~Twenty-eight

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Lucius Malfoy avait éventuellement fini par comprendre, lui qui avait assisté à l'étrange mise à genou du jeune Spartan. Il avait éventuellement fini par prévenir la famille royale, sortant ainsi de sa cachette pour se faire immédiatement attrapé par les forces de police magique pour ensuit être emmené à Askaban sans procès.

Mais il l'avait dit : il l'avait fait.

Et désormais, deux jours après son retour à Poudlard, Ariana se tenait, droite, faussement fière dans ses habits, face à la famille royale, dans la Grande Salle.

Anthony avait été sommé de partir, prétextant une réunion privée, mais un tremblement de main de la part d'Ariana l'avait fait resté - il attendait sagement sur un banc, au fond, fixant la scène.

Draco avait été sommé de venir l'histoire de quelques instants, pour le prévenir de l'arrestation de son père : il avait décidé de rester dans la salle, chamboulé, assis sur un banc au fond à les fixer. 

-"Alors tu l'as caché durant tout ce temps."

La voix d'Élisabeth s'éleva avec une pointe d'amertume qu'elle ne pouvait cacher, et Albus hocha la tête, quatre pas derrière elle tandis qu'Ariana se sentait bête de foire face à eux tous. Elle se raccrochait au mince espoir de voir de la tendresse dans le regard de William qu'elle avait beaucoup apprécié et qui était désormais son frère, mais il gardait la tête baissé, silencieux.

Elle avait retrouvé sa famille. Elle avait retrouvé sa famille et, pourtant, étrangement, il lui semblait qu'elle se trouvait plus seule que jamais.

-"Approche." lui intima la Reine et elle s'approcha d'un pas, puis d'un autre, approchant son visage pour que la main froide de la femme frôle sa joue.

Son visage se crispa lentement, puis se détendit, ses rides parsemant ses traits semblant soudain s'assoupir.

-"C'est réellement toi."

Ariana tourna la tête vers William, qui s'était approché et avait soulevé ses cheveux d'or pour révéler sa nuque.

Elle avait une tache de naissance, près de ses omoplates, qu'Anthony adorait regarder parce qu'elle avait la forme d'un phénix.

Le visage de William se crispa.

Qu'allait-il dire, qu'allait-il faire qui puisse briser l'étang de glace qui s'était installé entre eux, désormais qu'elle n'était plus Ariana Dumbledore et qu'il n'était plus seulement le prince William Windsor ?

Quelque chose manquait, sur cet étang. Quelqu'un manquait.

-"Pourquoi ne pas l'avoir ramené auprès de la famille royale sitôt qu'elle s'était réveillé de son accident ?"

La main de la Reine lâcha la joue d'Ariana qui retrouva le froid morne de la salle.

Elle se tourna vers Albus qui inclina la tête.

-"A dire vrai, Votre Majesté, je ne savais pas qui elle était. J'étais à Paris pour des affaires, et j'ai eu le sentiment soudain urgent que je devais me rendre sur le lieu de l'accident. Je n'ai fait que récupérer une jeune enfant encore en vie."

C'était faux. Ariana l'avait bien vu, dans son esprit, lorsqu'elle s'était évanouie. Il l'avait sortie de la voiture, lui avait enlevé ses souvenirs et était parti, en ayant pleine conscience de son identité.

Mais elle ne dit rien, ne réfuta pas ses propos. Parce qu'il était Albus Dumbledore et que si mensonge il disait, mensonge devait être dit.

Elisabeth ne dit rien, le toisa de haut en bas, ne cachant pas son scepticisme.

-"Victoria retournera auprès des siens." Sa voix ferme ne laissa pas à Albus le choix de la parole et il se tut, hochant la tête comme un bon sujet.

Elle allait revoir Harry. Allait revoir son père, Charles, son grand-père, Philip.

Allait retrouver sa place.

Le sourire aux lèvres elle sentit la main de William lentement se glisser dans la sienne. Elle tourna la tête vers le jeune garçon qui la fixait, les yeux miroitants.

-"C'est vraiment toi." répéta le petit en se mordant la lèvre inférieure.

Comment était-ce arrivé ? Comment avait-elle pu, elle, Ariana, devenir quelqu'un qu'elle n'était jusqu'alors pas ? Comment avait-elle pu en arriver là ?

Albus s'approcha, le pas lourd, le regard droit, posa sa main sur son épaule et l'enlaça, passant s main dans ses cheveux, l'autre sur ses épaules. Elle ferma les yeux, respirant son odeur, profitant de son étreinte paternelle. 

-"Ne fais confiance à personne." lui susurra-t-il au creux de l'oreille et elle sentit son cœur lentement se glacer, ouvrant soudain ses yeux.

Il recula, souriant, caressant  sa joue tandis qu'elle le regardait hagard, sans comprendre.

-"N'oublie pas d'envoyer des lettres à Abelforth." Son visage boursoufflé se détendit et il recula d'un pas, lâchant sa main.

Elisabeth descendit la première les marches de l'estrade, en ayant fini, et William la suivit, tirant Ariana avec sa main, ne voulant la lâcher de peur que le songe ne s'envole dans la nuit.

En passant devant les bancs Draco se leva, s'inclina et suivit le regard d'Ariana qui eut un rire en le voyant se crisper, restant incliné devant elle.

Puis Anthony se leva, baissa la tête en signe de respect devant la Reine avant d'arrêter Ariana et William.

-"Tu pars ?" demanda le garçon, ayant entendu toute la conversation.

Elle eut un hochement de tête et lâcha la main de William pour attraper celle du garçon.

-"Viens me voir." elle eut un sourire. "Mon adresse est facile à retenir désormais : Buckingham Palace."

Il eut un rire et lui donna une pichenette sur le front.

-"Je n'ai pas l'argent d'aller jusqu'à Buckingham, t'as qu'a venir chez nous, c'est plus petit dont tu risqueras pas de te perdre."

Elle leva un sourcil, sentant ses yeux s'embuer de larmes.

-"Je me suis déjà perdue dans ta cave." fit-elle remarquer.

IL haussa les épaules.

-"Je fermerais la cave quand tu viendras."

C'était bien plus qu'une simple conversation anodine entre un garçon et une fille. C'était une promesse que, malgré tout, malgré eux, ils se reverraient. Qu'elle soit reine, esclave, prisonnière de guerre, qu'il soit pauvre, mendiant, ministre, ils se reverraient.

Elle ne partait pas très loin, à dire vrai. Elle partait chez elle, dans sa famille, avec ses frères et son père, à Londres.

Mais ils leur semblaient à tous deux que cette destination nouvelle et incertaine finirait par être, d'une façon ou d'une autre, mortelle.

Et alors que William la tirait, et qu'avec regret elle lâcha la main d'Anthony qui la regarda partir, elle crut apercevoir au coin de l'œil la chevelure blonde qui la fixait avec un pitié presque vexante.

Peut-être savait-il, lui aussi, quelque part dans son cœur, que tous ne pourraient survivre au périple qui s'annonçait.



|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant