-"Votre Majesté, c'est hélas en train d'empirer."
Le sorcier eut un soupir, regarda Ariana qui ne disait rien, assise sur un fauteuil confortable. Il rangea ses outils, passa sa main sur son front pour se l'éponger.
-"Merci beaucoup de votre visite." Dit-elle d'une voix morne.
Elle fit tinter la cloche, pour que le majordome raccompagne l'invité.
-"Pourquoi ne voulez-vous rien faire, Votre Majesté ?" Supplia-t-il. "Je vous assure que ça ne prendra pas long-"
-"Cela suffit." Elle se tourna finalement vers lui. "Ce sera suffisant pour aujourd'hui."
-"Votre Majesté." Il se pinça les lèvres, se releva pour suivre le majordome. "Cela pourrait s'avérer mortel."
Elle ne dit rien, le regarda partir puis finalement fermer la porte.
Ariana laissa échapper un long soupir. La couronne pesait trop lourd sur sa tête.
Elle se leva, retourna dans sa chambre, passant devant les domestiques qui s'arrêtaient de chuchoter sur son passage.
Elle se sentait épuisée. Avait-elle toujours été aussi fatiguée ? Draco rendait souvent visite à Blaise ces derniers temps et elle se retrouvait seule.
Quelque chose avait mal tourné. Ils n'auraient pas du s'aimer comme ça. Ils n'auraient pas du vivre comme ça.
Elle était certaine que si elle n'avait rien découvert, ils seraient à Poudlard, ensemble. Tout aurait certainement été plus simple.
-"N'est-ce pas, maman ?"
Elle eut un léger sourire de tendresse en regardant le morceau déchiré de journal où sa mère se trouvait.
-"Nous n'étions pas faites pour être reines." Lui confia-t-elle, assise sur son lit en face de sa table de chevet où elle reposait. "Nous étions faites pour vivre libres."
Elle eut un lourd soupir, regarda la photo, ses yeux n'arrivant pas à se concentrer.
-"Voldemort a déposé un diadème, tout à l'heure, ici. J'ai accepté de le garder." Elle se mordit la lèvre, et laissa son corps s'affaler sur le lit, fixant le plafond. "Ils vont venir. Je sais qu'ils vont venir."
Ils allaient venir la récupérer.
Elle ferma les yeux, un instant, respira profondément.
Elle avait envie de sortir, de se dégourdir. Comment vivaient les gens, en dehors du palais ? Bien, sans doute.
Elle se leva, s'habilla plus simplement, sortit par la fenêtre.
Les rues pavées étaient bondées, sans doute parce que l'été arrivait.
Les enfants riaient et gigotaient aux bras de leurs parents pour qu'ils leur achètent des glaces. Les magasins étaient remplis, beaucoup de touristes devaient être présents.
Quelqu'un la poussa, s'excusa mais elle lui sourit pour la rassurer et continua son chemin.
Elle flânait, dans les rues.
Regardait les vitrines, seule, mais pourtant entourée de tellement de personnes.C'était ce qu'elle avait toujours aimé.
Être entourée de monde sans que personne ne la distingue des autres passants.
N'être rien de plus qu'un sujet.-"Excusez moi."
Un père avec un fort accent s'approcha d'elle. Elle s'arrêta, surprise, le regarda tenter de formuler sa phrase correctement.
-"Où se trouve Buckingham ?" Demanda-t-il.
Elle se tourna, lui indiqua la direction du doigt.
-"Merci." Il sourit. "Que Dieu soit avec vous."
Surprise, elle le regarda partir avec sa famille, jusqu'à ce qu'ils se perdent dans la foule.
Elle ne bougea pas de son pavé, regarda devant elle sans vraiment regarder quelque chose.
Que Dieu soit avec elle.
Elle laissa échapper un sourire cynique.
Dieu.
Quel Dieu voulait être avec elle ?
Elle se fit pousser par les pressés, ne se rattrapa pas, se fit bousculer par d'autres.
Il semblait que c'était le feu vert, tout le monde lui passait devant. Elle se laissait faire, comme une poupée désarticulée.
-"Ina ?"
Dans la foule, quelqu'un l'avait reconnu.
Elle releva la tête, fixa le grand homme à la longue barbe. Il lui rappelait quelqu'un.
-"Abel." Souffla-t-elle.
C'était bien lui. Que faisait-il à Londres ?
Il poussa les autres de sa carrure imposante, s'approcha jusqu'à pouvoir prendre son visage en coupe pour mieux la dévisager. Ils ne parlèrent pas, elle reposa sa tête entièrement entre ses deux mains, le laissa la détailler.
Sa présence venait de raviver la flamme qui s'était éteinte, en elle.
Il ravivait des souvenirs qu'elle avait oublié.
-"Qu'est-ce que tu fais là ?" Demanda-t-elle.
-"Je cherchais quelque chose." Répondit-il sans la lâcher.
Elle savait ce qu'il cherchait. Il cherchait le diadème qu'elle avait.
Elle lui sourit néanmoins, ferma les yeux un long moment pour profiter de l'instant. Son père qui supportait le poid de la couronne avec elle.
-"Ça fait longtemps." Dit-elle de façon anodine.
Le visage de marbre d'Abelforth s'effrita quelque peu et il laissa échapper un sourire empli de regret.
-"Tu as maigri." Nota-t-il en tendant de détendre l'atmosphère.
-"Tu n'étais pas là pour me forcer à manger."
Il déglutit, ne dit rien.
-"Ina." Murmura-t-il et elle ouvrit les yeux. "Tu devrais venir me voir, quelques fois."
Elle voulait. Elle voulait tant venir le voir.
Elle leva son bras, tenta de frôler sa joue mais ils se figèrent tous les deux lorsqu'il posa son regard sur sa marque.
Ils n'avaient pas besoin de mots. Ils voyaient tous les deux que quelque chose était différent, entre eux. Ils se cachaient tous deux des vérités que l'autre savait.
C'était un jeu du chat et de la souris, mais ils haissaient savoir qu'ils étaient les deux à la fois.
-"Je suis trop fatiguée pour venir jusqu'à toi. Tu n'as qu'à venir me voir." Dit-elle d'une petite voix.
Il la regarda baisser le bras et il lâcha son visage.
-"Tu sais bien que je déteste les palais." Il sourit.
Elle avait mal. Ses poils se hérissaient sur sa peau. Ils avaient beau ne rien dire, elle entendait tout ce qu'ils taisaient.
-"J'ai besoin que tu viennes, Abel. J'ai vraiment besoin que tu viennes."
Il hocha lentement la tête, recula d'un pas.
-"Dumbledore a tué Ariana parce qu'il ne lui avait pas donné assez de temps." Dit-il alors. "Je te donne tout le temps qu'il te faut, Ina. Je t'en donne même trop."
Elle fronça les sourcils, s'apprêta à dire autre chose mais il disparut dans la foule.
Et, au final, elle était la seule qui n'arrivait pas à s'y fondre.
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|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]
Fanfic"Les Hommes ne naissent pas mauvais, Draco. Ils le deviennent." ***** ❝Lorsque le lac noir se teintera de sang, Alors les cloches sonneront l'allégresse, Mais tout ne sera que tristesse Car une reine ne peut vivre le...