Quand Joelle se retrouve à la rue un soir d'été, elle ne s'attend pas à devoir partager un loft avec des inconnus, et à ce que ce soit le début de l'un des étés les plus mouvementés de sa vie.
•••
Joelle n'a qu'une seule...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
J'AFFAISSE MON VÉLO contre la clôture en bois de la terrasse, tout juste près des deux portes d'entrées de l'appartement de Sally. Je saisis ensuite mon tote et mon sac de pâtisserie dans le panier de la bicyclette, et m'en vais cogner au battant de la cuisine. Tallulah m'ouvre.
— Coucou ! me salut-elle.
— Salut.
Je souris courtoisement et m'infiltre dans le loft qu'elle se charge de refermer. Je pose ma participation pour le grignotage sur le comptoir. Le garde-manger de Sally est plein mais j'avais quand même besoin de contribuer à quelque chose.
— J'ai pris des scones à la boulangerie, déclaré-je. Tu aimes ?
— Oh, super ! Je peux en goûter ? me demande-t-elle en tirant le paquet vers elle.
— Oui.
Je retire mes chaussures et les dépose sur le paillasson à l'entrée de la cuisine. De l'autre côté, Tallulah a les coudes appuyés sur l'ilot central, elle est déjà en train de croquer dans un scone.
— Sally est là ?
— Non, vous vous êtes ratées de peu. Elle est sortie diner avec des amis du boulot.
— Ah...
Hier, j'étais tellement anxieuse que je me suis promenée toute la soirée après le boulot, simplement pour éviter de la croiser chez elle. Oui, c'est puéril, je le sais. C'est pourquoi je suis rentrée à l'heure aujourd'hui, pour être une invitée courtoise et civilisée. En plus de ne plus avoir envie de vadrouiller sans but.
— Ils sont bons ?
— Excellent ! Tu n'en manges pas ?
— Non, j'en ai déjà pris en chemin.
— Plus pour moi, alors, réplique-t-elle frivolement en haussant les épaules.
— Et Sally, rectifié-je gentiment, les lèvres plissées.
— Éffidemment, articule-t-elle difficilement la bouche pleine.
Tallulah s'empare de quelques-uns des scones avant de s'en aller dans sa chambre. Quant à moi, je rejoins le séjour et m'assois sur le canapé. Je sors mon PC de mon sac à bandoulière et l'ouvre, pour commencer à travailler sur les montages de mes deux dernières vidéos.
Avec le nouveau statut de sans domicile fixe qui m'est tombé dessus la nuit dernière, je n'avais pas la tête à vibrer de ma passion. C'étaient les prémisses d'une future déprime qui n'a pas duré très longtemps heureusement, puisque je m'en sens maintenant d'attaque.
J'ai la curieuse sensation que tout va bien dans ma vie ces dernières vingt-quatre heure. Je ne saurai mettre le doigt sur les raisons de mon soudain état de bienêtre, mais quoi qu'il en soit, l'effet dopant des jolis et doux rayons de soleil qui s'immiscent dans le loft accentuent avec certitude cette émotion.
