~Fifty-eight

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-"Mère." Victoria attrapa la main de Diana, qui attendit qu'elle parle. "Mère, je crois que nous devrions passer par les Champs-Elysées."

-"Tu préfères les Champs-Elysées ?" Elle sourit. "Nous y passerons demain."

-"Non, mère." Elle insista. "Nous devrions vraiment passer par là."

Diana reposa sa main sur la banquette et soupira.

-"Victoria, nous devons arriver vite pour pouvoir appeler William et Harry. Ils te manquent, n'est-ce pas ?"

-"Harry est trop petit, il ne sait même pas parler." Objecta Victoria. "Quelques minutes de plus ne leur feront pas de mal."

Diana regarda son enfant qui semblait avoir grandi. Quelque chose, dans son regard, l'interpellait. Sans doute était-ce les séquelles d'une magie trop puissante pour un corps d'enfant. Elle caressa sa petite joue, avec tendresse. Elle avait tout faire pour protéger sa fille. Si le monde se dressait contre elle alors elle se dresserait à son tour contre le monde, brandirait ses mains, son courage parce que c'était tout ce qu'elle avait pour protéger une sorcière aux talents inimaginables qui effrayaient sa famille. Mais Diana n'était pas effrayé par son enfant. Elle n'était pas effrayé par la beauté qu'elle dégageait.

-"Retournons aux Champ-" commença-t-elle alors mais soudain, tandis qu'elle fixait la fenêtre, elle la vit : la voiture blanchâtre.

Et certainement, le côté conducteur vide.

Le choc de l'impact. La voiture qui se retourna. La douleur. Les cauchemars qui revenaient en boucle. Ca ne pouvait se finir comme ça. Elles ne pouvaient finir comme ça.

Sans même un seul regard pour Dodi à ses côtés, son être tout entier se tourna vers Victoria dont la tête tombait en arrière et le bras se craquelait sous les débris de verres de sa fenêtre.

-"Victoria !" Hurla Diana de toutes ses forces.

Elle tenta d'attraper son enfant mais soudain elle s'effondra, ses bras sur les jambes de sa fille dont la tête s'était balancé en arrière sous le choc de l'impact des deux voitures.

S'en était fini.

De la princesse Diana, de son petit ami Dodi Al-Fayed, de leur garde du corps Henri, de la princesse Victoria.

Non, en réalité, pas de la princesse Victoria. Elle respirait encore, faiblement, son petit corps se battant pour survivre.

Près de la voiture, une personne apparut mais son visage était flou, lointain, son apparence frêle dans sa veste noire ne faisait aucun doute quand à son jeune âge.

Il s'approcha de la voiture, s'abaissa, regarda Diana et Victoria.

Puis se releva, et disparut.

Ce fut lorsque la silhouette d'Albus apparut dans le tunnel que soudain tout devint noir, comme lors d'une longue et languissante nuit d'été.

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-"Vous aviez dit que ce serait uniquement pour Victoria."

La voix de Charles se fit entendre derrière la chambre de la Reine.

-"Si elles étaient restés ici, je n'aurai pas eu à également apprendre la mort de Diana." Objecta La Reine Elisabeth.

Charles soupira, se massa le nez.

-"Personne ne doit jamais savoir." Dit-il alors. "Personne."

Elisabeth eut un léger rire.

-"Je n'escomptais révéler ce secret à personne, Charles. Il restera entre ton âme et la mienne jusqu'à ce qu'elles brûlent en enfer."

Et, finalement, le petit William partit de derrière la porte, ayant bien vite oublié ce souvenir qu'il ne comprenait pas.

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Ariana releva la tête, s'étant noyé, des milliers de fois dans la pensine noirâtre.

-"Tu vas bien ?"

Anthony attendait, près d'elle, qu'elle eut finit. Il fronça les sourcils, regarda son visage trempé alors que l'eau de la pensine ne mouillait pas. Puis se rendit compte que c'était ses larmes.

Il s'avança, d'un pas mais elle en recula d'un, les yeux dans le vague.

Elle n'était pas encore revenu du monde dans lequel elle était partit.

Elle se tint la tête, elle tournait trop vite, son coeur tambourinait dans sa poitrine, dans ses veines, résonnait dans chacune de ses cellules.

Les souvenirs repassaient en boucle dans sa tête, hantant ses moindres gestes, ses moindres regards.

Ce n'était pas possible. Ce n'était pas la vérité.

Ca ne pouvait être la vérité. Comment avaient-ils pu ? Elle n'était qu'une enfant. Elle était son enfant.

Elle ne pouvait croire que cela puisse être vrai, qu'il y ait eu un monde dans lequel c'était réel.

Tout se chamboulait, son monde se renversait et même ses larmes n'arrivaient pas à correctement couler, se coinçaient dans ses cils trempés.

Elle se recroquevilla, comme une enfant apeurée, dans un recoin de la chambre d'Albus. Anthony ne dit rien, s'abaissa à sa hauteur, posa ses mains sur ses genoux, sans un mot.

Pensait-elle qu'en se cachant ses cauchemars ne la trouveraient pas ? Oui, elle devait fuir. Parce que si elle fuyait elle pouvait peut-être semer la vérité qui avait éclaté.

Quelque chose manquait. C'était évident.

Elle devait simplement aller leur parler. Régler le malentendu. Ils resteraient son père et sa grand-mère. Ils resteraient sa famille.

Oui, elle ne pouvait pas se permettre de tout perdre de nouveau.

Ceux qu'elle avait retrouvés ne pouvaient être ceux qui l'avaient tué.

Son père et sa grand-mère ne pouvaient pas la détester autant que ça. Il devait y avoir une raison, une erreur.

Elle releva la tête, posa ses mains tremblantes sur celles d'Anthony qui restait silencieux.

-"Retournons à Buckingham." Murmura-t-elle avec sa voix brisée. "Maintenant."

Il hocha la tête, avança ses doigts pour essuyer ses joues.

-"Allons-y." Dit alors le garçon et il l'aida à se relever tandis qu'Ariana jetait un dernier regard à la pensine.

|| 𝖒𝖊𝖒𝖔𝖗𝖎𝖊𝖘 || [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant