la portière, fascinée et Anthony eut un sourire en la regardant telle une enfant devant son attraction préférée.

Oui, aux yeux de tous elle était désormais la Reine Victoria II, mais aux yeux du garçon elle restait toujours l'amusante Ariana qui le suppliait toujours de la pousser sur la balançoire qu'ils avaient installés dans la forêt interdite.

Et sans doute aux yeux de Dumbledore le restait-elle aussi.