Chapitre 21

15 3 0
                                    

🎵 Farewell, Farewell - Fairport Conventionc
Mars, San Francisco

C'est le premier jour du printemps, et avec cette saison, nait une nouvelle Joelle, aux antipodes de la personne renfermée émotionnellement que j'étais avant de consulter une thérapeute. Je ne prétends pas avoir radicalement changé. Je cohabite juste mieux avec les souvenirs de mon passé et mes émotions.

Quand j'arrive presque devant la porte de mon bureau, j'aperçois la silhouette d'un homme. Une barbe de trois jours contourne ses mâchoires. Il tourne en rond à l'extérieur, comme impatient.

— Bonjour, je peux vous aider ?

— Oui, j'attendais que Ben arrive pour m'ouvrir la porte. Je dois faire quelque chose pour Mabel.

— Vous êtes là pour Madame Norwood ?

— Oui, répond-t-il.

C'est bizarre, d'habitude elle me dit qui elle attend en rendez-vous. Je triture le trousseau de clé pour trouver la bonne.

— Mabel ne viendra pas aujourd'hui en fait, m'apprend-il.

— Ah oui ? Pourquoi ? demandé-je sincèrement intriguée. Il me l'apprend, ça aussi.

— Elle est allée aux urgences ce matin. Une gastro coriace, explique-t-il en grimaçant.

— Oh...

Je me dis que je vais lui envoyer un mail plus tard, pour lui souhaiter un bon rétablissement.

— C'est mon épouse, m'apprend-t-il. Je suis rentré d'un séminaire ce matin, mais je dois déjà me remettre au travail pour ma petite femme. Elle m'a demandé de venir jeter un coup d'œil à son ordinateur. Je suis informaticien.

Pourquoi me raconte-t-il toute sa vie privée... Je me contente de plisser poliment les lèvres et de rentrer la clé dans la serrure.

— Vous voulez peut-être attendre à l'intérieur ? proposé-je.

— Seulement si ça ne vous causera pas de problème, blague-t-il.

Je pousse la porte, rentre et invite l'inconnu à faire de même. Ces derniers temps, j'arrive très souvent tôt. Parfois, je suis même la deuxième après Mabel – dans le bureau que je partage –, et je pars la dernière. Je comprends mieux pourquoi il attendait dehors si elle malade. Elle est presque toujours là à l'heure.

L'homme essaie d'ouvrir la porte du bureau de Mabel mais il est confronté à un échec. Embarrassé, il retrousse les lèvres et range les mains dans les poches.

— Euh, attendez...

Je cherche encore la bonne clé parmi les deux clés, puis je la rentre dans la serrure. Je suis sûre que comme c'est son époux, elle ne verra pas de grand inconvénient à ce qu'il soit dans son bureau.

— Merci, dit-il en rentrant dans l'office de Madame Norwood.

Il balaie la pièce d'un regard curieux, c'est presque comme s'il la découvrait pour la première fois. Au moment où je vais m'en aller, l'homme racle la gorge et coule un regard à l'ordinateur, une manière de m'interpeller. Mince, j'avais déjà oublié ce pour quoi il était là.

— Elle ne vous a pas donné les codes d'accès ?

— J'ai commis l'erreur de les noter sur la paume de ma main.

Là, ça devient tendu. Je ne peux pas lui donner les informations secrètes de ma patronne. Et si ça me portait préjudice pour une raison insoupçonnée ?

— Si vous permettez, je vais d'abord lui écrire un message.

Son impatience remonte d'un cran. Il ne dit pourtant rien pendant un temps. J'ai le temps d'écrire et d'envoyer le SMS.

Le Pacte Des Héros | TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant