Chapitre 23

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Mars, Carmel-by-the-Sea

Quand j'ouvre les yeux ce matin, j'ai l'impression d'être encore en plein milieu du plus beau rêve de ma vie. Il me faut observer Marco pendant une infinité de secondes pour réaliser qu'il est bien là et qu'il ne bougera plus.

Je quitte le lit, planant sur un nuage. Le soleil de midi s'infiltre dans la chambre, à travers les rideaux. Je décide de ne pas les ouvrir pour ne pas déranger Marco dans son sommeil. J'appelle la réception pour leur demander une autre serviette propre et si possible une brosse à dent.

Puis, je fais ma toilette complète.

De retour dans la chambre, sans jamais me dégager de la serviette recouvrant mon corps, je me vêts d'une robe portefeuille moulante. Le matelas commence doucement à couiner. Je me tourne dans la direction du lit. Marco se réveille. Et ses prunelles éclatantes de bienêtre me détaillent.

— Je t'ai laissé une serviette et une brosse à dent dans la salle de bain.

Il croise ses bras sous sa nuque et me retire son regard pour regarder le plafond. Il se mord la lèvre, avant d'essayer de combattre son envie de sourire.

— Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? demandé-je.

— La vie, répond-il en se levant du lit.

En me surpassant pour sortir de la chambre, sa main cajolent ma taille. Je frémis, avant de moi aussi finir par laisser pendouiller un sourire sur mes lèvres. Peut-on retomber amoureuse alors que l'on aime déjà quelqu'un ? Si oui, bon sang, alors je suis en train de tomber une nouvelle fois !

Je m'installe sur la terrasse de la chambre en travaillant sur un scénario. L'effervescence est mon allié, jusqu'au moment où, sans crier gare, je me rappelle que j'aurai dû être en train de travailler sur mes tâches professionnelles pour Cartoon Craft. Un poids grandit dans mon ventre et me tire au plus bas.

Bon sang.

Un si grand malheur pour une minable erreur de jugement.

Je décide de fermer mon PC et de m'accouder aux balustrades. Le soleil est au rendez-vous, et juste en bas, sur les chaussées, je peux voir des hommes et des femmes en tenues professionnelles. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça de regarder le paysage. Je pousse un long soupir sans parvenir à retenir le râle de colère qui poind.

— Joelle ?

— Sur le balcon...

Je m'assois sur l'un des fauteuils et lève la tête vers l'entrée de la terrasse. Marco y apparait, vêtu du bas de son pantalon de costume. Sa chemise blanche est ouverte. Il est en train de la boutonner tranquillement.

— Je dois rentrer chez moi mettre des vêtements propres, il faut que j'aille travailler. Je serai de retour cette après-midi, m'apprend-il en s'approchant. Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Je suis au chômage et ma vie n'a plus aucun sens.

— C'est assez défaitiste et radical, non ?

— Un peu...

Je me lève et me poste près de la balustrade à côté de Marco. Nous regardons tous les deux du côté de la route.

— Mabel, mon ancienne patronne, a lu un des scénarios que j'ai écrits, et son avis est : « nul. »

— Elle a vraiment dit ça ?

Bon... Je lève mes yeux vers Marco qui arrange les manches de sa chemise, les lisse et essaye aussi d'enlever les peluches qu'il y trouve.

Le Pacte Des Héros | TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant