Quand Joelle se retrouve à la rue un soir d'été, elle ne s'attend pas à devoir partager un loft avec des inconnus, et à ce que ce soit le début de l'un des étés les plus mouvementés de sa vie.
•••
Joelle n'a qu'une seule...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
J'AI APPRIS UNE LEÇON DE VIE capitale l'été de mes dix-neuf ans.
Celle que pour ne jamais rien regretter, tout commencement mériterait toujours une fin que l'on se devait d'autoriser, qu'on le veuille ou non. C'est neuneu, probablement même cliché dit comme ça, mais si j'avais un conseil à vous donner, ce serait bien celui-là. De dire au revoir avant qu'il ne soit trop tard. Et c'est avec cet enseignement, que j'applique désormais sans une once d'hésitation, que je voudrai que débute mon histoire.
Je parcoure difficilement, depuis une bonne dizaine de minutes, les rues de L.A sur mon vélo vert abîmé par les années et les dégringolades. Des crampes affaiblissent mes tendons musculaires.
Le vent chaud, bien que doux, n'arrangent rien à mon malaise. Heureusement qu'à côté, des bruits comme le son des carillons d'autres bicyclettes, le chant des oiseaux, et même celui des gamins enjoués par l'été, diminuent ma voix rageuse intérieure.
Je parque mon vélo sur un arceau et tire mon sac à bandoulière de mon panier. En allant vers The Grove Mall, je l'accroche en diagonale sur mes épaules, et enfonce mes écouteurs dans mes oreilles. Les rayons de soleil sont davantage tapageurs maintenant que je marche. Ils me calcinent le cuir chevelu et ma poitrine caramel vêtue d'un top blanc au col V plongeant.
En sortant de chez moi tout à l'heure, j'ai répondu par l'affirmative à mon actrice du jour lorsqu'elle m'a demandé de lui apporter un crayon noir ou un mascara pour le tournage que je prévois. J'avais juste oublié que je ne me maquillais pas. Voilà pourquoi je dois trouver un Sephora au plus vite.
Comme d'habitude, le quartier est plein, mais pas suffisamment pour que ça en devienne encombrant. Je n'aime pas trop les espaces bondés alors je me sens à l'aise.
Je sors mon appareil photo de mon sac au moment où je m'apprête à franchir le joli petit pont avec des rambardes vertes olive, et des initiales en or gravée The Grove. Des arbres d'un vert flamboyant et des cactus filtrent le soleil tandis que des fleurs jaunes, et des feuilles mortes flottent dans l'eau dormante.
Mon caméscope en mode REC parcoure lentement ce paysage.
Au fur et à mesure, je déplace mon objectif sur le ponceau, où du coin de l'œil, j'ai aperçu une demoiselle de mon âge à peu près tenant la main d'un jeune homme. Elle la laisse aller délicatement pour se mettre à valser en délicatesse sur elle-même. Au rythme d'un cosmo musical inexistant.
J'enregistre ma prise et baisse ma caméra. Je ne la connais pas, mais hoche poliment la tête pour la remercier d'une certaine manière d'avoir enjolivé ma vidéo.
Ses yeux brillent d'allégresse alors qu'elle bondit à ma hauteur avec ses longues jambes de mannequin bronzée. Les lèvres de mon interlocutrice se meuvent en silence. Puis, je tilt et réalise vite que c'est parce que The Nights balafre mes tympans.
