Quand Joelle se retrouve à la rue un soir d'été, elle ne s'attend pas à devoir partager un loft avec des inconnus, et à ce que ce soit le début de l'un des étés les plus mouvementés de sa vie.
•••
Joelle n'a qu'une seule...
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CETTE MÊME NUIT, après la soirée cinéma à Venice, Tallulah, Alex et moi campons dans la cuisine. Personne n'arrive à fermer l'œil parce que Sally n'est pas encore rentrée. L'horloge aux bordures bleues sur le mur de la cuisine annonce deux heures et demie du matin. Et ce qui rend son absence encore plus inquiétante, c'est qu'elle ne décroche à aucun de nos appels.
Soudain, ça cogne à la porte une fois avant qu'elle ne s'ouvre, soulevant nos cœurs de soulagement. Hélas, dès que la silhouette de Randall apparaît, la pression reprend le dessus. Encore une fois. Il balaie la pièce d'un regard lent, vide et fatigué.
— Elle n'est toujours pas rentrée ?
— Non, réplique Tallulah.
Il soupire.
— Alors, aucune d'entre vous n'a le contact de son mec ? Il me regarde en particulier maintenant, et précise : Joelle, elle te dit tout.
Mon cœur tressaute de trouble ; à présent, j'ai l'impression que le poids de l'attitude inconsciente de Sally s'abat sur moi.
— Je n'ai pas pensé à le lui demander.
Et j'aurai dû.
Putain.
— Elle me parle aussi, commente Tallulah.
— Tu sais où elle est ? l'interroge alors Randall.
Randall ne l'a pas remarqué, mais lorsqu'elle a parlé la première fois, elle a plutôt ronchonné dans sa barbe avec ennui. Je crois qu'elle l'a vu comme une compétition, elle ne cherchait pas à intervenir avec une nouvelle piste.
— Au cinéma, réplique-t-elle simplement.
Tout le monde le sait. Randall arrache sa considération à Tallulah sans piper mot, et expire encore, las.
— Je vais devoir en parler à Landon. On ne peut pas garder ça pour nous. S'il lui est arrivé quelque chose, sa famille ---
Soudain...
— Pourquoi la porte est ouverte ?
Certains d'entre nous sursautent, d'autres comme Randall ferme les yeux. Ses lèvres se retroussent. Je crois deviner pourquoi. Il nous a dit plus tôt qu'il n'avait pas envie de la croiser.
— Parce qu'on attendait que tu rentres saine et sauve, tiens ! la grondé-je, agacée, en me levant.
— On t'a laissé au moins une bonne quarantaine d'appels manqués, lâche Alex à la suite.
Randall rouvre les yeux et se tourne. Sally et lui n'échangent qu'un regard d'une seconde avant que chacun ne se décale dans le mauvais sens. Mon amie d'enfance essaie encore, et cette fois, grâce à Randall qui n'a plus bougé, il passe librement. Il lance un « bonne nuit » collectif sur son passage, lequel je sais s'adresse seulement à Tallulah, Alex et moi.
