-"Je désire voir ma grand-mère immédiatement."
-"Votre grand-mère se prépare pour un rendez-vous avec le premier ministre." Déclara son page mais Ariana n'en eut que faire.
Elle poussa l'homme et prévint Anthony de rester devant la porte.
Elle entra, à la volée.
La porte se referma derrière elle et elle s'avança, dans la pièce sombre.
-"Grand-mère ?" Appela Ariana et la femme sortit de l'ombre, dans sa robe nacrée, la couronne sur la tête sans doute pour voir si elle lui allait encore.
-"Victoria." Dit-elle alors étonnée. "Je ne t'escomptais pas de retour si tôt."
-"Vous vous êtes rétablie." Murmura-t-elle en souriant. "Je suis soulagée."
La reine se racla la gorge, regarda en biais vers le paravent.
-"Retourne dans ta chambre Victoria, je dois aller voir le ministre."
-"Je souhaitais vous parler, grand-mère."
Elle sourit, avança d'un pas et Elisabeth remarqua finalement son allure tremblante.
-"Je ne vois aucune photo de nous." Dit-elle soudain et Elisabeth fronça les sourcils, ne comprit pas. "De ma mère et moi. Il y a des photos de votre mariage, de mon père, de sa nouvelle femme, de William et Harry. Mais pas de moi."
-"Tu avais disparu, Victoria."
-"Justement. N'avez-vous donc aucune photo de moi enfant ? Vous devriez les garder précieusement mais pourtant vous les avait cachés, retirés."
-"Nous ne pouvons nous permettre de penser aux morts."
-"Mais je ne suis pas morte." Elle écarta les bras. "Je suis là. Ne pouvez-vous remettre mes photos ?"
Elisabeth eut un soupir.
-"Je ne les ai plus. Elles ont été perdus il y a bien longtemps."
Cela n'allait pas suffir. Ariana sentait le besoin urgent de lui demander la vérité. De vérifier qu'elle était faussée, que tout allait bien.
-"Nous avons eu un accident." Finit-elle par dire et elle sentit ses yeux la brûler, signe qu'elle ne tarderait pas à pleurer. "Ma mère et moi."
-"Je le sais."
-"Il y avait une lettre, dans le sac de maman. Que vous aviez envoyé à papa."
Elisabeth ne dit rien, l'écouta.
-"Vous disiez vouloir vous débarrasser de moi." Elle eut un rire. "Mes souvenirs semblent être erronés, j'en suis navrée."
Elle attendit. Que sa grand-mère s'énerve, la renvoie, lui ordonne de s'excuser.
-"Victoria." Dit-elle alors en la regardant droit dans les yeux. "Où se trouve ta baguette ?"
-"Dans ma poche."
-"Je t'ai ordonné de la cacher dans l'armoire, pourtant."
-"Je ne compte pas l'utiliser, n'ayez crainte."
Elisabeth fronça les sourcils, s'avança d'un pas.
-"Tu n'as pas besoin de ta baguette pour utiliser ta magie, Victoria. Ne t'en souviens-tu pas ? Je te le demande parce que je déteste la voir."
Ariana se pinca les lèvres, se souvenant parfaitement soudain de tous les regards d'horreur lorsque enfant elle faisait voler ses petits frères dans les airs sans comprendre que les cris de joie des petits n'avaient d'égal que les cris d'horreur des adultes qui comprenaient qu'elle était différente.
-"L'accident." Murmura-t-elle alors en penchant la tête, suppliante. "S'en était bien un. N'est-ce pas ?"
Elisabeth ne répondit pas. Les secondes qui s'écoulèrent furent soudain les plus douloureuses de son existence.
-"Vous avez réellement cherché à me tuer ?" Souffla-t-elle en sentant l'air lui manquer.
Elisabeth recula, lentement, jusqu'au bureau derrière elle. Elle chercha quelque chose, ses mains dans le dos sans cesser de fixer sa petite-fille.
-"Lorsque le lac noir se teintera de sang,
Alors les cloches sonneront l'allégresse,
Mais tout ne sera que tristesse
Car une reine ne peut vivre le coeur béant
Et celui qu'elle aime ne peut survivre si de son rang
Elle accepte son destin et se rend.
Lorsque sonnera l'horloge du printemps
Les souvenirs ne demeureront manquants
Et les cris fuseront
Et acclameront
Celle qui brandira au ciel ce qu'elle choisit d'être
Car si l'une des deux voies est prise
L'autre ne pourra être reprise."Ariana se tut, écouta la voix de sa grand-mère emplie d'un dégoût sans nom.
-"Dit-moi, Victoria : cela te semble-t-il une prophétie heureuse ?"
Ariana ne répondit pas. Que pouvait-elle répondre ? Non, cela ne semblait pas être une prophétie heureuse. Cela ne semblait pas être un destin envieux.
-"J'ai su, la première fois que tu as montré tes pouvoirs sur le balcon. Lorsque tu as détruit les pierres et que tu marchais sur l'air, les yeux brillants comme deux immenses diamants." Le regard d'Élisabeth se fit plus dur. "J'ai su que tu serais dangereuse."
-"Je n'ai jamais blessé personne." Murmura Ariana. "C'est injuste."
-"Personne ?" Elisabeth fronça les sourcils. "As-tu oublié la blessure de Philip lorsqu'il a refusé de t'offrir un chat pour ton anniversaire ? As-tu oublié l'écurie que tu as brûlé parce que mon cheval avait refusé de te laisser le monter ? Et les innombrables fois où tu brisais des objets que tu tenais parce que tu n'arrivais pas à contrôler ta puissance ?"
-"J'étais une enfant !" Hurla Ariana. "Vous auriez pu m'aider !"
-"J'ai tenté de t'aider." S'écria Elisabeth alors en levant un coupe-papier vers l'enfant et cette dernière se figea, les yeux grands ouverts. "J'ai tenté d'aider notre famille et l'Angleterre en te sacrifiant, Victoria. Tu étais trop dangereuse."
-"Vous aviez peur." Ariana sentit sa gorge se serrer face à l'objet peu pointu que pourtant sa grand-mère tenait les mains tremblantes. "Et vous avez toujours peur."
Elisabeth ne flancha pas, commença à appeler les gardes derrière la porte mais Ariana eut un léger rire.
-"Ils ne sont pas là, je les ai renvoyé." Dit-elle alors. "Vous comptiez faire quoi ? M'emmener en prison ? Me faire pendre ?"
-"Tu m'avais l'air d'être calme, c'est pour ça que je t'ai laissé revenir dans notre famille." Répondit Elisabeth en jetant un regard au paravent. "Mais je vois que tu es toujours aussi dangereuse."
-"Vous avez tué ma mère !" Hurla Ariana et elle laissa échapper un sanglot plaintif.
-"J'aurai du te tuer toi !" Hurla à son tour Elisabeth et Ariana se tut, comme si la réalité venait de la percuter, la bouche entrouverte.
C'était elle qui aurait dû mourir.
C'était elle que l'on voulait tuer.
VOUS LISEZ
|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]
Fanfiction"Les Hommes ne naissent pas mauvais, Draco. Ils le deviennent." ***** ❝Lorsque le lac noir se teintera de sang, Alors les cloches sonneront l'allégresse, Mais tout ne sera que tristesse Car une reine ne peut vivre le...