|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]

~Sixty

-"Calme-toi, Victoria."

Charles sortit alors de derrière le paravent et Ariana sentit une bouffée d'air frais.

-"Papa." Souffla-t-elle. "Papa tu as entendu ? Elle a-"

Elle se figea alors, regarda ses yeux, son regard, ses iris qui ne tremblaient pas. Puis finalement ses pas qui le guidèrent jusque devant sa mère non pas pour lui demander des comptes mais pour la protéger.

La protéger d'Ariana.

-"Tu le savais ?" Murmura-t-elle et il eut un soupir.

-"Je ne souhaitais pas que ça se passe comme ça. Je voulais que ce soit sans douleur pour toi, Victoria."

-"Nous ne sommes pas des monstres." Ajouta Elisabeth près de lui.

-"Non." Reprit lentement Ariana en comprenant finalement. "Non, ici c'est moi le monstre."

Elle n'arrivait pas y croire. Elle n'arrivait pas à croire qu'ils avaient tué sa mère. Qu'ils l'avaient tué, elle.

Elle n'avait rien fait. Était-ce simplement parce qu'elle était née ainsi ?

Était-ce juste ? Avaient-ils raison ?

Qu'allaient ils faire, désormais. La tuer de nouveau ? L'enfermer encore dans les abysses de ses souvenirs.

Charles attrapa le coupe-papier de sa mère, pour le reposer.

Mais Ariana ne le comprit pas.

Ils allaient encore la tuer, pensa-t-elle.

Sa main bougea seule, défense de son fébrile corps.

Elle envoya valser son père contre un mur et le coupe-papier retomba sur la parquet.

Elisabeth eut un cri qu'elle étouffa et se tourna vers Ariana qui regardait son père, les yeux écarquillés.

Elle regarda sa main, tendue dans le vide, ne comprenant pas ce qu'elle venait de faire.

Elle recula d'un pas, effrayée par elle-même.

Elle sentit ses joues se tremper, elle enferma sa main meurtiere dans l'autre, regarda sa grand-mère en quête de réponse, de réconfort.

Ne rencontra que l'immonde dégoût.

-"Je ne voulais pas-" tenta la pauvre enfant mais ses sanglots l'empêchèrent de continuer.

Elle ne contrôlait plus.

Elisabeth accourut, chercha son pistolet dans sa chambre de nuit, l'attrapa, le tendit vers Ariana, les mains tremblantes sur l'arme.

-"Tu pourrais tuer ton propre père." Cracha Elisabeth sans un regard pour son fils.

Ariana hocha la tête de gauche à droite, sanglotant, refusant.

-"J'ai cru qu'il-"

-"Comment comptes-tu diriger un pays alors que tu ne peux pas te diriger toi-même ?" Hurla sa grand-mère. "C'est pour cela que je voulais me débarrasser de la menace que tu représentais."

-"Je ne suis pas une menace !" Hurla Ariana en larmes. "Je suis ta petite-fille."

-"Tu n'es pas ma petite-fille." Répondit froidement Elisabeth. "Mes petits-enfants sont normaux."

Ariana ne dit rien, fixa l'arme, les yeux embués de larmes.

Elle n'était pas normal. N'était-elle pas normal ?

On la haïssait. Ils la haïssaient.

Elle se mordit la lèvre inférieure, sentant son coeur lentement sombrer.