~Fifty-seven

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-"Prépare tes affaires." Cria Abelforth juste après le petit-déjeuner.

Ariana cria en retour des choses incompréhensibles et Anthony roula des yeux, un léger sourire aux lèvres, se terminant de ranger les cadeaux d'Ariana dans le sac que leur avait passé Abelforth.

Ariana le regarda faire, ayant quant à elle ranger le matelas sur lequel il avait dormi. Elle se tourna légèrement vers la chambre face à la sienne, la porte entrouverte. C'était la chambre d'Albus. Près d'elle, fermée, se trouvait celle d'Abelforth.

Elle s'avança vers les deux, puis ouvrit légèrement celle d'Albus, comme dans l'espoir futile qu'il serait peut-être là, à l'attendre.

Un pincement vint serrer son coeur lorsque ses yeux se posèrent sur le lit vide. Elle pouvait apercevoir la poussière dessus, signe qu'il n'était pas venu depuis longtemps.

-"Il est venu, juste après que tu ais retrouvé tes souvenirs. Mais plus maintenant. Il ne vient que lorsqu'il a une raison de venir."

Elle ne se tourna pas vers Abelforth derrière elle, contre la porte.

-"Et sa raison est loin, désormais." Murmura l'homme en fixant la jeune femme. "Elle se pavane avec sa famille."

-"Je ne me pavane pas, Abel." Rétorqua tendrement Ariana. "Je fais simplement ce que je dois faire."

Il ne dit rien, ne semblant pas en être convaincu, et finalement sortit de la chambre, referma la porte.

Ariana voulait sortir. Cette pièce l'étouffait. Elle fit demi-tour, s'apprêta à partir mais soudain s'arrêta, regarda de nouveau le placard entrouvert par lequel s'échappait une lumière bleuté. Elle la reconnaissait parfaitement.

-"La pensine." Souffla-t-elle et effectivement il en avait une dans sa chambre chez eux.

Elle s'approcha, ne comprit pas pourquoi elle brillait toujours.

Il avait sûrement du oublier d'enlever les souvenirs de la pensine, et elle était donc toujours active.

Elle sortit sa baguette, s'apprêta à extraire le souvenir pour le ranger dans une fiole vide du placard mais soudain s'arrêta, sa curiosité piquée.

Non, elle ne devait pas. Ce n'était pas poli, et ils l'avaient bien élevé.

Elle se mordit la lèvre inférieure, plissa les yeux.

Après tout, il n'avait qu'à pas oublier de ranger ses affaires. N'est-ce pas ?

Elle regarda la porte fermée, vérifia que personne n'entrait.

Puis, finalement, s'abandonna à son péché et plongea sa tête dans la pensine.

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-"Tu ne l'emmèneras pas là-bas !" Hurla Diana et la toute petite Victoria se recroquevilla derrière la porte de leur chambre.

-"Je veux juste qu'elle aille se faire soigner." Répéta Charles avec plus de conviction.

Victoria entendit des livres retomber lourdement sur le parquet.

-"Victoria n'ira pas chez les fous." Souffla-t-elle en contractant la mâchoire. "Je l'aiderai à contrôler sa magie."

-"Et comment ? Tu n'en as pas. Que feras-tu si comme la dernière fois elle s'énerve et envoie un domestique dans le mur ? Ou qu'elle mette le feu à la chambre de William, ou bien qu'elle blesse mère ?"

-"Je l'aiderai !" Hurla Diana. "Ne touche pas à ma fille !"

-"C'est ma fille aussi !" S'écria Charles plus fort encore.

Victoria ne comprenait pas de quoi il parlait. Ou peut-être que son petit crâne ne voulait pas comprendre.

Diana claqua Charles puis sortit de la chambre, ne fit pas attention à la petite cachée derrière un arbuste.

-"Faites préparer une voiture." Ordonna Diana. "Et allez chercher Victoria, je l'emmène avec moi."

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-"La prophétie."

La Reine hocha la tête, et Albus eut un soupir à l'autre bout de la table.

-"Elle parle de Victoria." Confirma Albus et Elisabeth se tendit.

-"C'est un présage de mauvaise augure." Dit-elle alors. "Cette enfant a trop de pouvoirs, elle ne sait pas les contrôler. C'est un danger."

-"Je vous assure que je saurais l'aider lorsqu'elle sera en âge de venir à Poudlard, Votre Altesse."

Elisabeth le regarda, longuement.

-"En êtes-vous sûr ?" Demanda-t-elle alors et il sut que quelque soit sa réponse elle, malgré tout, ne l'était pas.

Quelque chose chez sa petite-fille la terrorisait. La puissance qu'elle dégageait, l'innocence qu'elle reflétait.

Quelque chose en elle était dangereux.

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-"Maman." Appela Victoria en voyant l'aéroport à travers la fenêtre de la voiture. "Pourquoi part-on ?"

Diana eut un léger sourire et caressa ses cheveux, serra la main de Dodi dans la sienne.

-"Ce sont des vacances pour tout le monde, ma chérie." Murmura-t-elle.

Dodi relut la lettre dans sa main, soupira.

-"Je n'en reviens pas que La Reine ait envoyé ceci à Charles." Dit-il et ils savaient sans doute que Victoria ne comprendrait pas. "Il faut les signaler à la police."

-"Et comment ?" Demanda Diana. "En disant qu'ils veulent tuer Victoria parce qu'elle est une sorcière ?"

Dodi eut un nouveau soupir, regarda la petite enfant qui créait des étoiles dans ses mains pour les mettre dans ses cheveux.

Elle était d'une innocence si pure et si tendre.

-"Nous la ferons grandir en France." Dit-il alors. "Je vais demander à mon père de transférer mon poste en France et nous y habiterons. Tous les trois."

-"Je ne veux pas laisser Harry et William." Objecta Diana mais son petit ami la regarda avec résignation.

-"C'est elle ou eux, Diana. Tu le sais encore mieux que moi."

Diana regarda son enfant, juste à ses côtés. Ressentit sa chaleur corporelle se mélanger à la sienne.

Le chauffeur les déposa dans l'aéroport, Dodi sortit les affaires de la voiture.

-"Bien." Soupira Diana en embrassant sa fille qui sourit. "Paris sera notre nouveau chez nous."

Et sans doute, peut-être, quelque part, crut-elle sincèrement que ce le serait à jamais, sans savoir que à jamais viendrait bien trop tôt pour elle.

|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant