Le Pacte Des Héros | TOME 1 & 2

Chapitre 28

🎵 The Big Aisle - John Runefelt
Juillet, San Francisco

Mes parents ont toujours fait leur possible pour m'inculquer les valeurs de l'amour même s'ils étaient séparés et que ma mère aurait pu détester mon père pour plusieurs raisons. Pour eux, l'amour n'était pas simplement un lien matrimonial, mais plutôt une énergie omniprésente qui relie les cœurs, quels que soient les chemins empruntés. Alors je trouve triste que Marco, comme d'autres millions d'enfants sur cette Terre, n'ont pas pu avoir cette chance de grandir dans un foyer sain.

Autour de la grande table de la salle à manger, une chaleur qui n'existe que sur les couleurs vives des meubles tente de se répandre dans la pièce. Hélas, seul un vent de froideur semble nous étreindre tous. Si ce n'est pas Tutu que nous entendons, ce sont les couverts qui tintent contre les plats.

— Joelle, c'est ça ? demande soudain Madame Welch. Comment ça se fait que tu ne parles pas hawaïen ? Avec ce teint bronzé, je pensais que tu venais de l'ile.

Je ne m'attendais pas à devenir le sujet central autour de cette table. J'essuie ma bouche et réponds poliment :

— Je suis afro américaine du côté de mon père et indienne de ma mère, c'est pour ça le teint bronzé.

— Comment vont tes parents ?

— Très bien, merci...

L'échange devrait normalement se conclure ici, car nous avons déjà épuisés notre taux de courtoisie. Pourtant, en considérant l'absence de mots partagés entre elle et son propre fils, je me sens obligée de rompre cette pause inconfortable et de tenter de rétablir une atmosphère plus correcte.

— On m'a dit que vous vous étiez réinstallé à Hawaï pour de bon. Vous avez retrouvé vos marques ?

— Eh bien, tout va pour le mieux. Il nous faut juste encore un peu de temps pour s'acclimater encore au soleil, avoue-t-elle. C'est comme s'il décidait de faire exploser son thermomètre chaque jour.

— Au moins la mer est là pour rajouter son poids à la balance, répliqué-je.

Elle esquisse un sourire.

— Que fais-tu dans la vie ?

Je commence à m'impatienter doucement...

Pourquoi suis-je le centre de tout cela ?

— Je suis scénariste indépendante.

— Oh, ce sera un plaisir de voir un de tes films à la télé. J'espère que Marco est un soutien infaillible.

Enfin, son regard se balade sur le visage de son fils. Elle hésite. Marco lui, picore sa nourriture depuis le début, son regard ne démontrant rien d'autre que du ressentiment.

— Et, (le regard de Madame Welch revient sur moi), comment vous êtes-vous rencontrés ?

Marco pose farouchement sa fourchette sur la table et darde :

— Si tu t'intéresses autant à ce qui me concerne, adresse-toi à moi directement.

Sa mère a l'air d'être une femme sensible, ses yeux brillent déjà. En le remarquant, son mari joint sa main à celle de sa femme. À deux ils seront certainement plus fort.

— Nous sommes là pour arranger les choses, Marco, déclare sa mère.

— Arranger quoi exactement ? répète le concerné très incrédule. Tu as ramené une machine à remonter le temps ?

— Tu parles comme un gosse, c'est honteux, lâche Monsieur Welch, l'intonation empreinte de critique et de dégout. Tu as quel âge, maintenant ?

Je suis offusquée...