Le Pacte Des Héros | TOME 1 & 2

Chapitre 9

🎵 Smooth Jazz Music
Novembre, San Francisco

Hier, comme tous les soirs depuis plusieurs semaines, je suis rentrée tard à cause du travail et je me suis directement jeté sur le canapé, épuisée et sans une douche. J'ai continué l'écriture de mon scénario, mais je me suis endormie en bout de chemin. Ça explique ma surprise lorsque, fraichement douchée, je rentre dans la chambre à coucher ce matin et découvre que des canettes de bières sont étalées partout sur le parquet.

Je ressors de la chambre pour chercher un sac poubelle. Alex est plongé dans un sommeil profond, elle n'entend ni mes soupirs de frustration, ni même le son agaçant des canettes qui tintent entre elles quand elles rentrent en contact avec le métal de la poubelle. En la parcourant, je me demande comment je vais pouvoir l'aider à régler ce problème d'alcool ou même si je vais réussir...

Une alarme stridente retentit. Ça a le mérite de pouvoir extirper Alex de son assoupissement. Elle jette sa main sur le matelas et le tâte à la recherche de son téléphone. Je m'en saisis et lis sur la même bannière qui affiche l'heure de réveil : séance de rééducation.

— Alex, debout, dis-je en coupant l'alarme.

— Merci, marmonne-t-elle en retombant en plein sommeil.

Dès que j'ouvre les rideaux, la lumière du matin lui occasionne d'autres mouvements confirmant que son esprit lutte entre le réveil et le sommeil.

— Ferme ces rideaux, j'ai mal à la tête, Jo, grogne-t-elle.

— Et je te confirme que ce n'est pas seulement à cause du soleil. Debout maintenant, je suis sûre que Gina va frapper à la porte d'une seconde à l'autre.

Chaque matin depuis l'arrivée d'Alex, c'est le quotidien de notre voisine du cinquième. Elle prend plaisir à jouer les chauffeurs pour Alex, et ce, malgré le mur de Jéricho que la basketteuse impose entre elles.

Je tire des vêtements de ma penderie et les porte en regardant constamment l'heure sur mon téléphone. Des ronflements grondent dans la chambre. Non, mais ! Je me dirige en trombe vers le lit et lui retire d'un coup sec la couette.

— Alexis !

Elle se frotte les yeux avant de les libérer et de les braquer droit sur moi.

— Putain de trouble-fête...

— Dépêche-toi, dis-je simplement en sortant de la chambre.

Alex me rejoint pour prendre le petit-déjeuner une fois qu'elle est propre et habillée. Comme elle est encore incapable de se débrouiller seule pour ce genre de chose, je l'ai aidé à faire sa toilette. On peut dire qu'on aura tout vu l'une de l'autre dans notre amitié. Elle glisse son fauteuil roulant jusqu'à la table basse dans le salon, moi je demeure assise sur une chaise haute à l'ilot central.

— Est-ce que tu fais les exercices que la kiné te donne pour la maison ?

Je pose la question parce que je ne la vois jamais les faires. Même s'il est vrai que je rentre toujours tard ces derniers jours. En réponse, elle opine du chef en commençant à manger et ajoute :

— Je sens de plus en plus ma jambe, remarque-t-elle.

— C'est une bonne chose, non ?

— Ouais.

Pendant un moment où les tintements sont le seul son qui accompagne notre petit-déjeuner, je cogite sur la meilleure manière possible pour aborder son problème avec l'alcool.