|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]

~Twenty-six

-"Mère, je ne comprend pas."

Diana baissa les yeux vers sa fille qui tirait sa robe.

-"Pourquoi père vous laisse rester chez Dodi ?"

Diana regarda Dodi, qui les attendait devant la voiture.

-"Parce que papa et maman ne sont plus amoureux, chérie, et que maman est amoureuse de Dodi maintenant."

-"Mais Dodi ce n'est pas papa." Victoria fronça les sourcils.

-"Dodi n'est pas papa, papa reste papa." Diana hocha la tête et Victoria sembla satisfaite de la réponse, parce qu'elle grimpa dans la voiture.

-"A quelle heure est l'avion pour Paris ?" Diana entra à son tour et Dodi regarda sa montre.

-"Dans trois heures." Répondit-il.

La voiture démarra, et partit.

Ariana reconnaissait le moment, l'ayant lu dans le journal.

Ce fut le dernier jour où l'Angleterre vit Diana et sa fille en vie.

Ariana ne voyait pas le lien. Ne comprenait pas.

Le décor changea une nouvelle fois, mais elle ne reconnaissait rien. Il faisait noir et personne d'autre n'était là.

-"Tu ne veux toujours pas comprendre ?"

Elle se tourna vers sa gauche, où une jeune femme se tenait, fière dans sa robe rouge sang, un diadème sur sa tête, des fils d'argent descendant jusqu'à ses épaules comme si elle sortait d'un conte de fée.

C'était elle.

Elle avait eut du mal à se reconnaître au début tant elle semblait différente de maintenant, mais c'était elle. La fille face à elle était elle-même.

-"Tu ne veux toujours pas comprendre." Se répondit-elle en plissant le nez. "Alors je n'ai pas d'autre choix."

Le décor changea, de nouveau, avant qu'Ariana ne puisse dire quoi que ce soit.

Elle était sous un pont, il pleuvait au-dehors. Elle eut une grimace, mit ses mains contre ses oreilles pour les boucher. Elle haïssait la pluie.

Ne pouvait la supporter.

Une voiture blanche passa près d'elle et elle recula par instinct, puis une autre arriva, au bord du souterrain.

Non, elle savait ce qui allait se passer.

La voiture blanche se prit la voiture noire de plein fouet et elles ricochèrent contre un mur. La voiture noir recula violemment et heurta un poteau, avant de se retourner contre le goudron, le volant ne cessant de klaxonner.

L'accident.

L'accident qui avait tué Diana et sa fille, à Paris, sous le pont de l'Alma.

C'était là, elle le vivait.

Elle accourut, se baissa pour regarder au travers des vitres, recula soudain, alla vomir.

Ne voulait se souvenir du visage de la pauvre Diana, écrasée par les sièges de devant.

-"Regarde."

Sa propre voix la surprit et elle se retourna mais personne n'était là.

-"Regarde la petite."

Elle eut un frisson, obéit comme un bon toutou, s'avança de nouveau, s'abaissa, regarda Victoria.

Elle était sous sa mère, protégée par cette dernière des sièges qui auraient pu l'écraser, le bras pendu par la vitre brisée.

Elle entendit des pas, soudain, et se tourna vers l'entrée du pont.

-"Albus." Souffla-t-elle.

Elle se releva, couru le rejoindre, lui qui s'approchait de l'accident, mouillé par la pluie.

-"Albus, où sommes-nous ?" Ariana le suivit mais se rendit compte qu'il ne l'entendit pas.

Lui aussi faisait partie du rêve.

Il s'arrêta devant la portière retournée et d'un revers de la main l'arracha pour la déposer plus loin.

Il s'accroupit, attrapa quelque chose dans la voiture et le ramassa avant de se relever.

Il venait de prendre le frêle corps de Victoria.

Ariana fronça les sourcils, ne comprenant pas.

Albus fixa la voiture blanche plus loin, plissant les yeux. Il claqua des doigts et la brûla.

Puis il s'écarta de quelques pas de la voiture de Dodi, calmement.

-"Je suis navré que vos vies aient été gâchées par un complot si monstrueux." Souffla-t-il comme pour s'excuser. "Je la garderai précieusement en attendant le bon moment."

Puis, comme après avoir rassuré la mère qui s'inquiétait, il leva son bras.

Et les flammes bientôt se mirent à consumer la voiture, du crâne de Dodi sur le volant au bras du garde du corps dépassant de la vitre.

Il posa son regard sur la jeune fille dans ses bras avec une étrange tendresse.

-"Je suis navré de te faire tomber aussi bas, Victoria." Il eut une moue plaintive. "Mais je le fais dans l'unique but de te protéger, sois-en certaine."

Il leva sa baguette, la posa contre la tempe de la jeune fille endormie, et lentement en sortie des souvenirs, longs fils argentés qu'il laissa retomber sur le sol et qui s'évaporèrent dans la nuit.

-"Je suis certain que ton nouveau prénom te siera." Il eut un sourire en rangeant sa baguette, sortant lentement du souterrain. "Ariana."

Et finalement, transplana.

                            *****

-"Ariana."

Le rêve avait semblé durer des millénaires, mais il se révéla aussi fugace qu'un passage brumeux en plein mois d'août.

Juste un nuage qui vint noircir le ciel bleuté.

Ariana ouvrit les yeux, allongée sur la pierre froide et tranchante de la salle de la Mort, Ginny debout au-dessus d'elle.

Elle se leva complètement, comme soudain au courant de quelque chose de grave.

Elle le chercha, dans la foule qui se battait. Harry aux côtés de Sirius, Hermione près de Remus, Tonks et Kingsley protégeant Ron, Luna aidant Neville qui était blessé.

Là, il était là.

-"Albus." hurla-t-elle et il se tourna vers elle, envoyant valser son combattant.

-"Tu es réveillée." Nota l'homme et elle sut, à la malice de son regard, qu'il savait.

-"Je sais." Dit-elle.

-"Je sais." Répondit-il alors.

Une infinité de vies se passa entre le moment où leurs regards se croisèrent et le moment où ils se détachèrent, Ariana n'étant pas celle qui brisa leur connexion.

-"Stupefix."

Dumbledore arrêta un mangemort qui s'avançait vers la jeune femme.

-"Ne dis rien, Ariana." Dit le vieil homme. "Nous en discuterons le moment venu."

-"Dans dix ans ?"

Elle n'obtint pas de réponse.

Alors c'était vrai ? N'allait-il pas nier ce qu'elle venait de comprendre ? N'allait-il pas la rassurer en lui disant que ce n'était qu'un mauvais rêve ?

Ce fut étrange, d'y penser à ce moment précis de la vie, mais ce fut la seule chose qui lui vint en tête.

Elle avait une famille, qui l'attendait.

Mais autre chose, alors, sembla lui revenir à l'esprit.

Harry ne fut pas le seul à perdre un parent, ce soir-là, tandis qu'elle s'était assise dans un coin la tête entre les jambes.

Ariana aussi avait perdu son parent. Ariana avait perdu sa mère.