L'ATTENTION DU PUBLIC SE DÉTOURNE lorsque nous entamons notre descente des marches. Mon père tente de m'approcher mais je l'ignore et pars vers les toilettes. Le claquement d'une paire de talons résonne derrière moi alors que je suis encore dans le couloir.
— Tu m'avais promis qu'on discuterait.
Je me tourne vers Janelle ; je n'ai pas reconnu sa voix, juste le sujet de conversation que nous avons entamé à l'hôtel.
Elle s'approche.
— Je suis désolée de t'avoir piégé en te faisant croire que ton ami n'était pas mort.
Cela fait trois ans que j'attends ses excuses, le problème c'est que j'ai désormais le sentiment qu'elles viennent trop tard.
— J'étais jalouse de la relation que tu avais avec papa alors j'ai pensé qu'en te faisant le détester, j'aurai pu enfin l'avoir pour moi.
— C'était tordu.
— Parle pour toi, tu as toujours été sa préférée, se défend-elle. Tu ne peux pas savoir ce que ça fait de toujours passer au second plan.
Son interprétation de la situation me contrarie au point que je suis prête à sortir de mes gongs !
— Je suis passée au second plan dans sa vie, Janelle ! m'exclamé-je en me pointant du doigt. Il a été dans ta vie pendant deux décennies, je te rappelle !
— Et sais-tu seulement combien de fois je les ai entendu se disputer à cause de ta mère et toi ?!
Je me fige, le temps de remettre tout en ordre dans mes pensées.
À une période, je me souviens que mon père revenait très souvent à Chicago. Ma mère lui ouvrait la porte pour qu'il passe du temps avec moi même si ce n'était pas ses jours de visites. Mais dès qu'il a commencé à tenter de profiter de la situation pour la voir et pour arranger les choses, elle n'a plus accepté ses visites impromptue.
Je me souviens même qu'une fois, pendant un jour d'école, il est resté sur le palier de la maison jusqu'à la tombée de la nuit. Ce nuit-là, Maman a téléphoné à la mère de Janelle pour lui dire toute la vérité. Ce n'est que là que mon père est rentré dans la maison pour m'embrasser et qu'il est parti.
J'émets un souffle nerveux en secouant la tête devant cette multitude de souvenirs.
— Ils ne disputaient pas à cause de moi, ils se disputaient à cause de l'amour qu'il avait encore pour ma mère, rectifié-je. Papa savait qu'il pouvait me revoir quand il voulait, mais il savait surtout que ça n'aurait plus été le cas pour ma mère car il l'avait perdu pour de bon. Ça, il ne l'acceptait pas.
— C'est ce que je dis, c'est votre faute si ma mère a pleuré chaque nuit alors qu'il lui avait donné la certitude qu'il l'avait choisi elle !
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Le Pacte Des Héros | TOME 1 & 2
RomanceQuand Joelle se retrouve à la rue un soir d'été, elle ne s'attend pas à devoir partager un loft avec des inconnus, et à ce que ce soit le début de l'un des étés les plus mouvementés de sa vie. ••• Joelle n'a qu'une seule...